samedi 16 août 2008

Propos... #7. On n’a pas besoin de souffrir soi-même.

On n’a pas besoin de souffrir soi-même.


On n’a pas besoin de souffrir soi-même pour savoir que la souffrance existe. Voir souffrir ses proches, ses plus proches, est douloureux aussi sinon aussi douloureux. Ne pas comprendre ce qui se passe, ne pas savoir quoi faire, faire ce qu’il ne faut pas faire, découvrir qu’il y a des années que le mal mijote et qu’on n’a rien vu rien entendu alors qu’on se croyait bon père, pour certains bon mari ou bon ami, et un beau matin repêcher quelqu’un in-extrémis dans la baignoire ou dans la rivière, moi c’était plutôt baignoire, rend inacceptable que quiconque prenne des airs supérieurs en disant que tout ça c’est du chiqué.

Petit Hank, tous les gens de cette place publique où tu viens te pavaner t’on déjà raconté ce que j’écris. Ils ont tous, subtilement, discrètement, pudiquement, parce que ces cicatrices là sont fragiles, tenté en te montrant leur réalité de te faire admettre qu’on était bien au delà du nombril, et que la vie est en jeu dans cette affaire. En vain.

Et voilà pourquoi j’ai choisi d’interpeler l’homo Hank. Je ne te connais pas, ni ton nom, ni ton visage, ni tes petites manies ni tes grandes qualités, je ne sais rien ; et je prétendrais t’interpeler ! Tu vas penser, tu penses déjà, que la plaisanterie est facile, puisque je peux inventer n’importe quoi à ton sujet. En réalité, je ne peux pas inventer n’importe quoi car je te connais bien plus que tu ne crois. La réciproque pourrait l’être aussi si tu avais fait un peu attention, je laisse assez de traces de moi, les escargots ne font pas mieux. Ainsi, j’interpelle une silhouette qui s’est dessinée sur mon écran au fil des jours, au fil des fils ; j’interpelle la silhouette dessinée par tes écrits ; j’interpelle la silhouette que tu as toi-même construite et qui te ressemble.

Nous formons tous un théâtre de marionnettes, ici, où nous sommes nos propres décorateurs, maquilleurs, et manipulateurs. Il arrive que sa silhouette échappe à celui qui la construit, sur l’écran d’un autre. Il arrive que la création à deux, écriveur et lecteur, ne ressemble pas à l’original, et que d’un écran l’autre les silhouettes issues du même inventeur deviennent toutes différentes. Il se peut que l’homo Hank que j’interpelle ne soit pas du tout celui que tu crois être.

Celui que j’interpelle, où qu’il soit, se reconnaîtra bien. Je sais qu’il existe, et au moins sur l’écran.

#8 à suivre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La création à deux ... tu donnes un rôle important au lecteur ? je pense que l'écriveur doit souffrir pour que le lecteur soit satisfait .. mais non, mais non, le partage, il n'y a que ça de juste.