jeudi 22 mai 2008

André et la rivière


Commentaire à Clopine devenu billet par la force de la paresse. Il fallait bien aussi relancer ce blogue endormi.


Il n'y a que vous, Clopine, pour poser des question auxquelles je ne veux pas répondre et auxquelles pourtant je réponds parce que c'est vous justement qui me la posez.

Rivière est un nom qui coule de source. C'est un pseudo, aucun officier d'état civil nulle part dans le monde n'accepterait de m'attribuer ce nom. Et pourtant, voyez comme il me va comme un gant, moi qui ne me baigne jamais dans le même fleuve et qui ai des accointances avec le vieil Héraklite.

Ma grand-mère paternelle se nommait Marie Rivière, de naissance. Au début du siècle dernier, tout le monde se nommait ainsi, on ne peut faire plus banal et transparent, si banal et si transparent que personne ne m'a jamais parlé de cette grand-mère que je n'ai jamais connue, morte trente ans avant ma naissance.

C'est probablement pour lui redonner chair et os, lui rendre justice, que j'ai pris son nom pourtant si courant. Et un peu littéraire aussi quand même. J'ai découvert sa tombe après force recherches dans un cimetière perdu au fin fond de rien, très loin de sa campagne poitevine où elle vécut, et rien ne m'explique ce que fait là-bas ailleurs cette plaque à moitié renversée qui n'attend plus que le bulldozeur, le bouteur comme disent les puristes minoritaires, pour faire la place aux jeunes. Des secrets de famille insondables, que même des baudets du Poitou ne sauraient brouter sans dommages, et qui disparaîtront avec la rénovation programmée des espaces municipaux d'ailleurs là-bas du fin fond de rien.

La glèbe du Poitou ne saura rien d'elle. J'ai fait tout un livre déjà de son histoire imaginée qui jamais ne sera blogué, et qui est retourné au fond de mon tiroir après n'avoir jamais réussi à franchir la barrière de la lettre type des éditeurs.

Voilà pour le pseunom.

Le prénom a suivi un chemin plus tortueux, qui a duré plusieurs années avant que j'en accepte l'évidence. Il a fallu des convergences. Celle du prénom quelle donna, ma grand-mère Rivière, à son fils aîné, qui se trouve être devenu mon père quelques années plus tard. Celle de la Cathédrale où je fut baptisé (mais je suis guéri), en la bonne ville de Bordeaux que je ne saurais renier sans disparaître, non que mon nom soit ce prénom là, mais après tout, n'est-ce point la cathédrale Saint-André?

Vous voyez, même le pseuprénom a à voir avec Marie qui nomma son fils André qui baptisa le sien chez Saint-André. Convergences, disais-je.

Quant à l’Aime qui se colle à l'André, l’Aime d’Andraime, d’Andrem, c'est une autre affaire ; l’affaire d'aimer peut-être, l’affaire d'un vrai prénom mais ce n'est pas certain, un prénom à faire chauffer, l’affaire de l'aime de Marie, c'est bien possible. Il me la fallait, cette Aime, pour qu'enfin je me résolve à l'évidence que je ne pouvais être que lui, Andrem Rivière, et que je ne pourrai jamais en changer.

Il m'est plus littéralement indispensable que mon nom de citoyen, de mari, de père, de grand-père, et de fils de ma lignée. Il la contient secrètement et entièrement, la lignée.

Vous comprendrez ainsi pourquoi ce prénom de Marie m'est si important et pourquoi je ne pouvais pas ne pas répondre à votre question à laquelle je ne réponds pas.

Commentaire chez Clopine, Posté par andrem, 20 mai 2008 à 10:19

15 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aiMe beaucoup quand tu élucubres sur ton toi-m'M cher AndreM :-)

Andrem Riviere a dit…

Alors serait-ce que tu viens chez moi, Miss. Toutému.

Anonyme a dit…

Pour faire court, Monsieur André-Marie Concordance de Verbehaud, je te souhaite une excellente journée.

Anonyme a dit…

Ni jalouse ni envieuse. Il n'empêche que le fond du tiroir a bien de la chance et il ne s'en rend même pas compte !

Anonyme a dit…

Oui mais shut.

Peut-on faire les fonds de tiroir ?

Andrem Riviere a dit…

Bonsoir Miss, il est tard et je vais me coucher. Quelle idée de me réveiller à 00:02, le 26 mai, quand je viens juste de poster secrètement.

Tu peux faire tous les fonds de tiroirs que tu veux, mais je ne te dirai pas lesquels en ont deux, des fonds. Les fonds secrets de ma République.

Bonsoir Marie. Bien trouvé, l'anoblissement. Désormais il faudra m'appeler Monseigneur. Ce nom me plaît et sonne assez juste. Et les erreurs qu'il recèlent ne seront jamais dévoilées.

Anonyme a dit…

Quelle idée de dormir en postant ou de poster en dormant :-)

Moi je prie pendant ce temps là, pour "tomber" sur la bonne ville ou se trouve les tiroirs sans fond de la cave du Monseigneur qui cache des secrets qui ne seront pas blogués.

C'est une honte de nous le dire, tu le sais ? Est-ce que tu le sais ?

Andrem Riviere a dit…

Même pas peur.

Enfin, quoi?
Non non, même pas peur. Et même pas peur d'avoir honte, même pas honte.

Trop bien caché, le double-fond.

Anonyme a dit…

Soit, Monseigneur Verbehaud de Concordance, mes quelques mots ne sont juste présents pour faire savoir que je vis au fond du tiroir et pourtant je n'ai rien vu ...

Anonyme a dit…

Je ne pourrai donc pas t'apprendre à maitriser la honte...

Tu me fauches l'herbe sous le pied, même pas mal ;-)

Andrem Riviere a dit…

Missmarie et Mariemiss. Les deux comploteuses irrésistibles du FLFT.

Ne faites pas semblant d'ignorer que vous êtes les deux membresses les plus éminentissimes du Front de Libération de Fonds de Tiroirs.

Il est des fonds qui contiennent des eaux fangeuses que même l'eau qui dort n'est pas pire. Mes fonds de tiroirs sont de ces fonds-ci.

Vous n'y seriez pas en danger, ni moi d'ailleurs. Le pire, qui tisse ses toiles et taille des costards, le pire est tailleur. Et tant que je ne saurais pas où est ce tailleur, s'il est ci ou s'il est là, s'il est de ci de là ou s'il est cahin-caha, et tant que je n'y pourrais rien de ne point savoir, le fond de tiroir restera ce qu'il est, un bas fond, un cul de basse fosse, une marnière oubliée du pays de Caux ou du pays Picard, un fontis minier de chez le bassin de Memnon, celui qui chante quand il y a vent de Brel.

Anonyme a dit…

Il n'y a pas pire que livres non lus, brochés ou pas.

Y en a qui s'activent a fouiller les fonds sans fin de Titanic et autre(s) trésor(s), nous ne voulons que les fonds de tiroirs et pas n'importe lesquels.

Je ferais bien une proposition mais elle est indécente et je ne trouve plus mon acolyte.

Le pire est partout quelque soit l'endroit ou on se trouve.

Andrem Riviere a dit…

Le passé ne passe pas. Il a commencé vers l'âge de dix ans, juste à la fin des ricochets de Kozlika, et pourrait avoir fini à mon insu il y a peu.

L'invention des blogues n'y est pas pour rien, et ton regard non plus.

Lorsque sera terminé l'envol de Denver, il se pourrais que je tente un autre voyage, une sorte d'exploration du trou noir d'une vie cul sec. Qui sait?

Ce que cache le double fond est bien pire qu'un texte. Et je n'ai pas le mode d'emploi pour le manipuler sans qu'il m'explose le plafond. Voilà, Miss Congo, ce que je sais dire. Rien n'est indécent face à ce trouble, face au voile noir.

Voilà aussi pourquoi je joue la montre, ce que je te réponds là est mûri depuis quelque temps, une sorte de temps des cerises. La décision pèse de n'être pas prise, il faut bien plus qu'un catxcat pour ces chemins d'autrefois.

M a dit…

Je ne comprends pas

Anonyme a dit…

« Je me rendais strictement compte, en ce jour de ma disparition, que des fins de mes amours s’exhalait du moisi, du faisandé sans une once de panache. Les hommes que j’avais connuss’étaient tous laissés quitter avec une certaine bonhomie, saccageant de leur indifférence des mois d’atermoiements, de tergiversations et de précautions prises dans un écheveau de mots douceâtres censés atténuer une douleur qui n’existerait pas, qui manquerait cruellement d’expressivité, si au moins elle avait eu ça. »
Khun San, Encyclopédie de l’échec sentimental.