lundi 16 février 2009

LES ECOLOS ME GONFLENT moins QUE LES ELECTRICIENS SAVANTS.

Moukmouk m’a répondu.

Mais Moukmouk ne se laisse pas impressionner de si peu. Il répond, non point vertement comme d’autres l’auraient fait, mais malin il argumente, informe, complète, enrichit. J’apprends ainsi ce que je savais pourtant autrefois, que l’EPR fonctionne selon un processus qui permet de brûler du MOX, un combustible radioactif capable de réaction en chaîne contenant du Plutonium, des crayons de mélange Uranium enrichi et Plutonium. Il fonctionne à de plus hautes températures que le PWR et nécessite des matériaux de grande résistance, dont certains sont de découverte récente.

Il a raison, EPR est plus performant mais plus dangereux que PWR. Le socle en béton sur lequel est posé ce réacteur doit avoir des capacités de résistance très au-delà de celles qu’on attend des réacteurs classiques. Faut-il pour autant le rejeter ? Celui qui a construit le premier moteur à explosion de l’histoire du moteur à explosion n’aurait jamais imaginé, aurait même été totalement incrédule, qu’un jour ce moteur puisse tourner à 12 000 tours par minute, aurait pu imaginer qu’on puisse en fabriquer des millions par jour à travers la planète. D’accord, ce n’est pas un bon exemple et je sais que les chatouilleux du carbone ne roulent jamais en automobile.

Rien que le nom, d’ailleurs fait peur. Terrifiante, l’idée que le moteur à explosion puisse se répandre à travers le monde, non ? Explosion ! Oui, je ridiculise, pour montrer où parfois dérive l’ignorance manipulée.

Attention à l’amalgame une fois de plus, nous ne sommes pas du tout dans la configuration du Superphénix. Cette configuration relevait du saut dans le vide sans savoir si élastique était attaché, ni même s’il y avait un élastique. Rien ne me permet de craindre, aujourd’hui, que EPR est comparable à Phénix. Les matériaux, les températures, les fluides, les réglages, le contrôle de la divergence, sont étalonnés, définis, vérifiés. Et si des litiges paraissent parce que tout ceci qui est bien connu est mal chiffré pour son coût, ce n’est plus une question de technique et de danger, mais une question de kipaikoi.

Bien entendu, le risque que j’évacue par la porte peut bien entrer par la fenêtre sous forme d’économies sur la sécurité pour compenser les vrais coûts de ce qu’on a voulu dissimuler. A ce propos, nous ne payons pas assez cher notre électricité en France, mais va dire aux gens qui ont du mal avec leurs fins de mois qu’ils devraient payer deux fois plus, ce qui serait la vérité du prix de l’électricité nucléaire. Là est le pire des mensonges et bizarrement personne ne dit rien, on préfère répéter machinalement : le nucléaire non merci. Une énergie deux fois plus chère commencerait à répondre aux arguments de notre Ours, à savoir la lutte à entreprendre en toute priorité contre le gaspillage, et là je serai de ce combat, j’en suis déjà.

En 1980, dans mon palais de Billancourt, je consommais 5000 KWH d’électricité par an. Aujourd’hui, bien qu’ayant agrandi mon palais et construit des dépendances tout autour, j’en consomme 4000. Pas de quoi faire le tour de Jéricho en jouant de la trompette, mais nettement à rebours des tendances nationales. Et je peux encore faire mieux, bien que je devienne frileux avec l’âge et que même au gaz, mon chauffage tire un peu de courant.

A la fin de son commentaire, malin et malicieux l’Ours me demande et je vois son clin d’œil moqueur à travers l’océan : « ai-je répondu ? ».

Me voici obligé de reprendre ma réflexion.

à suivre, comme d'hab.

2 commentaires:

Moukmouk a dit…

La clé, ce n'est pas de décrier le nucléaire... et ne s'en prendre qu'au nucléaire est un piège. Il n'y a plus de croissance possible, qu'elle soit avec ou sans carbone. Il va falloir apprendre à partager. Un terrible boulot.

Andrem Riviere a dit…

Sur ce point-ci, Moukmouk, rien ne nous sépare. Il est évident que c'est la maîtrise de nos appétits, au sens collectif du terme même si quelques efforts individuels ne font pas de mal, que seule une réorganisation de la Société permettra à partir de valeurs plus honorables que l'Avoir, et qui dépend donc des nos politiques, au final des pressions que la Société pourra exercer sur eux, via les urnes il faut continuer d'y croire, via la rue s'il faut et nos Antilles préférées s'y sont décidées, via un incessant effort d'information et de creusement des certitudes affichées.

C'est pourquoi je sais parfaitement que l'ampleur de la tâche ne passe pas par la conversion de tel ou tel à telle ou telle cause, mais par un très gros effort de méthode, quels que soient nos inclinations de départ. Et ne pas se tromper de combat.

J'ai encore un billet à diffuser et j'en aurais fini de l'épisode. Je suis heureux que tu m'aies suivi de ton regard critique, et que tu aies, d'une certaine façon, abondé dans les sens que je ne voulais pas trop montrer tel un gourou omniscient mais qui me semblent au fond beaucoup plus important qu'une querelle technique, qui tôt ou tard sera tranchée par les faits.

Comment réfléchir à l'avenir lointain et ses mirages, sa totale incertitude? Comment se préparer aux réalités brutales qui nous guettent? Comment conserver l'aide mécanique dont nous avons besoin pour nous déplacer, découvrir, rechercher, voyager, se protéger, survivre? L'injonction de sobriété est une de ces fausses pistes souvent montrée par les arrogants en place qui savent bien que les gros gaspillage ne viennent pas des petits vieux frileux et des marcheurs au souffle court et aux jambes molles.

Encore un billet à mettre en ligne et je pars. Je ne referais pas d'autre commentaire là-dessus avant quelque temps mais j'aimerais bien en trouver à mon retour, à tête reposée et à humeur égale. Tu ne pourras pas me poursuivre où je vais, il y fait entre 30 et 40, sauf pendant trois jours où il fera 5 (Celsius).