mercredi 18 mai 2011

La présomption d'innocence.

A l'instant même où je prononce les mots de présomption d'innocence, et sans pourtant l'avoir dit, je prononce ceux de présomption de mensonge. Et quoi de pire, lorsqu'on subit un outrage, que d'être tu ?

Une forme de seconde mort, en quelque sorte.

Faut-il pour autant renoncer à la présomption d'innocence, si fragile, si vite oubliée par chez nous au moindre fait divers touchant un jeune, un basané, un étranger ?

Je ne sais que dire sans multiplier les points d'interrogation, et grâce au ciel je ne serai pas du jury qui devra trancher une vie entre deux mensonges insolubles dans la vérité. Je souhaite qu'une preuve déterminante et définitive tombe dans cette soupe indigeste, qu'elle soit accablante pour l'un ou pour l'autre, et pour le moment il n'en est pas, et j'ai bien peur qu'il n'y en ait jamais.

Je voudrais tant ne pas rester dans cet entre-deux où pour jeter le puissant dans les flammes de l'enfer au nom de beaux principes, au nom de la défense de la veuve et de l'orphelin, je risque de procéder à la destruction d'une vie pour ma seule petite satisfaction personnelle, et lycée de Versailles.

Deux choses sont certaines aujourd'hui, et sur ce point-là je ne serai malheureusement jamais démenti quelle que soit les vérités :

1. deux vies sont détruites à coup sûr.

2. celle de la femme plus encore que celle de l'homme.

Et je dis bien quelles que soient les vérités. Tentez tous les scénarios possibles, et vous verrez.

Comment font-ils tous, ces gens de tous bords, qui semblent avoir une opinion définitive et secrètement satisfaite ?

6 commentaires:

Marie a dit…

Deux vies et plus encore ...
Par ailleurs nous avons peut-être (un peu) oublié que les surpuissants subissent le même sort dans cet état US, je fais référence (devrais-je écrire allusion) à Bill. Je comprends parfaitement ton ressenti et j'ai encore en mémoire des billets antérieurs à 2007, ici ou ailleurs.

Akynou a dit…

Tu sais bien qu'avec le système américain et la différence de poids entre les deux parties, on ne saura jamais rien de certain. On va continuer de nous rebattre les oreilles avec cette "erreur passagère de jugement". S'il y avait eu procès, on aurait peut-être su. Et je trouve que la situation actuelle pire que tout car la suspicion restera toujours, quoi qu'il arrive. Mais c'est leur choix. Qu'ils assument. Cela dit, même si ce n'est qu'une erreur passagère, elle me semble dangereuse quand on se veut un destin international… la preuve.

Akynou a dit…

1. Sur les soit-disant sur-puissant qui subissent le même sort… http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201584656946-dsk-a-obtenu-une-sorte-de-traitement-special-209599.php?xtor=RSS-2059

2. Sur la question que je continuerai toujours à me poser
http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2011/08/affaire-dsk-si-ce-n%C3%A9tait-pas-un-viol-c%C3%A9tait-quoi.html

Andrem Riviere a dit…

Bonsoir Akynou. Je réponds un peu tard, je suis encore par monts et par vaux et n'accède à mes écrits que par pointillés éloignés. J'en profite pour entasser des fiches qui vont me faire de la matière l'année qui vient, si je vis.

Mon billet avait été écrit dans les premiers temps de l'affaire, et bien avant qu'elle ne commence à se dégonfler sous la pression des avocats de la défense et des aléas du dossier d'accusation.

Pour autant, je n'ai rien à changer à ce que j'avais écrit alors. Nous ignorons la vérité, nous ne la connaîtrons jamais, et nous devons accepter cette ignorance. Il n'y a aucun enjeu politique dans cette situation, ni même moral en ce qui nous concerne, nous les spectateurs effarés de ce mauvais feuilleton.

Bien entendu, la question morale concerne les protagonistes des événements, qui eux sont bien confrontés aux exigences morales qu'ils peuvent rejeter ou assumer selon leur liberté de choix et l'inflexibilité de leur miroir. C'est leur affaire et non la mienne, et qu'elle se négocie ou se dispute devant un tribunal civil ne me regarde pas. Aucune transaction amiable ou condamnation civile ne m'apportera de nouveauté sur le vrai du faux des neuf minutes décisives pour ce qui est de la Vérité majuscule.

Il y a donc bien un enjeu très important qui est un enjeu philosophique, qui nous ramène à Platon et à la notion de Vérité. Ce sera en réfléchissant à cette frustration que nous parviendrons peut-être à éviter que cette affaire ne se transforme en machine de guerre machiste contre toutes les plaignantes à venir d'agression sexuelle ou de viol, ou en chantage à la plainte fallacieuse, autre versant certes moins inquiétant mais malgré tout non négligeable, de ce balancement du vrai et du faux.

Andrem Riviere a dit…

Mon commentaire ne suffit pas. Je ferai un billet si j'en trouve le temps. Le sujet est bien plus difficile qu'il n'y paraît, et faire son deuil de la vérité une tâche ardue.

Car ce n'est pas seulement une question de deuil, mais une question de dégâts collatéraux. Et ce sont ces dégâts là qui dégagent, qui déballent, qui nous gazent.

gunese a dit…

Ça vous fera de la matière si vous vivez en tant que blogueur et écrivain vous voulez dire?
(Excusez moi de ne pas commenter l'article, mais je lis souvent ce blog sans commenter et là, j'ai du mal lire en silence "faire son deuil de la vérité")