Sur un poème de Desnos
Sur un poème de Desnos
Rendons à César ce qui appartient à Robert Desnos. Je prends le titre et je retiens un poème, un incipit qui m’inspire, et je vogue la galère. Un joli texte qui aura fait des petits, ma foi bien modestes devant le grand Robert.
Et pour commencer au commencement, le poème de Robert Desnos, un peu oublié semble-t-il (le poème).
« Trois pensées trois coquelicots trois soucis
Trois soucis trois roses trois œillets
Les trois roses pour mon amie
Les trois œillets pour mon ami
Les trois coquelicots pour la petite fille si triste
Les trois pensées pour mon ami
Les trois soucis pour moi. »
Attention. Il ne faudra pas oublier Arthur, à la fin.
A mon tour de jouer avec l’incipit.
Pouf pouf.
Trois pensées, trois coquelicots, trois soucis, voilà.
J’ai compté j’ai recompté, j’ai même fait la règle de trois
et la preuve par neuf,
je n’ai rien trouvé d’autre.
Ni dans ma tête ni dans la pelouse.
Trois neurones auraient suffi qui d’ailleurs me suffisent. Comme trois arbres cachent une forêt trois soucis un tsunami d’ennuis ; et mes trois neurones fument les trois coquelicots qui rougeoient dans l’herbe.
Mon cerveau est à l’image de mon jardin, sans fleur ni couronne hormis les trois pensées, les trois coquelicots, les trois soucis.
La tondeuse ! Oui, la tondeuse, la voici la solution.
Rayer de la carte tout souci, tout pavot, toute pensée, laisser le champ libre à la folie des herbes folles, aux graminées de la colère, la boule à zéro le front bas et le verbe approximatif.
Trois zéros. Jardin ratiboisé façon libération.
La guerre des trois.
Ainsi pourra s’évacuer la crue centennale des pensées sauvages jusqu’à l’Océan, s’y noyer les soucis du jour et du lendemain ; resteront fleurir à foison dans le limon fertile déposé là les gentils coquelicots sur les cœurs multiples des dormeurs du val.