dimanche 18 novembre 2007

Pépé le Marocain #3.

3. Sa mort.

Puis un jour, la tête brûlée se réveilla. Son chef du moment, un diplômé débarqué à la légion pour des raisons mal élucidées mais pourtant général, lui ordonna quelque part là où le Sahara vient se cogner contre l’Anti-Atlas en multipliant les oasis secrètes, d’entreprendre une stupide manœuvre d’attaque d’un groupe Chleuh que sa science toute neuve et scolaire lui avait suggéré d’attaquer.

La réticence du Colonel lui déplut. « Vous avez peur », lui dit le Général. Le Colonel sortit sans rien dire et organisa la manœuvre comme il voulait, sans tenir compte des ordres. Si j’ai bien compris les stratèges en chambre qui se sont évertués à m’expliquer (c’est pourtant simple, qu’ils disaient), il fallait surtout éviter de descendre par la crête où attendait l’embuscade car la fausse sécurité que donnait l’élévation du terrain était utilisée comme appât, le Colonel savait depuis longtemps mais ce n’était pas dans les livres du Général, il fallait au contraire arriver par le bas en passant avant l’aube dans les deux thalweg de part et d’autre. Bon, si tu as compris, tu viendras me faire un dessin.

Mais le Colonel, bouillant de rage incontrôlée, voulait montrer au monsieur étoilé que lui, le Colonel, n’avait pas peur ; il ajouta un appât à l’appât. Son équipe, comment dire, un escadron, un bataillon, un régiment, une armée, bref, les hommes dont l’Homme avait charge d’âme, firent la manœuvre par le bas comme lui le voulait, et lui décida de descendre par la crête seul sur son cheval dont je ne connais pas la couleur personne ne me l’a dit, exactement comme le voulais le Général, on allait voir ce qu’on allait voir. Avec son képi blanc en guise de panache.

On vit, il en mourut. Une seule balle dans la gorge à l’endroit prévu de l’embuscade certaine, suivie d’une agonie de plusieurs heures parce que la balle n’avait touché ni les cervicales ni la trachée. Un petit trou dans la carotide en plein désert. La légende veut qu’une fois le blessé reconnu par les Chleuhs embusqués, car le connaissant ils le reconnurent, ils l’allongèrent doucement et tentèrent de le soigner, avec l’aide de la troupe sortie des thalwegs avec un drapeau blanc. Bon, c’est la légende, hein.

#4 à suivre

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7 commentaires:

Anonyme a dit…

En quelque sorte l'histoire de l'Histoire, quel beau livre cela ferait.

Anonyme a dit…

Il en est ainsi de quelques uns, la ligne droite, rien que la ligne droite ...
Quant à te faire un dessin, faut-il ajouter la topographie des lieux ? je ne connais pas ceux-là mais en matière de talweg c'est différent. Par contre ne jamais y planter sa tente, ce pourrait être le lit d'un torrent.

Anonyme a dit…

Le panache blanc, le shako rouge... toujours les mêmes morts inutiles d'orgueil. Et en même temps, c'est quoi un monde sans honneur ?

Anonyme a dit…

C'est quoi un talweg?

Andrem Riviere a dit…

Marie, Marie-Aude, Alix, vous ne vous êtes pas donné le mot, même si je commence à soupçonner un complot ourdi dans l'ombre de l'obscurité sans lune.

Vous avez déjà commenté la fin, le numéro 4 qui ne va pas tardé en ligne, et qui a été le premier écrit, en réalité. Il attendait son heure et voici qu'il se demande s'il reste utile.

Que si que si.

Alix: un thalweg est une forme topographique du terrain, qu'un vulgaire locuteur comme toi et moi appellerait vallon, vallée, creux, et plus précisément c'est la ligne qui suit la cote la plus basse des deux pentes descendante qui se recoupent. Pouquoi un mot si compliqué pour désigner ce qui est si simple?

D'abord parce que c'est un mot militaire. Ensuite aprce qu'il a de bonne chances d'être d'origine allemande. Enfin parce que, à y regarder de près, le mot vallon, ou le mot vallée, ou le mot creux, ne sont pas satisfaisants si l'on veut être très précis. Il n'y a pas coïncidence entre ces notions, et c'est pourquoi les géologues, les terrassiers, les constructeurs et les bétonneurs, utilisent bien plus le mot Thalweg que vallon ou val. Et quelques autres, pas plus militaires que toizémoi.

Andrem Riviere a dit…

Arrrghh. Tarder, pas tardé. Descendantes, pas descendante.

Anonyme a dit…

Si j'ai bien compris, Thalweg en patois cévenol se dit "vallat", c'est ça?
Et pour l'ombre de l'obscurité sans lune, c'est raté, c'est la pleine lune... enfin, je crois ;-)