vendredi 22 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - Mon ami mon frère. #‎10/10.‎

Mon ami mon frère. 10/10.



Il reste un point qui attendait l’occasion de sortir depuis un bon moment, depuis le début en réalité. Je suppose qu’il aura été soulevé avec vigueur, et force points d’exclamation, bien avant que je diffuse ceci ; il y a des rois du point d’exclamation ; j’aime mieux le point-virgule, mal aimé.



Nous y voici.



La compassion, le pardon, l’oubli de la faute, l’absolution des péchés. La priorité des vivants sur les morts. La nécessaire reconstruction. De bien beaux mots, de beaux clous pour un beau pilori.

Lorsque je rends visite à mon frère ou à mon ami en prison sur qui hurlent les loups parce que c’est tellement plus facile, et même s’il n’est ni frère ni ami, il sait ma compassion et il accepte la cigarette que je lui tends comme dans la chanson. Mais il sait aussi mon jugement parce que je l’ai dit en face, au coin d’un bois ou d’un écrit. Il faut qu’entre lui et moi ces choses là soient dites, sur toutes les agoras du monde.

Sinon, comment peut-on, un seul instant, imaginer reconstruire quoi que ce soit ? Il nous appartient de lui tenir le miroir, sans complaisance, en disant : voilà ce que tu es, voilà ce que tu as fait, voilà ce que j’en pense. Alors tu prends la pelle et la pioche, et tu recommences ton château de sable ou ton château en Espagne, et tu as intérêt qu’il soit plus beau et plus haut que celui que tu as cassé, sinon je me tire sans me retourner.

Parce que c’est ainsi seulement que la mort n’aura pas été inutile, et qu’elle aura, au moins provisoirement, perdu la partie contre la vie. On m’a déjà reproché de cracher sur des tombes. Je ne sais pourquoi et je ne sais plus qui et je ne sais lesquelles.

Ce ne peut pas être une consolation, mais j’ai bien peur de ne pas être le seul.



Envoyé le 25/11/2004 vers 18h10.

Dédié à Marie Trintignant.

FIN.

mardi 19 décembre 2006

‎HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - L’inégalité heureuse.‎ #‎9/10.‎

L’inégalité heureuse. 9/10.

Un combat est en cours, loin d’avoir abouti mais alors vraiment très loin, pour remédier à la domination de l’homme sur la femme. Droits, salaires, statuts, hiérarchie, de petits progrès en conquêtes symboliques, le long chemin à parcourir se parcourt.

Mais on ne pourra jamais, sauf mutation improbable comme celle imaginée par l’ami Claude, rendre la moyenne statistique des femmes aussi forte que la moyenne statistique des hommes, face à la violence du geste. Je ne suis pas dans patience et longueur de temps, je suis dans hic et nunc, pour couper court aux objections qui frétillent.

Ainsi, on ne peut pas supprimer la physiologie, on ne peut pas décréter la disparition pure et simple de cette inégalité là. Elle est trop, comment dit-on déjà, naturelle. Il nous faut donc la surmonter ; il faut transformer en atout ce qui serait une faiblesse, en privilège ce qui serait une injustice. On pourrait dire, par exemple, qu’il y a complément, au lieu de prétendre à une confrontation.

Facile à dire. Mais bien obligé de faire, car on sait, Marie en est la preuve, que l’affrontement physique est victorieux à sens unique, donc inique.

On va me déverser d’autres formes d’inégalités tout aussi naturelles et qui vont profiter aux femmes, tout arrive, et qui vont compenser, dans une sorte de bilan énergétique ridicule, l’avantage que donne à l’homme sa violence. Je ne les cherche pas, ces inégalités là, mais vous saurez mieux que moi les sortir de votre besace. Mettons qu’il y en ait.

Désolé, ces inégalités là n’ont pas à intervenir, vous pouvez vous les remettre dans la besace. Ou plutôt, elles doivent être vécues comme j’aimerais que soit vécue celle dont nous parlons, comme un commencement de complémentarité. Toutes devront se transformer en différences nécessaires et profitables, l’une après l’autre, sans interférer entre elles. Différences plutôt qu’inégalités, comprenez-vous ?

Pour en finir, il me vient un doute philosophique, vous en ferez ce que vous voudrez : j’ai bien l’impression que le monde animal lui-même nous donne une leçon : la domination du mâle sur la femelle y est-elle vraiment la règle ? Alors il n’y a pas d’égalité qui tienne, et l’homme a le devoir inégal et absolu de taire sa force instantanée. Comment non ?

Nous en reparlerons le jour où autant d’hommes mourront sous les coups de leur femme, que de femmes.



Premier envoi en ligne le 24/11/2004 vers 14h39.





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vendredi 15 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - Les adultes.‎ ‎#8/10.‎

Les adultes. #8/10.

Plus sérieux encore est l’argument des adultes. Voici venir des avocats plus coriaces.

Ils sont adultes, disent ces avocats là, égal à égal, l’un comme l’autre bourré, l’un comme l’autre amoureux. Bourré, amoureux, on l’a déjà dit. Adultes égaux, voire. Examinons.

L’un comme l’autre fort ou faible, prétendent-ils ces avocats malins, elle aurait frappé de même, avec le même résultat. Je l’ai entendu cet argument, il faut bien que je m’en occupe. J’ai plusieurs fois croisé Marie ; je suis nettement plus gros qu’elle, mais plus petit aussi. Je ne suis pas sûr que j’aurais eu le dessus dans un pugilat. Seulement voilà, nous ne sommes pas aux Jeux Olympiques, et la question n’est pas de savoir qui va gagner la médaille. La question n’est pas de savoir qui aurait pu, peut-être, frapper à la place de l’autre. La question est de savoir qui a frappé et qui est mort.

Ce n’est un secret pour personne que, en moyenne et au physique, l’homme est plus costaud que la femme. La règle s’applique aussi en remplaçant homme par mâle et femme par femelle. Toutes les sociétés de tous les temps se sont construites sur cette statistique animale, en instituant, à tord ou à raison c’est un autre débat, des mécanismes de protection physique de la femme par l’homme.

Ces sociétés en ont profité, tant qu’à faire, pour ajouter à la protection des mécanismes de domination sous prétexte que l’un ne va pas sans l’autre. Presque toutes les sociétés, et presque tous les animaux, je me méfie, des historiens et des zoologues très émérites sauront bien me contredire, trouver des contre exemples. Alors, pas fou, je dis presque et je parle de statistique.

Premier envoi en ligne le 24/11/2004 vers 10h32. #9/10 à suivre.

mercredi 13 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - L’animal, le retour.‎ ‎7/10.‎


L’animal, le retour. ‎ #7/10.





Il y aurait beaucoup à dire sur l’animalité.



J’en fais ici une sorte d’état initial, originel, infantile ; est-ce bien raisonnable ? Et ne serait-ce pas un mauvais procès fait aux animaux ? Il me faut poursuivre sans trop me disperser, alors je garde cette animalité là comme repoussoir, une allégorie de l’infâme ; je demande que le règne animal me le pardonne ; je promets que pour marquer notre péché originel, je trouverai un jour autre chose que vous autres, bêtes féroces et innocentes.



Ne me faites pas dire que les aboiements d’insultes et les discours humiliants sont légitimes, permis, tolérables, et tant qu’on y est souhaitables on ne prête qu’aux riches ; aucun ne l’est et sous aucun prétexte. A répéter cent fois. Tant qu’il s’agit de mots, nous restons humains, pitoyables et ridicules peut-être, mais la gangue originelle ne se referme pas encore. Disputes, cris, éructations, invectives nous laissent exsangues, mais humains.



Alors, voilà, chers Maîtres. Il n’est pas d’argument de colère amoureuse qui tienne devant un seul coup de main, ou de pied.



Premier envoi en ligne le 23/11/2004 vers 14h51. # 8/10 à suivre.

mardi 12 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - Le verbe et la chair.‎ #‎6/10.‎

Le verbe et la chair. 6/10.

Le désir, la possession, la domination, la soumission, la dépendance, ont parfois l’apparence et l’odeur de l’amour. Ils en sont le simulacre, ils en sont parfois le tremplin, ils en sont souvent le tombeau.

Ils ne pourront jamais être de l’amour. Une fois l’envol pris, il faut oublier tout ce fatras, et construire à petit feu ce que sera la vie à deux, tant qu’on sera d’accord pour le faire, deux jours, deux mois, deux ans, deux siècles. Si vous me le permettez, je vais sortir le désir de ma liste des simulacres, il ne fait pas partie du fatras : il servira pour faire durer le plaisir.

A l’instant même où l’on frappe celle qu’on aime, on a cessé d’aimer, à supposer qu’on l’ait aimée avant.

Il s’agit bien ici de frapper. Il s’agit bien ici de gestes, mouvements de bras, du poignet, de la jambe, de la tête. Il s’agit bien de violence physique. S’il vous plaît, pas d’amalgame avec la violence verbale. Non qu’elle en soit disjointe, ou qu’il faille l’ignorer, ou qu’il faille la glorifier. Sûrement pas, mais il y a dans le verbal comme une forme d'égalité, si la violence peut s'accommoder de cette concession. A armes égales, disent les duellistes.

La vie de couple amoureux, hachée ou quotidienne, n’est ni tranquille ni douillette. Mais j’ai invoqué ce rêve fou de se séparer du monde animal ; si on veut imaginer le caresser un jour, il faut en rester au verbal.

Les animaux le savent qui se miaulent dessus pendant des heures sans jamais se toucher, on n’arrive même plus à dormir avec ce vacarme.





Premier envoi le 22/11/2004 vers 19h12. #7/10 à suivre.


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vendredi 8 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - L’animal et l’exigence.‎ ‎5/10.‎

L’animal et l’exigence. 5/10.

Que ce jour là je suis retourné à mon état animal d’où cet amour aurait dû me faire sortir, une régression pour une transgression ; qu’en réalité je n’aimais pas, on pourra donner tous les noms qu’on voudra aux pulsions qui me rendaient cette femme indispensable, mais d’amour point ; qu’elle seule probablement m’aimait d’un amour sans retour et soudain devenu sans espoir.

Consciemment ou non je suis trop maladroit pour le savoir et trop prudent pour le dire, elle avait voulu vérifier que j’aimais ou que je n’aimais pas. Pour être servie elle a été servie, mais il lui fallut encore six mois pour se décider à partir, c’est dire qu’elle m’aimait.

Quoi qu’elle ait dit ou fait, bien sûr je ne me souviens de rien, je n’avais pas à la frapper. Je suis aujourd’hui très ferme sur cette certitude, j’en ai peu mais en voici une : aimer exige d’être capable d’accepter sans coup férir ce que dit ou fait celui ou celle qu’on aime, aimer exige d’accepter qui il est, qui elle est. Aimer est d’abord une exigence.

Premier envoi le 19 novembre vers 19h43. #6/10 à suivre.

mercredi 6 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - Ma gifle.‎ ‎4/10.‎

Ma gifle. #4/10.


Il y a des arguments plus sérieux. L’argument de la colère amoureuse en est un. Examinons.

Il existe dans l’agora un recoin ensoleillé avec une jolie fontaine au milieu, consacré à l’amour. Qu’est-ce qu’aimer, est le nom de ce recoin. On se groupe autour du murmure du jet d’eau, et chacun y va de sa définition, de son vécu, de ses peurs et de ses espoirs, avec tendresse, maladresse, émotion, poésie, voire cynisme. J’aime bien écouter la rumeur de cette place là et je n’ose pas trop y parler.

Tout le monde sait bien qu’on ne trouvera jamais de réponse à la question, il y a autant de réponse que de répondeurs. On peut cependant y échanger ses aventures, raconter ses expériences, montrer ses blessures, dévoiler ses cicatrices, chacun devient un peu voyeur et un peu exhibitionniste, puis tout le monde repart en allant mieux.

Alors je fais de même : j’exhibe.

Moi aussi j’ai transgressé ; j’ai frappé une femme que j’aimais, une seule fois une seule gifle, en plus elle avait tout fait pour m’y conduire. Que dire d'autre, une fois la colère et le temps passés ?

Premier envoi le 19/04/2004 vers 15h30. #5/10 à suivre.

mardi 5 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - Circonstance atténuante.‎ ‎3/10.‎

Circonstance atténuante. #3/10


C’est curieux comme dans ce monde de musique et de radio on s’est mis, enfin moi surtout, à parler hommes et femmes. Ce n’est pas si impertinent qu’il paraît, et au moins on ne viendra pas me refiler de l’humanisme long comme le bras, mot boulet qui permet de se donner de grands airs en ne disant rien. Leur humanisme, les grands airs peuvent se le garder, il pèse lourd mais il est vide.

Où en étais-je ? La route poudroie, de grands bras s’agitent et les manches virevoltent, les noirs corbeaux sont dans la plaine.

Je vois débarquer à pleins poumons les avocats de la défense. Les débutants sont en tête, plus jeunes ils déclament plus vite. Ouais, disent les avocats de la défense, le pauvre garçon était bourré, que dis-je, il était shooté, et la fille aussi d’ailleurs. Chers Maîtres, vous me voyez content d’apprendre que les actes commis sous le coup de la boisson ou de la drogue sont moins graves.

Vous avez raison, Chers Maitres, d’ailleurs la prochaine fois que j’écrase un passant avec mon catxcat, souvenez-vous que j’ai un catxcat j’ai parfois tendance à l’oublier je suis si distrait, je dirais ouais monsieur l’agent je suis bourré et drogué, et pour faire bonne mesure je lui montrerai les trous d’aiguille dans mon bras. Quand on parle à un agent ou qu’on est avocat débutant, on dit ouais.

Si de surcroit le passant était bourré aussi, je repartirai sans encombre tuer quelqu’un d’autre avec mon catxcat.

Je vous rassure, je bois et je fume comme tout le monde, et mes habitudes sont ainsi faites que je rentre parfois chez moi après avoir bu. Il faudra un jour changer ces habitudes, on le dit, mais on en est loin du moins par chez nous. Si malheur arrive pendant le retour, rien ne pourra excuser que je sois la cause du malheur, ni fumée ni alcool, il n’est habitudes culturelles qui tiennent, et les juges auront raison de me pilorier.

Premier envoi le 18/11/2004 vers 16h49. #4/10 à suivre.

lundi 4 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND - La transgression philosophique.‎ ‎2/10.‎

La transgression philosophique.‎ ‎#2/10.
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Tant que j’en dispose, je revendique ma liberté de juger qui je veux au nom de moi-même, et je n’ai aucun besoin d’estrade. D’égal à égal suffira, les yeux dans les yeux, tout comme pourra le faire à mon égard celui qui me fait face. Pas de robe noire, pas d’apparat ni de boiseries. Juste lui et moi, au coin d’un bois ou d’un écrit.

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De ce jugement là ne sortira aucun pilori, aucun lynchage. Je dirai à celui qui me fait face tu as bien fait si je juge qu’il a bien fait, ou tu as mal fait si je le juge ainsi, et nous sommes bien dans ce dernier cas ; il se peut alors que je lui tourne le dos. Je ne me priverai pas de ma liberté de dire que je juge qu’il a mal fait, et de tourner le dos. Non pour hurler avec les loups, mais parce que ma petite loi au fond de moi me rappelle, et doit lui rappeler, qu’il a transgressé un fondement de l’espèce, un de ces fondements dont nous rêvons qu’il pourrait nous extraire de notre animalité. Rêve insensé, je sais. Mais ne jamais y renoncer, à ce rêve.

Non, je ne pense pas au meurtre ; le meurtre n’est pas la transgression qui me préoccupe ici, bien qu’il s’agisse aussi de fondement de l’espèce. Mais le meurtre a fait l’affaire des messieurs très importants de tout à l’heure, les juges, ils ont réglé la question comme ils ont voulu et je ne vais pas y revenir. De quoi s’agit-il, alors ?

Il faudrait se lancer dans des considérants considérables, pour distinguer ce qui doit l’être, séparer les lois de la société des lois de l’espèce, séparer le travail du juge de celui de l’humain qui regarde. Je suis l’humain qui regarde et je juge au seul nom de moi-même en tant qu’humain. Je m’occupe de la loi de l’espèce, non de la légalité. Tuer est contraire à la loi de la société, illégal donc, fût-ce accidentellement, et le juge ne s’y trompe pas qui condamne avec force verrous et barreaux. Tuer est aussi en soi enfreindre la loi de l’espèce, mais dans une moindre mesure surtout lorsque c’est accidentel.

Mais tuer une femme lorsqu’on est homme est une transgression fondamentale. Il n’est accident qui tienne lorsque la mort a été précédée de violences.

La transgression fondamentale est la violence faite par un homme à une femme qu’elle soit meurtrière ou non, parce que, meurtrière ou non, la violence est toujours intentionnelle. Chacun peut arrêter la mécanique infernale pour peu qu’il garde ses yeux ouverts et sa vigilance vivace. Vous me présenterez d’autres sortes de violences et nous pourrons débattre savamment de ce qu’elles sont fondamentales ou non. J’écris ici sur celle-ci : la violence de l’homme faite à la femme ; ne me sortez pas de mon ornière, je n’ai pas fini le chemin.

Je ne perdrais pas mon temps ni le vôtre avec cette affaire si l’homme avait frappé et tué accidentellement ou non, un autre homme. Les juges sont là pour s’occuper du cas de cet homme. La transgression qui m’occupe ne relève plus de la justice et son train, ils sont déjà passés et quand même ils ne seraient pas encore passés elle serait hors sujet ici.

La transgression qui m’occupe est une transgression philosophique, d’autant plus grave qu’elle est philosophique. Comment voulez-vous que l’homme en réchappe et survive, si on ne lui dit pas ce qu'il faut lui dire, en face, les yeux dans les yeux, sur les agoras.

Dire, et non clouer. Il doit pouvoir affronter son miroir. Voilà tout.

Premier envoi de #2/10 le 17/11/2004 vers 18h30. #3/10 à suivre.


vendredi 1 décembre 2006

HISTOIRE DE MARIE & BERTRAND. #1/10 - Ma liberté.‎


Ma liberté. #1/10.


C’est ma liberté d’en parler. Cette sorte de nuage impalpable qui ne s’use que si ne l’on s’en sert pas. Liberté d’admirer ou de haïr ; de juger ; d’écrire que j’admire ou que je hais ou que je juge de ma petite hauteur, puis de dire tout cela, vous savez bien tous ici, et hop. Ehoper, a-t’on joliment dit une fois, écoper, achopper, échapper.

Je vais vous raconter l’histoire de Bertrand Duschmoll et de Marie Pervenche.

Il y a des gens très importants qui, du haut de leur estrade, tranchent et enferment au nom des uns, au nom des autres, au nom de la loi, au nom du peuple, et pourquoi pas au nom de l’humanité toute entière. On les appelle juges. Ils font un travail utile à ce qu’on dit, on les paye pour le faire et plutôt chichement, mais les payeurs d’impôts ont tord de s’en réjouir. Et puisque je paye mes impôts moi aussi, je m’intéresse à leur travail, mais je ne m’en mêle surtout pas, et si par hasard ils s’intéressent à moi, je frémis et me terre.

On peut imaginer sinon espérer, que la société est ainsi protégée ; ceux qui ont une dette la payent, ou la paieront. Mais attention : personne ne devra faire payer une seconde fois qui a déjà payé sous prétexte de je ne sais quoi ; par exemple sous prétexte de vengeance, ou pire, sous prétexte de bonne conscience, vous savez, ces bonnes consciences qui hurlent avec les loups au nom de l’humanisme.

Alors voici le point crucial : il ne s’agit pas ici de faire payer Bertrand, ni une première fois ce fut le travail du juge, ni une seconde fois ce n’est le travail de personne. Mais je veux raconter mon histoire, qui est la sienne surtout.


Ecrit le 16/11/2004 vers 19h51. A suivre.