jeudi 27 septembre 2007

Une demande

Non, je n'ai rien à dire en ce moment comme vous l'avez remarqué. Je promets le promets, je vole des textes soi-disant pour y travailler, et rien ne vient parce que je n'y travaille pas. Je me laisse aller encore à laisser des marques de pas dans les jolis salons au lieu de m'occuper de l'allée de mon jardin embroussaillé.

Je viens seulement vous poser une question, une demande publique et générale.

Son blogue semble devenu inaccessible, et silencieux. Sa boîte à courriel ne répond pas. Le dernier signal reçu était un signal de détresse pour cause de mort de chat.

Quelqu'un a-t-il des nouvelles de folie?

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vendredi 14 septembre 2007

Aveu d’impuissance.

C'est ici ma première tentative de me mêler des autres billets d’ailleurs. Plutôt que de commenter à l’improviste et en pleine improvisation chez les amis blogueurs, enfin ceux que je me suis décrété par un vote unanime de 1 voix sur 1 comme étant amis sans même leur demander leur avis d’ami ou pas, je regroupe et je décante avant d’écrire.

Première tentative et première difficulté. Je vais être obligé de récapatulir, répakituler, técaripaler, résumer ce que j’ai retenu de ce que j’ai lu et ce que j’ai cru lire, avant de commenter, au point que bien sûr mon seul résumé sera ipso facto un commentaire préalable au commentaire qui suivra, rendant le commentaire qui suivra redondant. Tant pis, je vais bien trouver une pirouette pour me débarrasse de ce dilemme.

Résumé des chapitres précédents :

Brice Hortefaux est un monsieur dont je tairai ici l’opinion que j’en ai de peur d’utiliser des mots qui traduiraient exactement ma pensée mais qui pourraient être passibles d’injures bien que ce soit un simple constat de ma part, et l’expression libre d’une libre opinion basée sur une concordance d’informations complaisamment étalées dans tous les média, sous forme de chiffres de quotas de remontrances et de rodomontades. La liberté dans ce pays comporte des limites de plus en plus étroites à ce qu’il paraît et à en croire la tendance marquée des journalistes indignes de ce nom et de plus en plus nombreux à pratiquer l’incontinence de frayeur. Pisser sous soi, en quelque sorte.

Quoi, il y a une faute d’orthographe ? Je ne vois pas où.

Le silence des journalistes caché derrière un insupportable bavardage de pacotille sur les résultats chiffrés, caché derrière d’interminables description des remontrances préfectorales, caché derrière des analyses savantes et prétentieuses sur la comparaisons des résultats de l'année passée, du semestre passé, des ralentissements récents et du laisser-aller général, ce silence horrible et frelaté qui ne les empêche pas de se regarder dans la glace avec complaisance chaque matin et chaque soir, selon l’heure de gloire de leur intervention parlée ou écrite, ce silence est la preuve de leur absolue complicité. Je ne doute pas qu’ils seront, à l’occasion, les premiers dénonciateurs si un de leurs enfants croise dans son école un enfant apeuré et un peu foncé de peau.

On me fait remarquer là-bas, oui la dame aux yeux étincelants du premier rang, qu’il y a aussi des enfants apeurés bien blanc, tout blonds, et bleutés d’yeux. Tu as raison de me le faire remarquer. Le journaliste délateur ne le remarquera pas, lui c'est la couleur qu’il voit. Pensez, s’il devait réfléchir au delà du sensoriel, il se suiciderait dans les dix-neuf secondes qui suivent.

Mais non, ils ne sont pas racistes, les journalistes indignes. D’ailleurs ils ont un copain rwandais. Ils ont tous un copain rwandais. Vous voulez la liste des noms de ces gens de peu, de ces déshonnorables? Je n’ai pas besoin de vous la faire, souvenez vous des journaux écrit et parlés depuis cinq ans, et comptez les journalistes qui ont parlé des êtres humains concernés par ces quotas, et leur vie de tous les jours, y compris ceux qui étaient en totale règle jusqu’au jour où un simple renouvèlement de ce qui était légitimement et durement acquis les a fait basculer dans le vide, comptez les bien, notez leur noms.

Tous les autres sont des ordures.

Comme le sont ceux qui ordonnent les quotas, les rétentions, les chasses à l’homme et de préférence à l’enfant c’est tellement plus rigolo chasser l’enfant, on fait d’une pierre plein de coups, comme le sont ceux qui votent pour eux, 53 pourceaux des français. Ils savaient, ils l’ont fait. Ne viens pas me parler de démocratie, s’il te plait, ma démocratie à moi comprend le droit de mépriser ceux qui ont voté pour ce qu’ils savaient, en parfaite connaissance de cause, en totale liberté de choix, et qui aurait dû, en tout honneur, suffire à leur faire renoncer à ce vote, aucun autre argument ne tient.

Le déshonneur, la honte, appartiennent démocratiquement à la France entière puisque sa majorité l’a voulu ainsi. Et tout aussi démocratiquement, j’ai le droit quant je serais le seul sur soixante millions et je ne le suis pas, de hurler à la lune ma honte et mon désespoir, mon impuissance et ma colère, et mes envies de meurtre.

Commentaires sur le résumé des chapitres précédents.

Vous croyez qu’il en faut, un commentaire ? Ecrire le résumé est pisser dans un violon, transpercer la mer d’un coup de sabre, et s’énerver pour rien. La colère me submerge et je ne sais pas trouver les mots qu’il faudrait trouver, ni le révolver dont j’ai parfois et brusquement envie de me servir, et tout ceci est bien mauvais conseiller. Alors je me tais en attendant que le cœur batte moins vite, en attendant qu’un peu de rigolade me vienne alléger tout cela, un calembour ridicule, une contrepèterie baveuse, un pouêt de chez camion.

Il y a des jours ainsi, où ils se font attendre, et où tu peux ne jamais les voir arriver, les pouêts.

PS. Remerciements à Chiboum, Racontars, Luciole, Vinvin, Tarquine, Eolas, entre autres, pour en avoir parlé avec le ton qui convenait. Remerciements à France-Culture ces derniers matins pour avoir évoqué l’humanité derrière la Chose et notamment Olivier Duhamel, remerciements aux Maires qui ont ostensiblement annoncé la couleur du désaccord, remerciements aux préfets peu zélés il en est, et aux juges attentifs il en est, qui enrayent la machine infernale.

mardi 11 septembre 2007

#7/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens.

La constance de Marie m’étonne. Je sais bien qu’elle va venir lire ici et qu’elle lira ce que j’en dis. Elle sera peut-être même, comme d’habitude, la seule lectrice de tout ce bavardage. Je devrais lui dédier ce discours par lequel je m’apprête à défaire les liens énumérés. Pourtant, je n’ai pas besoin qu’elle m’apporte la moindre explication. De la voir régulièrement passer, repasser, ici et ailleurs, sur cette archive ou sur ce nouveau billet, sur ce commentaire, et parfois sur mes interventions irrespectueuses chez les zôtres, me pousse au crime de récidive blogale, et la récidive est à la mode ces temps ci qui courent (à leur perte). Ainsi l’applaudissement du dernier spectateur de la montée du col pousse in extremis le dernier coureur à forcer sur la pédale en dépit de l’écrasante lassitude pour enfin atteindre le sommet avant la voiture balai.

Merci Marie de ta constance. Adieu Akynou, Luciole, Tarquine, et tous les autres, Moukmouk, Oxy, 20x20, Monsieur Granger, Monsieur Bon, Alliolie partie, les cités et les incités, les grands et les dépités, et François Mitterrand soi-même qui s’il n’était lui, l’était. Le masque n’est pas ce qui cache mais ce qui est caché.

J’ai gagné beaucoup de temps à le perdre avec vous. Mais, moi qui me prétendais le roi du silence, voici qu’il me fait mal et que je ne veux plus l’écouter. J’en appelle à mon indécrottable égoïsme, et à mon gigantesque ego que Sarko à côté c’est de la roupie de sansonnet. Je sais que ne plus commenter signifie aggraver le silence, quelques curieux de chez vous parfois venait chez moi. Mais je n’ai plus le temps de lire, plus le temps de divaguer, plus le temps de baguenauder, plus le temps de badiner et de toutes façons je vois bien que je vous énerve.

Après tout, personne ne vous interdit de venir voir chez moi si j’y suis. J’y suis.

À Marie.


lundi 10 septembre 2007

#6/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens.

L’une est blonde l’autre pas. Brune donc. Je me garderai de te parler de leur âge, ce n’est pas galamment correct à ce qu’on dit bien que l’une comme l’autre seraient plutôt du genre à se méfier devant des courbettes galantes. Et quand je dis méfier, j’euphémise, le coup est peut-être déjà parti. Mais la somme des âges pourrait bien ne pas atteindre mon total déjà dépassé, ou de si peu.

L’une est du Nord l’autre est du Sud, oui tu as deviné Sud. Trop facile. Mais la nordique est née bien plus au sud que la sudette, et son œil bleu cache un continent noir entier derrière le beurre de même teinte à cause d’un coin de placard dans une trajectoire hasardeuse et nocturne. Guéri depuis longtemps le nœil, oui, mais le bleu à l’âme crois-tu qu’il guérit si bien, lui ? Et le continent, crois-tu qu’on l’oublie si facilement ?

La sudette aussi a su naître à grand spectacle. Je la vois nue un soir de sirocco, quand la vague sèche et noircie vient balayer le rivage de ses frissons brûlants, quand le sable cache la lune dans son dernier quartier, ce sable que nous apporte le vent du continent sauvage. Elle n’a pas besoin de coquille comme Aphrodite maniérée façon Botticelli, elle marche sur l’eau nerveuse, nerveuse aussi, elle ressemble à un Caravage. La blonde serait plutôt Rembrandt avec un zeste de Van Gogh, absinthe comprise. Ne vas pas croire, j’aime beaucoup Botticelli en général et son Aphrodite en particulier, mais il n’est pas à l’ordre du jour chez nos dames. Deux peintres flamands dont un fou pour la belle belge, un seul mais criminel récidiviste pour la sudette. Vous vous êtes reconnues, mes filles, Folie et Miss. Non, Miss, tu protestes je sais, tu n’es pas Breughel mais Rembrandt. Ce n’est pas une question de gabarit tu n’y es pas, c’est une histoire de nœil, un secret entre nous, un regard, un intérieur, un silence. Tu es assez grande pour aller à la Kermesse sans moi. Privée de Breughel et de Botticelli, c’est ta vie de Rembrandt.

Et puisque j’écris privée, voici Folie. Tout le monde connaît Folie, sauf ceux qui ne la connaissent pas. J’aime Folie. Voilà, cette fille qui entre deux insultes et trois hurlements vous déchire le cœur que vous ne savez même plus pourquoi vous êtes là et comment vous vous appelez, qui franchit sur un fil malingre les précipices entre les montagnes, et qui revient sur ses pas par le même chemin et que rien que regarder ses yeux vous flanque le vertige, même si vous ne les voyez pas. Les yeux de Folie. Allez chez elle, elle ne viendra pas à vous, elle a tant de chats à fouetter, et Dieu qui n’existe pas devait se créer en vitesse rien que pour elle. J’ai dit en vitesse, nom de Dieu. Si encore il se dépêchait quand c’est vraiment important.

C’est Vinvin qui m’a amené chez elle.

Pour avant-finir, car avant la fin il y a une avant-fin, je vous emmène en Belgique chez les Ouallons visiter mon Rembrandt préféré. J’ai dit Rembrandt, avec un zeste de Van Gogh, inutile de râler dans ton coin, je t’ai définitivement privée de Breughel. Elle est blonde et elle est Belge et il est interdit de rigoler, enfin moi je vous l’interdis, non mais ho, blonde et belge on ne l’invente pas et Missy’V ne s’invente pas. Ne crois pas que tu resteras planté dans un pays d’Ardennes, de Schistes houillers et de Sambre et Meuse, avec elle tu iras aussi en Namérique, au Congo des ancêtres, à Rhodes la Kolossale, et en Nimaginaire des mille collines. Tu vois bien, elle ne s’invente pas, elle est. Comme est la brune du Sud, elle est, et qu’importe que tu aies des idées, elles sont. Les idées tu te les gardes, elles n’en veulent pas, ni des tiennes ni des miennes, et tu ne sauras jamais respirer l’air quelles brassent, qu’elle soit bière d’abbaye ou vin de syrah et grenache, qu’elle soit plat pays ou chute d’Estérel.

Parfois une stupide envie de les protéger me prend, là, en lisant, que je ne le leur dirai jamais sous peine de les mettre en rage, et les rages de Missy’V ne sont pas à mettre entre toutes les mains ni toutes les oreilles, les rages de Folies sont pires encore. Je connais ces rages dans des ailleurs qui ne m’ont pas laissé indemne, ces ailleurs qui ressemblent aux mondes étranges, c’est pour cela que parfois je me prends pour de bon pour ce que je ne suis pas, comme je m’étais pris trop tard dans les ailleurs pour ce que je devais être.

Ainsi je sais qu’un sourire fera oublier en un instant la tornade comme le soleil surgit de derrière les cumulo-nimbus une fois qu’ils ont fini de se vider de leurs foudres.

Je terminerai un de ces quatre par le lien fidèle. Celui par lequel j’ai gardé l’impression que parfois j’avais de quoi dire, sans comprendre ce qui ainsi a pu survivre sans lasser, de mon écriture ou de mes idées, de mes chroniques anachroniques et des mes divagations insensées. Ce qui me fait croire que le silence de toutes celles que je lis, et des quelques ceux que je lis aussi, n’est qu’un silence de manque de temps, de manque d’énergie, et non une bouderie ronchonne, non un rejet informulé, non une indifférence lasse.

#7/7 à suivre.

Post-Scriptum. Je profite de ma lecture des blogues du lundi matin pour souhaiter un bon quatrième anniversaire au blogue qui se reconnaîtra d'être né le 3 septembre 2003.


vendredi 7 septembre 2007

#5/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens.


Où suis-je ? Tarquine, Akynou, Moukmouk, Vinvin, Luciole, Chiboum, Kozlika, Sophil, voilà c’est fait. J’ai été parfaitement détestable pour Oxygène que je ne cite pas, j’y passe pourtant souvent pour un petit bol d’air, j’ai dû être un peu cavalier avec Anna Fedorovna. Un nom à devenir instantanément héroïne de Tolstoï, personnage de Tchékhov, arrière petite fille de Michel Strogoff et de toutes les Russies, un nom à ne pas rester coi. On ne peut pas se contenter de quelques ricochets malhabiles qui font floc tôt ou tard ; je me suis arrêté au dixième an, terrifié par le trou noir de mon adolescence, mais nombreux sont les aventureux qui s’y risquent. Anne, ne m’en veux pas je te prie, je ne suis qu’un vieux qu’on, oublie vite.

Il y a des virgules qui se perdent comme les balles.

Anna Fedorovna a eu l’idée invraisemblable des ricochets. Aventure démesurée, prométhéenne, aventure divine. L’humanité tout entière à se construire sous nos yeux en forme de mots et de phrases simples et gaies, ou tristes, ou tâtonnantes. Des souvenirs reconstruits, comme ils sont tous, parfois un peu repeints pour devenir présentables, parfois bruts de décoffrage, béton tout chaud de sa prise toute neuve et sa mise en forme étrange contemplée par le maçon étonné de son travail, sorti de sa nuit des temps. Et tous les maçons qui s’activent comme les enfants sur la plage de la marée montante à faire des barrages contre la mer, combat qu’ils finissent par gagner car tôt ou tard la mer redescend.

Anna, comment fais-tu pour tenir cet univers entre tes longs doigts sans qu’il s’effrite, sans qu’il s’effiloche, où l’on découvre tant de monde, on ne peut pas aimer tout le monde et parfois on en aurait envie, Otir, Thomas, Sicaliptic, Samantdi, Albertine, et Mathias, et tous ceux que je vais oublier et qui vont me haïr pour cela, pourquoi ces noms me sont-ils venus et pourquoi d’autres non, hier aurait été différent, la Toulousaine serait repartie dans le Gers, et la Niçoise émigrée à Paris, la Marseillaise en Guyane et le Périgourdin au Chili.

Oui monsieur le correcteur orthographique, la phrase est longue et je t’emmerde.

De floc en floc, les ricochets finiront bien par remplir le lac, et nous pourrons à loisir, dans trois millions d’années, tout relire ensemble assis parmi les chênes aux feuilles jaunes à l’ombre des cèpes géants radioactifs. Nous referons notre monde défait.

Moukmouk de Pohénégamouk a envoyé de l’air frais dans mes bronches méridionales ; De l’air polaire, comme je n’aurais jamais cru que je pourrais en respirer depuis que j’ai abandonné ces contrées après les avoir parcourues par romans d’enfance interposés. Il a su faire renaître à le lire cette magie ancienne de l’imaginaire. Je sais bien que je n’irai jamais au Canada en hiver, comme je ne vais jamais en Montagne à cette saison. La Norvège en Mai a largement suffit à mon expérience et je ne suis pas prêt de recommencer. Mais justement, il ouvre une fenêtre et je regarde son paysage avec envie, curiosité, et plaisir. Certains voyageaient autour de leur chambre et nous emmenaient vers d’incroyables rivages. Pourquoi ne devrait-on pas, de temps à autre, juste regarder par la fenêtre des amis et voir ce qu’ils nous donnent envie de voir ? Je ne vais pas passer mon temps à imposer mes vues et mes photos aux indifférents qui passent, je peux aussi voler les yeux des autres.

Pour faire bonne mesure, il me faut un petit mot sur Cyrille, le Vinvin rigolo à ce qu’on dit. Je reviendrai à mes dames pour en finir, puisque tel est mon destin. Rigolo, le mot lui colle à l’appeau, il l’a bien cherché. Pourtant, ce qui me plaît chez lui sont justement les peurs et les violences que cache la rigolade, la poilade tant charcutée par les milliards de commentaires qui suivent chacun de ses billets. Je hais Vinvin car ma nature violemment jalouse ne peut supporter son succès, oui quoi à la fin cé pô juste. Et cet imbécile de correcteur Word qui ne connaît même pas le mot poilade.

Peur et violence, à son tour il va se tordre de rire. Je le vois déjà sur son scooteur, après avoir écrasé deux vieilles dames, qui se rue sur moi caméra au poing et au point. Même pas peur. Je n’ai pas assez d’importance pour qu’il seulement jette un œil dans une apparence de direction vers moi.

« Temps voulu », « un mot par jour », « le tiers livre », sont aussi des sites de passage un peu masculins, histoire de remonter la statistique ; retour aux dames.

# 6/7 à suivre.


jeudi 6 septembre 2007

#4/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens

4. La statistique fait mauvais genre.

Les sœurs d’Akynou. En vérité, longtemps je m’y suis perdu. D’ailleurs, je ne connais même pas l’ordre exact. L, puis A, puis A, puis A, puis L. En gros. La similitude des initiales me sauve la face. J’ai longtemps mélangé avec la souris verte, puis avec la Fedorovna. Quand on est sœur Anne, on ne voit jamais rien venir. Ben oui, vous voyez à quel point je me perds facilement dans les dédales. Il faudra que je parle d’elles aussi, d’ailleurs, les non-sœurs quoique presque. La plus récente découverte est Chiboum, chez qui je passe vite de peur d’être trop accroché. Il arrive un moment il faut faire exprès de faire semblant d’être indifférent, sinon on meurt avant d’avoir écrit.

Et pour cause, on dit LA Fedorovna comme on dirait La Callas. Non point diva mais divine.

Je m’interroge depuis quelque temps sur le genre des blogues où je traînasse. Et la statistique est impitoyable, rien que lire ce qui précède le dit déjà, rien que des blogues de filles à trois exceptions près. Le pourquoi de comment, je suis incapable de vous le dire. Je me sens bien chez vous toutes, et chez les messieurs c’est plus difficile. Trois exceptions en effet : Vinvin-Cyrille fait dans le philosophique l’air de rien, Maître Eolas est enrobé, et Moukmouk de Pohénégamouk a vendu la peau de l’Ours. Voyez, même dans ce cas il y a une robe. Ces gars là ont donc un alibi et je vais leur rendre visite aussi avec plaisir. Pourtant, ils sont nombreux, les gars de la blarine (légende : blog+marine, OK ?). Je ferais mieux de passer mon chemin, finalement c’est louche.

Luciole attend son tour. Elle ne s’ennuie pas, elle écrit des pièces de théâtre. D’autres marcheraient de long en large, regarderaient leur montre, partiraient ostensiblement à mon approche, Luciole écrit des pièces de théâtre en n’attendant même pas que je parle d’elle. C’est Louise qui m’a mis sur le chemin de Luciole, tome deux. Cette manière de se faire prier pour venir, attendre le dernier moment pour tomber sur Noël et le rater d’un jour, , refuser le Sagittaire avant de sen servir, si évident pourtant, et me voici propulsé à Nice juste le temps de comprendre que nous sommes à Paris désormais. Enfin, ce que moi j’ai cru comprendre, parce que allez savoir.

Il ne me restera plus qu’à aller voir au théâtre ce qui a été écrit, et seule une bataille farouche va devoir transformer en mise en scène sur de vraies planches avec de vrais acteurs et de vrais billets payés de ma fausse poche. Du coup, je n’ose plus tutoyer l’artiste, dont j’espère bien qu’elle va faire de l’ombre à l’autre folle de Yasmina qu’elle me gonfle grave en ce moment la Reza.

Et Sophil, je l’oublierais presque. Sophil de l’eau, voyage au long cours, cartons et découvertes, nature et déménageurs. Belém et Setubal. Tejo et Cascais. Il faudrait tout dire des méli-mélo d’Elodie, et du Maximal Maxence, de l’Olivier serein et du Chili con Carne. Du Portugal déjà loin. D’Austin (Texas) et de Boston (Machachuchète). Nous irons tous à Valparaiso, avec Hugo (le Frais).

#5/7 à suivre.


mercredi 5 septembre 2007

#3/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens




Il y a des voyages qui partent de la gare d’Austerlitz. Jadis étaient ainsi les départs vers Angoulême, Libourne, Bordeaux. Je me souviens du haut-parleur inaudible et tonitruant qui égrenait les gares qui nous attendaient au bout de l’interminable, ces noms étranges introuvables sur la carte : Lézaubrais, Saint Pierre Décors, écrits comme ils s’inscrivaient là-dedans. Ce que vient faire ici Angoulême ne relève pas du hasard mais bien de ces croisements furtifs qui apparaissent parfois. Je n’évoquerai ni la Guadeloupe ni la rue de Trévise, ce serait trop en rajouter. Mais c’est ainsi que très vite je suis devenu Akynou-mane. Nous n’avons pas pu nous « presque croiser » à tant de lieux sans qu’il y ait quelque lutin comploteur là-dessous. Jamais au bon moment mais toujours au bon endroit. Est-ce ma faute si elle a trente mille ans de moins que moi ? Mais il pouvait se partager une amitié, une complicité, une connivence, je ne sais pas, moi, un rien qui compte.

Que mon plus récent souvenir de Ma Campagne soit une odeur de vomi d’enfant à cause des ronds-points de la rocade du même nom n’y changera rien, même si ce souvenir n’a pas plus de quelques heures d’âge. Alors il faut bien que je m’habitue au silence un peu agacé. Ce monde que je fréquente est à l’image du monde de Tarquine, ils sont le même monde en fait, et ce n’est pas le mien. Tout au plus un petit passage silencieux, un petit mot bref à la rigueur, mes longs discours bassinent vite et tu ferais mieux de la fermer, l’Andrem. L’Andrem est dur de la feuille, c’est plus fort que lui, il DOIT se répandre. Comme ici, tiens, justement.

Le blogue est un exercice bien de ce temps, un exercice jetable, rien ne rime à rien sinon à une brève crampe nommée plaisir, prétendue plaisir, un clou chasse l’autre, un billet enterre le précédent pour quelques heures avant d’être enterré à son tour pour toujours. Chacun des miens hélas ne peut exister que par ses voisins, la pile au dessous et la pile en attente, tous ces billets en bouteille que le courant ballote encore quelque part dans les tourbillons glauques. Mes clous sont ceux qui devraient faire tenir la falaise à la fin de l’envoi, mes clous sont ceux qui parsèment la porte de la cathédrale de têtes dorées, un seul vient à manquer et la porte doit être jetée, porte de cathédrale ou de prison, je n’ai aucune prétention spéciale, porte de sortie, porte à porte, du moment qu’elle est cloutée. Je ne suis pas chez moi dans le blogue de passage et d’oubli.

« Pardonnez moi princes si je
Suis bougrement moyen-âgeux. »

A propos, j’ai dix cartons à jeter, et je cherche qui pourrait me rendre service en les prenant. Format carton de déménagement. C’est grand comme ça par comme ça par comme ça, pas plus.

Il en tourne du monde, autour des Racontars d’Akynou. Des sirènes et des étoiles, des airs sombres et des sourires éclatants, des colères et des éclats, tremblements de terre et déracinements de chênes, confitures et marionnettes, une famille de bruit et de fureur comme seule la vraie vie sait vous la concocter, qui épuise et qui lui donne sens, à la vie. Comment vivre sinon, comment donner sens si l’on n’est pas épuisé ? Pourtant, les soirs où les bras vous tombent et où la pluie n’a pas cessé de brouiller le toit d’en face, on aimerait bien qu’elle n’ait plus de sens la vie, si on pouvait une heure, une heure seulement, souffler.

Chez elle, il y a encore des Sophil et des Chiboum, des Oxygène et des Kozlika, des Fauvettes et des Ours polaires. Il paraît que c’est petit, chez elle, au point qu’elle va abandonner le nid pour se rapprocher de son neuvième d’autrefois. Petit ne signifie pas vite fait. La tournée des racontars demande, comme pour les chats, sept vies pour être accomplie. Sans même parler des sœurs.

#4/7 à suivre.


mardi 4 septembre 2007

#2/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens




Je vais commencer par qui j’ai commencé. Un jour de hasard, j’avais tenté de découvrir un site nommé « Bloglines », je ne sais quelle mouche m’avait piqué, alors que je radotais encore sur des forums d’hystériques. Un lien de hasard probablement, comme souvent dans cette planète. Comme tout le monde dans ce monde-ci, j’ai tâtonné et apprivoisé l’animal. J’ai laissé défiler des myriades de sites anglophones, et j’allais renoncer quand soudain un blogue francophone est apparu.

Il s’agissait d’un blogue pudiquement désigné « pour adultes ». Mâle ne saurait s’en satisfaire ; qui, sinon un menteur, aurait l’audace de prétendre qu’un texte érotique joliment troussé comme l’était le texte trouvé par hasard le laisserait indifférent ? Les harponneurs de tout poil le savent bien qui vous mettent sous le nez des tonnes de chairs rose à vomir car trop c’est trop ; Internet était ici à la hauteur de sa sulfureuse réputation, telle que je l’entends aujourd’hui encore répéter à l’envie.

Vous le lisez, avec vous je reste sincère malgré le masque. Ce petit moment de laisser-aller francophonique m’a incité à poursuivre mon défilé de blogues, tous plus anglo-saxons les uns que les autres. J’allais renoncer quand je suis arrivé sur une autre francofolie : en quelques instants, je suis passé de la lassitude émoustillée à l’étonnement émerveillé. Mille lieues au dessus des tentations tristes, dans l’air chatoyant de mots soignés, de phrases travaillées, où les douleurs devenaient universelles, où la joie devenait mienne, où la beauté rayonnait des paragraphes. Qu’elle me pardonne le détour qui m’a conduit jusqu’à elle, la maîtresse de céans, elle n’y rien gagné sinon un lecteur, mais pour moi un univers entier s’est entrouvert.

J’étais définitivement tombé dans la marmite magique, poussé par la plume de Veuve Tarquine.

Elle fut mon premier lien, ma première agrégation d’agrégateur. Quelques semaines plus tard, sous les coups de boutoir de ses retours de flammes, fameux mais que j’ignorais alors vous les connaissez tous, j’ai renoncé dans mes visites à me faire voir sinon ailleurs avec pertes et fracas, et que ce ne soit que dégâts collatéraux n’y changera rien. J’ai entrebâillé la porte de temps à autre, la pointe des pieds, tremblant et blême. Naturellement, on ne se lie pas vraiment avec un tel fantôme et Tarquine n’a pas le moindre commencement d’idée de ce qu’elle représente pour moi, je me garderais bien d’aller encore l’embarrasser de panégyriques en or et de broderies de dentelles.

Elle est chez elle, elle dit ce qu’elle veut, et que lui importe ce que j’en pense et ce que j’en ressens. Ses amies savent lui répondre en un joli chœur polyphonique et je ne saurais le dire mieux. Alors je referme doucement la porte en partant, la laissant face à ses douceurs et à ses frayeurs, dans la symphonie des démons et des copines. Ce que je sais ne pourrait rien lui apporter, je n’ai moi-même rien su en faire, alors j’écoute et j’aime ce qu’elle est, et toute sa petite bande étrusque. J’en ai juste perdu mon latin.

On ne peut pas traîner ses guêtres chez Tarquine sans croiser d’autres voix. Je nommerai Eolas, la grande contrebasse de la famille, savant et disert, éclairant et jubilatoire, souvent piquant et toujours attirant. Je ne connais pas le son de sa voix mais j’ai dit contrebasse, tant pis s’il a une voix de fausset il n’en a pas la tête. Je ne le suis pas partout où il va, ni en lecture ni en idées, mais je ne perds jamais mon temps avec lui, entendez moi bien, je ne perds jamais mon temps quand je suis avec lui.

Ne pas confondre une phrase et son contraire alors qu’elles sont semblables. Bel exercice de rhétorique, n’est-ce pas, ce qui va bien à leur profession à tous deux, Tarquine et Eolas.

#3/7 à suivre.

lundi 3 septembre 2007

#1/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens.

1. Le tour du propriétaire.

L’humeur n’est pas vagabonde. Papillonner, butiner, folâtrer, gambader, ne sont pas des verbes de saison, s’ils le furent, mais le furent-ils ? Insecte ne suis ni papillon ni guêpe, mulot ne puis même rat d’égout. On dit chez les bien intentionnés que le trente-et-un du mois d’août est le jour de la fête des liens. Ce sera donc le jour de les défaire.

Après quelques jours de calembredaines, je voulus reprendre pied dans le monde qui me sied. Il me fallut un tour complet de soleil, y compris des heures volées à errer. Vol au vent, vol à la tire, volatile, le temps qui m’est compté avait pris vingt-quatre heures dans les narines, étendues sur le sol derrière moi sans rien qui subsiste qu’une odeur d’irréparable. Ainsi devrais-je finir comme la Grèce éternelle, en grands lambeaux de fumée, faute des moyens de l’ambition.

Je vais faire le tour du terrain, une sorte de chemin de ronde de remparts qui ne m’appartiennent pas dont j’aurais seulement voulu être une des pierres ; ne me dites pas que c’est le tour du propriétaire, ce n’est même pas un tour de main, à peine un tour de manège. Personne ne me voit passer et qui pourrait le regretter ? Qui m’accorde un regard le regrette aussitôt et me le fait savoir.

Vous ne m’empêcherez pas d’écrire, pourtant. Je le sais d’avance. Ce qui me pousse est plus fort que moi et plus obstiné que vous, et mon incompétence ne suffira pas à me faire taire, au contraire : ignorer à ce point à quel point on échoue relèverait presque du talent. N’y voyez aucune coquetterie et ne vous croyez pas obligés de vous récrier tous à la fois, le risque en est faible d’ailleurs, il n’y a pas de perche à saisir et je poursuivrai ma route quoiqu’il arrive. J’en serais même vexé, au fond.

Le tour de mon terrain de jeux est ma seule récompense. Les liens que je me suis tissés seul, à l’insu de vos cachotteries, les amitiés que je me suis inventées face à ma glace sans tin comme si elles me répondaient derrière, sous forme de fous rires étouffés, ou de grimaces agacées trop voyantes, ou de politesses aimables et indifférentes. Je ne comprends jamais assez vite que je ne suis pas d’ici ou de là, que j’intruse, et mes charentaises de feutre n’étouffent pas assez mes pas et bien trop l’ambiance où je surviens. Je ne me retire jamais sur la pointe des pieds, et jamais avant d’avoir fait le tour.


#2/3 à suivre.