jeudi 27 octobre 2005

Les deux mariages

Le texte qui suit participe à un jeu. Il n'y a rien à gagner à ce jeu sinon celui de lire et de voir tout ce que font les autres participants à ce jeu, et c'est le plus joli prix qu'on puisse imaginer. Pour jouer, il faut aller chez "RACONTARS" dont auquel le blogue est joignable par le lien là, sur la droite, même que c'est écrit "racontars". Vous pouvez aussi cliquer sur le titre de ce texte, "les deux mariages" et hop, vous voilà chez "racontars".



(A.I - 1) Nous nous sommes donc tenus à l’écart de Naples et de la courbe Nord de la baie. Nous nous sommes privés de solfatares, de Pozzuoli, d’Ischia et de Champs Phélégréens. Sagement, nous avons pris le bateau pour Capri, histoire de croiser les millions de japonais qui y défilent en rangs serrés, caméra au poing, puis nous avons fait le tour de notre petit bout de terre, notre presqu’île sorrentine, Positano, Amalfi.


(A.I - 2) Le cœur n’y était plus. Tu apprendras peut-être comme je perds facilement le fil de mes contemplations dans la foule, au milieu des boutiques et des restaurants, et quand soudain je sens l’hémorragie du temps qui s’écoule. Comment savourer l’air, entendre les odeurs, respirer la lumière, s’il faut courir après la pendule et lécher les vitrines à colifichets, dernier jour avant fermeture ! Tu peux aller à Amalfi et à Positano, tu ne le regretteras pas, c’est joli et tout et tout. Beaucoup plus joli que Gallipoli, Otranto, et Vieste réunis. Mais moi, c’est la Pouille que je préfère.


(A.I - 3) Heureusement, nous avons encore vu deux mariages. Il faut que je te parle des deux mariages que nous avons vus. Le premier avait lieu à Positano. Tout en bas de la ville, le cortège s’est faufilé au milieu des enchevêtrements d’escaliers et de ruelles pour arriver à l’église non loin du port minuscule. J’ai vu la mariée, flamboyante, italienne du petit orteil droit au lobe de l’oreille gauche, sans parler des cheveux hauts perchés et des talons assortis, grande brune exubérante et maquillée, entourée, protégée, gardée, par des mines patibulaires en costumes sombres, lunettes noires, et ports dédaigneux. J’ai vu le père de la mariée, gauche et fier, prendre sa fille par le bras et, sous les vivats de la famille, entrer dans l’église le plus dignement possible ; et je sentis dans ma chair le tremblement qui devait l’agiter.


(A.I - 4) La cathédrale Saint-André d’Amalfi se dresse en haut d’une volée d’escaliers comme on n’en fait plus. C’est là que nous avons croisé l’autre mariage. Nous avions visité cette cathédrale à la beauté intérieure indicible. J’ai pensé à papa. Il s’appelle André, je pouvais donc bien penser à lui dans cette cathédrale à son nom. Il m’accompagne partout, il m’observe, il m’apaise. Alors, près de l’autel, moi le mécréant j’ai pensé à lui plus mécréant encore et un instant j’ai cru à la vie éternelle. Nous en reparlerons et je ne suis peut-être pas si mécréant que je le dis. J’ai laissé le saint dans sa relique, et mon père et moi sommes sortis rejoindre ‘Aliénor qui descendait déjà le grand escalier.


(A.I - 5) En bas attendaient les grosses limousines noires : les frères, les cousins, toute la famille italienne était là à faire le cercle, à monter la garde, il ne manquaient à leurs mines que les armes à feu. Voici la mariée, elle sort de la Mercedes, et soudain le grand escalier se vide. Le groupe des hommes est en bas, le groupe des femmes est en haut. Les orgues jouent à pleins poumons.


(A.I - 6) Le père, cheveux blancs et costume gris, et la jeune femme, traîne interminable cascadant les marches, montent lentement, tandis que virevoltent un photographe, un vidéaste et la malheureuse demoiselle d’honneur qui s’efforce de maîtriser tous ces tissus légers dans le vent qui se lève. Depuis la place en contrebas, j’ai le temps moi aussi de faire quelques photos. Tu les verras peut-être un jour, diapos oubliées au fond d’un tiroir.


(A.I - 7) L’heure tourne, impossible de continuer plus loin sur la route, nous n’irons pas au delà d’Amalfi, tous ces mariages nous ont retardé, il faut rentrer, ne pas s’arrêter à Ravello sur sa crête, ne pas regarder la mer. Nous avons perdu trop de temps. Je vois bien que tu ne me crois pas et que le temps perdu n’en était pas, à voir marcher les mariées et leurs pères, à entendre les orgues et les rires.


(A.I - 8) Demain, nous visiterons Pompéi : deux mille ans de mariées anéanties, de musique oubliée, de rires brisés, par la seule colère d’une montagne en feu. Nous pouvions bien sauver quelques heures de ces deux mille années là.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli

Anonyme a dit…

Mais tu aurais pu dire que tu fais participer ce texte à mon petit jeu. Le lien, c'est bien, la pub, c'est mieux ;-)

Andrem Riviere a dit…

Voilà, la pub y est, publiée.