mercredi 22 juin 2005

Feuilleton télévisé: Troisième épisode

Certains le disent vicomte, mais petit marquis lui sied. Le petit marquis a parfaitement raison de triompher. Il est le vainqueur. Grâce aux voix de ma camarade, le voici promu matador de l’Europe, olé. Il n’en espérait pas tant de sa carrière politique. Il a pour moi deux grandes qualités, cet homme.
La première est que je l’ai toujours entendu vouloir la mort de l’Europe. Il ne nous a donc pas pris en traître, il ne fait pas partie de ces opportunistes gluants qui ont surfé sur la vague de juste colère pour se hausser du col, fût-ce au prix de la destruction d’un rêve en général et de leur parti en particulier. Le marquis a donc tous ses galons de cohérence et de continuité, et cohérent et continu de même, je continuerai à le combattre au lieu de lui dérouler le tapis rouge comme le font les nons d’aujourd’hui.
La deuxième qualité est que sa xénophobie est ostensible. A la différence de quelques autres, il ne s’embarrasse pas de contorsions indignées et s’il n’a pas cité dix-neuf fois le mot de Turquie pendant son quart d’heure de célébrité devant Mazerolles il ne l’a jamais prononcé. Je ne compte même pas les mots d’immigration ni de sécurité. On sait très bien dans quelles terres chasse le marquis et ceux qui lui déblaient le terrain devraient s’en souvenir, et la vague à surfer dans ce coup là est connue depuis belle lurette. Nos petits nons ne sont plus à une vague à surfer près.
Qu’on se le dise, voir parader devant tous le grand vainqueur de ce désastre ne constitue que l’aboutissement logique de l’autosatisfaction des nons. Quant au progrès social, on demandera au marquis de s’en occuper, je suis sûr qu’il nous trouvera de très bonnes solutions, et la tête de turc c’est comme son nom l’indique.
Vint le tour de Strauss-Kahn. J’ai fait court, sur le marquis. Je vais me rattraper sur l’éléphant de service. Il y aura un peu de tartine sur le troisième épisode, et le reste viendra avec le quatrième et dernier. Il avait l’air fatigué, Doumé. Anne devrait se faire du mouron. Voir la fatigue à travers le maquillage est très mauvais signe.
Tout était donc en place pour que s’ouvre le boulevard des banalités d’usage, il ne lui restait plus qu’à s’y engouffrer ; depuis quelques jours on en a l’habitude, bien que le lenteur de mes interventions commencent à me décaler de l’actualité. A peine si l’on se souvient qu’il y eut un référendoume, seule l’attitude Blairienne nous rappelle que nous n’avons plus voix au chapitre. C’est bien ce qu’ils voulaient, les nons, non ?
Un détricotage inexorable.
Les banalités d’usage, vous les connaissez toutes : le message des français qu’on a entendu, le grand sursaut qui va venir, ou le rebond parfois plutôt qu’un sursaut, la désunion qu’on saura éviter, les morts qui vont parler, De Gaulle aurait voté ceci ou cela, et Mitterrand aussi, Mendès, Jaurès, et bien d’autres. Ne pas oublier le Grand Projet d'alternance, pour faire bonne mesure. Et si on a exclus des trublions, c’est juste une question de statuts et non de non.
Bon, si vous trouvez d’autres banalités vous pouvez les ajouter, je fatigue et je m’énerve à les aligner. Je manque d’imagination en matière de banalité, je ne ferai jamais un bon politique. Je m’attends donc à tout et même au pire quand Strauss-Kahn commence à répondre aux questions de ses interlocuteurs. Et ces questions naturellement l’embarquent directement vers les banalités attendues, à croire qu’ils sont tous complices.
Il n’était pas si fatigué qu’il paraissait, le Doumé. Alors je vous en parlerai quand j’aurai le temps, avec le quatrième épisode.
(À suivre)

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