mardi 21 novembre 2017

CARTOON

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Il était une fois un hérisson qui voulait devenir aussi célèbre que Groucho Marx. Il décida de se faire la même moustache dont il pensait qu’elle était le secret de sa réussite. Le mieux pour lui était de rejoindre les studios de la MGM où il saurait bien trouver le maquillage nécessaire.

Après des mois d’efforts, le hérisson avait parcouru l’immensité des studios à la recherche de l’atelier de Tex Avery sans se faire repérer, ni par le lion, ni par Goldwyn, ni par Monsieur Mayer. C’était déjà un exploit. Il profita de la sortie d’un machiniste qui voulait fumer au soleil pour s’introduire dans le bâtiment. Il trouva facilement les bureaux de dessin où travaillaient comme des soutiers les stagiaires mal payées mais jolies. Au troisième bureau se trouvait la troisième stagiaire qui en plus était trompettiste ; elle faisait là de quoi mettre du ketchup dans son hamburger, étant au chômage quoique virtuose.
 
Le hérisson attendit derrière la poubelle que la porte s’ouvre, ce qu’elle fit à la pause, et il entra dans la pièce. Il se trouva entouré de poteaux verticaux inaccessibles soutenant les planches à dessin et les tabourets assortis. Une futaie hostile. Prenant son courage à deux piquants, il tenta une escalade, il fallait bien la trouver, cette moustache à dessiner.
 
Il entendit les rires dans le couloir autour de la machine à café mais il glissa le long des pieds du tabouret. Il finit par accrocher un pan du rouleau de calque qui se défit entièrement sur le parquet entraînant les crayons, les feutres, et tous les ustensiles traceurs d’un dessinateur animé. Il put alors s’enduire de fusain noir façon moustache géante. On entendit dehors Droopy se vanter d’être heureux, et la troisième stagiaire entra qui n’avait pas bu que du café. Elle s’étala de tout son long dans le rouleau de calque et se retrouva nez à nez avec le hérisson noirci qu’elle prit pour Groucho Marx dont elle était amoureuse.
 
Elle y vit un signe du ciel et saisit sa trompette pour jouer My-Funny-Valentine. Droopy reconnut aussitôt la musique et se précipita dans l’atelier, il avait compris que Groucho Marx était dans les parages. Mais au son de la trompette le masque de fusain s’était répandu sur le sol et seul émergeait du brouillard un hérisson hagard que la trompettiste ensanglantée serrait contre elle. Droopy le sauveur arracha le hérisson de ses mains sans s’occuper des échardes, sortit du studio et le jeta sur la route où justement arrivait le loup dans sa décapotable.
 
Le hérisson devint paillasson, et Droopy dit : « pas de hérisson chez Tex Avery », puis il ajouta avec l’enthousiasme que tous lui connaissent : « vous savez quoi ? I’m happy ».
 
C’est tout, les amis.
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