jeudi 26 avril 2007

Inusité.

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Introduction.


Une fois n'est pas coutume, dit l'expression. Il faut bien parfois sortir de ses habitudes d'écriture et oublier le soin et la torture des mots, les phrases alambiquées et l'obscurité complaisante de formules évasives. Ne pas faire de l'andrem dans le texte en quelque sorte.

Je tape cette fois directement dans la case prévue à cet effet, sans manuscrit crayonné sur carnet, sans recopiage laborieux sur cahier, sans reprise dix-huit mois plus tard sur Word, pour finir en copier coller dans un blog d'humeur, chez un moine dépourvu d'inspiration, ou en Amérique. J'espère avoir la chance de ne pas être poursuivi pour fautes de frappes tragiques et orthographe d'halluciné.

Texte.

J'ai regardé la télévision hier soir. Je vous le disais bien, une fois n'est pas coutume. J'ai même regardé du côté écran, là où il y a des images qui bougent, mais si mais si. Il y avait Arlette Chabot et son pantalon qui tue, face à une dame en qui j'ai cru reconnaître Ségolène Royal. Je me méfie toujours de mon incapacité génétique, je dis génétique puisqu'il paraît que tout l'est mais je n'en pense pas un mot, à mettre un nom sur une physionomie que je crois connaître et réciproquement. J'en ai fait, des boulettes, à cause de cette malformation.

Ce n'est pas sur moi que je voulais écrire ici en impromptu, mais que voulez-vous, l'impromptu ne peux empêcher la digression fatale, l'andremisme de proximité peut-on dire. Revenons à mon mouton, la dame blanche et noire.

Personne ne prétendra que la Chabot lui a déroulé le tapis rouge. Ce n'était que peaux de banane, perversité et pièges qui défilaient sous nos yeux. Je ne lui en ferai pas le reproche, c'est du journalisme bien fait de piéger le candidat sur la sellette, j'attends juste qu'elle soit aussi savonneuse, perverse et rusée face à l'autre et j'ai comme un doute, mais bon, face à Ségolène Royal elle a bien fait son travail de déstabilisation démocratique.

Voici pourquoi j'écris ici, au premier degré et en réaction simpliste et immédiate. J'écris pour vous dire mon admiration devant le slalom géant dévalé à toute allure par ma championne, sans complexe, sans hésitation, sans faiblesse, et en passant toutes les portes à moitié fermées qu'Arlette lui présentait à chaque virage. Et sans reniement, comment elle a su montrer sa capacité de rassemblement.

Arrêtons l'hypocrisie.

Tout le monde sait, tous les citoyens le savent, que ce sont les électeurs de François Bayrou qui vont décider, plus que les fidèles qui sont déjà accrochés à leur candidat d'élection, plus que les allergiques qui sont déjà décidés à couper la route du candidat qu'ils haïssent, ou de la candidate. Car la haine est bien partagée dans cette affaire.

Il y aura certes du mou dans la corde à noeuds à la gauche de la gauche et à la droite de la droite, il y aura même des reniement du vote du premier tour, je suis prêt à parier qu'il existe dans notre beau pays des gens qui ont voté Sarkozy hier et qui voteront Ségolène demain, comme d'autres feront l'inverse, je le parie, on en trouvera bien quelques uns, comme il y a des gens qui ont voté Facteur et qui vont voter Faipeur. La réalité dépasse souvent l'affliction.

Il faut bien que les candidats prennent acte de cette force politique nouvelle, centrale à ce qu'il paraît. Je n'en ferai jamais partie, que nul n'en doute. Il n'empêche qu'elle existe et le nier est aussi absurde que se renier. Cette force sera-t-elle durable, sera-t-elle ancrable dans notre monde, je ne prédis rien. Héraklite me souffle qu'elle n'est pas de bon aloi, peut-être, mais le vieux maître ne rajeunit pas. Je crois possible de faire passer la ligne de fracture entre droite et gauche non seulement entre tel parti et tel autre, mais entre tels groupes d'électeurs et tel autre, à l'intérieur de tel groupe d'électeurs, et pourquoi pas, à l'intérieur de chacun de nous. Le combat n'en est pas moins rude.

Les objections.

La dame ne s'est pas reniée, elle n'a pas abandonné la gauche à son triste sort, elle n'a pas fait de concession sur son pacte. Elle en a seulement fait ressortir ce qui était, mais déjà depuis longtemps, des convergences. C'est la moindre des choses. Elle aurait quand même pu s'abstenir de parler de ministres UDF avant-hier, d'autant que l'UDF est morte et qu'elle s'est couchée devant Faipeur. Vive le Parti Démocrate, dont je ne serai pas, soyons clair. Hier soir, la candidate a oublié ce mot de ministre UDF, mot de trop, elle a évoqué seulement les compétences et les convergences. Dont acte, dont pacte.

N'ayons pas peur de travailler ensemble à notre rénovation de pensée et n'ayons pas peur de rester fidèles à nous mêmes, ce qui n'est pas contradictoire; c'est même la plus difficile de nos fidélités : donner audience à qui pense autrement mais qui, lui aussi, nous écoute. Que la nécessité électorale pousse les politiques à accomplir cet effort sur eux-mêmes est une preuve de la grandeur de la démocratie, et non une manifestation de traficotage.

L'objection est visible: après tout, le camp d'en face fait de même. Appel du pied et contrepied. Justement, contrepied, ce qui n'a rien à voir, et l'amalgame des deux démarches est malhonnête, on voit bien qui le fait, cet amalgame.

Tu as tout faux, mon bon ami objecteur. Le camp d'en face pratique la débauche des élus à coup de menaces élégantes du genre ah ah ah on va bien rire au deuxième tour des législatives, qui c'est qui ne va pas se désister, le camp d'en face demande une soumission en rase campagne, le camp d'en face oublie soudain sa dureté initiale pour mettre du beurre où l'on voudra pourvu que ce soit plus doux, et parle même de protéger les faibles. Qui croira le camp d'en face, hormis ceux qui n'écoutent plus rien depuis longtemps, au motif que moi monsieur je ne fais pas de politique?

Pour qui le camp d'en face prend-il les électeurs? Encore une fois, Madame Royal n'a rien renié de son premier tour; ne le lui a-t-on pas assez reproché, d'être "de droite" en ce temps là, la gauche de la gauche sait très bien retrousser les lèvres en prononçant ces mots, Mélenchon mieux que quiconque. On voit bien ce qu'a donné la réalité de la gauche de la gauche devenue pitoyable à force d'auto-conviction déconnectée.
Bon, il faudra un jour clarifier cette notion, mais on devine un peu, non?

Le pire est dans cette affaire qu'
elle a ma sympathie idéologique, ce qui est uniquement mon problème, et je me charge d'y réfléchir tout seul dans ma chapelle, je vous enverrai une carte postale le moment venu.

Conclusion.

La dame ne se renie pas, elle garde intact son pacte (exercice de prononciation, répéter très vite à haute voix), elle écoute et respecte les électeurs qui doutent.

On va dire et on aura raison, que je suis un fidèle accroché à mon candidat. Juste une voix garantie. Les appels et les sourires ne me concernent pas, chacun sait qui a mon vote depuis longtemps. Je le redis pourtant, si chaque redite permettait de gagner un demi-électeur je serais prêt à redire soir et matin.

Je voterai Ségolène Royal au deuxième tour, sans aucun doute sur ses qualités humaines et sa compétence politique. N'est-ce-pas ce qu'il nous faut, pour nous représenter tous, pour nous incarner tous?

FIN.

3 commentaires:

/.\ a dit…

En tout cas qui qu'on élise (à la lettre), l'état le plus fécond d'Europe sera représenté par une personne JEUNE ayant des enfants non adultes.
Rien que ça, c'est un changement qu'on doit au vainqueur quelle que soit la longueur de ses cheveux et la couleur de son parti.

/.\ a dit…

C'est beau de ne pas douter...
Le dilemme dans ma toute petite tête de cloche avant le premier tour avait même réussi à m'empêcher de dormir. Ah c'était bien, avant ! Quand la politique m'importait autant que le sens du vent à Ouagadougou... D'insouciante endormie me voilà devenue citoyenne insomniaque. Je préfèrerais 'citoyenne éveillée' !

Anonyme a dit…

Elle reviendra la Dame, il faut qu'elle reste. Un illustre prédécesseur a bien attendu plus de vingt ans et il a duré quatorze ans.