mercredi 22 novembre 2006

B.A.B.E.L. sur mer

Il n’y aura donc jamais de fin ?

Il faut déménager, qu’il nous avait dit, vous ne pouvez pas rester là.

Nous en avions traversé pourtant, des déserts, des montagnes, des mornes plaines.

Mamie voulait voir la mer en regardant vers l’ouest, alors évidemment quand on habite Vladivostok le trajet est un peu longuet. Et quand j’écris voir je me comprends.

Toutes les idées que nous avions tentées pour échapper au piège avaient été rejetées, pas folle Mamie. Nous avions bien envisagé de l’amener sur un île en face, ou de l’autre côté d’un golfe clair, ou encore traverser une petite mère, je ne sais pas moi, mer de Chine, mer du Japon, mer de Corée, il n'en manque pas par ici en tout cas. Enfin là-bas, maintenant que tout est fini.

Refusé, Niet, Mamie voulait défier l’océan le vrai en regardant se coucher le soleil droit dans les yeux, elle voulait s’asseoir dans sa maison et, sans bouger, entendre le mugissement de six mille kilomètres de houle venue de l’ouest.

Il faut vous dire que Mamie était arrivée de loin déjà pour habiter avec Papi à Vladivostok, ou plutôt un petit village de pêcheurs situé à quelques verstes au Nord de la ville grise à la gare très littéraire. Pour elle, vivre ici était le paradis, le midi, le pays chaud. Elle était bien avec son Mandchou de mari, Sancho au sang chaud et pas manchot, qui avait pour elle des attentions d’italien du Gargano.

Elle n’avait jamais regretté son pays natal Inuit bloqué dans le permafrost.

Sancho ? Le père du mari de Mamie, mon aïeul, était le traducteur en Mandchou démotique de Cervantès, c’est tout. Vous avez d’autres questions ?

Puisque nous en sommes aux confidences, je vais révéler un lourd secret qui a déjà été éventé, la chose n’étant plus nouvelle aujourd’hui. Mamie s’appelait Lamia: ce qui en Inuit de son village natal signifie Alouette qui rit dans le soleil. Sauf que personne là-bas ne savait ce qu’était une alouette, frileuse la bête, ni ce qu'était le soleil, jamais levé l’animal. Elle détestait ce prénom qui ne lui disait rien et avait préféré se faire appeler, depuis son arrivée à Vladivostok, Lam.

Les enfants petits, dans leur langage mal dégrossi, l’appelaient Laminuite.

Ben voyons.

Photo n°1 de RhP :

http://www.flickr.com/photos/rh-p/237871938/in/set-333561/

Nous avons donc chargé la maison et tout le fourbis sur Laminuite, et nous avons fait notre croisière jaune à l’envers pour aller voir la mer. Nous avions peu de choses et mamie savait parfaitement comment se déplacer avec.

Vous dire pourtant que ce fut facile serait mentir ; en comparaison, la croisière jaune à l’endroit avait été une partie de campagne. Mais voilà, nous y sommes. Nous avons rapidement reconstruit la maison, juste face à la mer, au milieu des herbes étranges qui poussent là où rien ne devrait pousser, et qui fouettent les mollets des enfants coureurs, et d’autres coureurs mais ce ne sont pas leurs mollets qu’elles fouettent.

Soudain, le Directeur du camping voisin a surgi, les yeux bleus étincelants et le bronzage épidermique. Il a dit qu’il s’appelait Patrick, j’ai oublié le nom d’après mais il était oubliable, et il nous a demandé de, comment a-t-il dit déjà, foutre le camp. C’est lui qui l’a dit, hein, pas moi, alors je répète, je n’ai pas l’habitude d’inventer des choses qui ne seraient pas exactes. Sans doute craignait-il je ne sais quelle concurrence, lui qui venait d’installer des sanitaires tout neufs conformes à la norme énorme.

Vous ne pouvez pas rester là, vous devez déménager, qu’il a dit.

Impossible de lui faire comprendre l’histoire, il ne voulait rien entendre. Il était peut-être un peu sourd, à cause du nom oubliable je pense. Heureusement mon cousin qui tenait de son papi a su le charmer de ses discours sur les moulins à vent et lui a tenu la manche assez longtemps pour nous permettre d’installer Mamie sur son trône flamboyant.

Pendant une heure, une heure durant, une heure seulement, bis repetita placent, elle a pu écouter la houle de six mille kilomètres tombant en grève. Comme elle était aveugle, elle n’a pas remarqué que nous n’avions pas mis la porte du bon côté.

Il n’y aura donc jamais de fin ?

Ici, il devrait y avoir une seconde photo de RhP:

http://www.flickr.com/photos/rh-p/250701877/in/set-333561/


Ecrit le 21 novembre 2006; mis en blogue le 22 novembre 2006.


Ce billet est une copie après destruction du même qui présentait des anomalies (à la suite des tentatives de créer des liens vers 2 photos de RhP). Les commentaires ont donc été détruits (pardon Marie, pardon Akynou).

En voici le copier-collé, inséré dans le texte du billet nouveau, avec une nouvelle tentative de mettre les lien des photos.

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4 commentaires:

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Marie a dit...


Et tout ça à partir d'une photo ... dieux ! quelle imagination - que viennent-ils faire dans l'histoire ? ils devaient être plusieurs pour pousser. C'est magnifique, j'y ai cru.


22 novembre, 2006 20:19

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akynou a dit...



C'est à la fois très joli, plein d'humour et en plus, tu as fait comme moi, tu as utilisé les deux photos. Bravo :-)

Tu as récupéré une connexion correcte ?



23 novembre, 2006 10:31

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akynou a dit...


C'est dommage que tu n'aies pas mis les photos… On aurait mieux compris certains jeux de mots. Notamment sur le surnom de la baba. Je les placerai malgré tout sur le blog de jeu, puisque c'est le jeu :-)

@ Marie : à partir de deux photos!

23 novembre, 2006 10:33

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andrem a dit...

Les photos, j'ai fait plusieurs tentative de les copier-coller, puis de les lier, et je suis presque devenu fou allié et aliéné dans l'Allier.

Alors je demande pardon à RhP que j'ai réussi à délier, et je remercie Akynou de mettre les photo dans le report du texte dans sa salle de jeu.

23 novembre, 2006 18:09