dimanche 30 avril 2017

ELECTIONS PRESIDENTIELLES 2017

Pour une fois, un billet d'humeur daté. Il sera bientôt démodé. Ou non.
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Bon. Je ne voulais pas. Mais voilà, maintenant je sors de mes gonds. Oui, il y a longtemps, j'étais surnommé "jarnière", et comme forcément à un moment ou un autre quelqu'un demandait pourquoi, on répondait : "parce qu'il a l'air d'un gond".

Je ne voulais pas en sortir, et c'est arrivé. Il ne te reste plus qu'à lire ce qui en découle. Ou à te tirer d'ici, après tout, quand on veut rester l'âme pure et les mains propres, le mieux est de se tirer d'ici.

Âme pure et mains propres. Voilà la posture de mes amis. De beaucoup d'entre eux. Et c'est cela qui me met en rage. Leur bonne conscience, leur certitude, leur doux oreiller de confort mental. Oui le résultat du premier tour ne me convient pas. Oui il aurait pu encore plus me disconvenir. On aurait pu rêver d'une meilleure affiche, j'avais rêvé d'une meilleure affiche. Pour faire court, un -on contre un autre -on m'aurait convenu, et j'aurais pu tout à loisir, choisir, éliminer, ou m'abstenir selon les -on retenus.

Mais adieu veaux vaches cochons, nous voici tous au pied d'un mur, c’est là qu'on voit le maçon. Alors, bonne conscience et mains propres, je déchire le chèque en blanc et je reste à la maison.

N'est-ce-pas, c'est brillant, courageux, cohérent, et je peux me regarder dans ma glace. Quand l'autre dame grâce à cette tour d'ivoire improvisée va pouvoir entrer dans le palais et y placer ses équipes, articles 16 et 49.3 en mains, je pourrai me lamenter, mais je prétendrai que je n'y suis pour rien. Sans parler de l’état d’urgence déjà voté et de ses soutiens dans la police et l’armée.
Je serai donc un lâche et un menteur. Un irresponsable. Je savais. Je ne pourrai pas dire que je ne savais pas. 1933 n'est pas si loin et je me souviens de mes cours d'histoire, il y en avait encore de mon temps. Je me souviens aussi, c'est moins loin, de l'élection de Monsieur Trump. Et j'aurai bien mérité les années qui s'en suivront. 
 
C'est une vieille règle de la démocratie élective que celui qui s'abstient (ou qui vote blanc, je ne vais pas ici ergoter entre l'un et l'autre, ce sera pour plus tard au cas où le vote soit encore une pratique chez vous) vote en réalité pour celui qui gagnera. Donc si Macron est élu, les abstentionnistes auront voté pour lui de toutes façons, et si c'est l'autre dame, même motif même punition. Et le chèque en blanc sera donné par le vote de la même couleur dans tous les cas.

Alors que faire ? L'abominable libéral des neiges qui, à ce qu’on prétend, va aggraver la loi travail déjà en place, vendre la France à l'Amérique, laisser les polonais et les roumains sous-payés prendre les emplois de nos arabes, l'internationaliste affairiste milliardaire et corrompu qui va se goberger dans les brasseries chics avec des internationalistes milliardaires et corrompus, j'en passe et des meilleures, ou bien l'autre ? Car telle est la question, être ou ne pas être.

Je me dis qu'il y aura un troisième et un quatrième tour nommés élections législatives, ou du moins que ceux-ci n'auront de sens que si le vilain libéral l'emporte au deuxième. Je sais bien qu’on ne va pas nous supprimer le droit de vote le lendemain, mais le tour viendra et peu importe son numéro, parfois il y a des risques que je n'ai pas du tout envie de courir, et il y a des moments où il faut bien se mettre un peu de cambouis.

Si je cherche qui veut conserver le mariage pour tous, qui accepte la présence de réfugiés syriens et autres, qui maintient le budget culturel, qui reste attaché aux droits humains, au moins en paroles (car l'autre ne cache pas ce qu'elle fera), je me dis que je pourrai continuer à me regarder dans une glace même avec des mains sales, et je ferai un petit salut au camarade Jean-Paul, réconcilié pour une fois avec Monsieur Albert et ses justes.

Et je voterai Macron.

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