mercredi 5 septembre 2007

#3/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens




Il y a des voyages qui partent de la gare d’Austerlitz. Jadis étaient ainsi les départs vers Angoulême, Libourne, Bordeaux. Je me souviens du haut-parleur inaudible et tonitruant qui égrenait les gares qui nous attendaient au bout de l’interminable, ces noms étranges introuvables sur la carte : Lézaubrais, Saint Pierre Décors, écrits comme ils s’inscrivaient là-dedans. Ce que vient faire ici Angoulême ne relève pas du hasard mais bien de ces croisements furtifs qui apparaissent parfois. Je n’évoquerai ni la Guadeloupe ni la rue de Trévise, ce serait trop en rajouter. Mais c’est ainsi que très vite je suis devenu Akynou-mane. Nous n’avons pas pu nous « presque croiser » à tant de lieux sans qu’il y ait quelque lutin comploteur là-dessous. Jamais au bon moment mais toujours au bon endroit. Est-ce ma faute si elle a trente mille ans de moins que moi ? Mais il pouvait se partager une amitié, une complicité, une connivence, je ne sais pas, moi, un rien qui compte.

Que mon plus récent souvenir de Ma Campagne soit une odeur de vomi d’enfant à cause des ronds-points de la rocade du même nom n’y changera rien, même si ce souvenir n’a pas plus de quelques heures d’âge. Alors il faut bien que je m’habitue au silence un peu agacé. Ce monde que je fréquente est à l’image du monde de Tarquine, ils sont le même monde en fait, et ce n’est pas le mien. Tout au plus un petit passage silencieux, un petit mot bref à la rigueur, mes longs discours bassinent vite et tu ferais mieux de la fermer, l’Andrem. L’Andrem est dur de la feuille, c’est plus fort que lui, il DOIT se répandre. Comme ici, tiens, justement.

Le blogue est un exercice bien de ce temps, un exercice jetable, rien ne rime à rien sinon à une brève crampe nommée plaisir, prétendue plaisir, un clou chasse l’autre, un billet enterre le précédent pour quelques heures avant d’être enterré à son tour pour toujours. Chacun des miens hélas ne peut exister que par ses voisins, la pile au dessous et la pile en attente, tous ces billets en bouteille que le courant ballote encore quelque part dans les tourbillons glauques. Mes clous sont ceux qui devraient faire tenir la falaise à la fin de l’envoi, mes clous sont ceux qui parsèment la porte de la cathédrale de têtes dorées, un seul vient à manquer et la porte doit être jetée, porte de cathédrale ou de prison, je n’ai aucune prétention spéciale, porte de sortie, porte à porte, du moment qu’elle est cloutée. Je ne suis pas chez moi dans le blogue de passage et d’oubli.

« Pardonnez moi princes si je
Suis bougrement moyen-âgeux. »

A propos, j’ai dix cartons à jeter, et je cherche qui pourrait me rendre service en les prenant. Format carton de déménagement. C’est grand comme ça par comme ça par comme ça, pas plus.

Il en tourne du monde, autour des Racontars d’Akynou. Des sirènes et des étoiles, des airs sombres et des sourires éclatants, des colères et des éclats, tremblements de terre et déracinements de chênes, confitures et marionnettes, une famille de bruit et de fureur comme seule la vraie vie sait vous la concocter, qui épuise et qui lui donne sens, à la vie. Comment vivre sinon, comment donner sens si l’on n’est pas épuisé ? Pourtant, les soirs où les bras vous tombent et où la pluie n’a pas cessé de brouiller le toit d’en face, on aimerait bien qu’elle n’ait plus de sens la vie, si on pouvait une heure, une heure seulement, souffler.

Chez elle, il y a encore des Sophil et des Chiboum, des Oxygène et des Kozlika, des Fauvettes et des Ours polaires. Il paraît que c’est petit, chez elle, au point qu’elle va abandonner le nid pour se rapprocher de son neuvième d’autrefois. Petit ne signifie pas vite fait. La tournée des racontars demande, comme pour les chats, sept vies pour être accomplie. Sans même parler des sœurs.

#4/7 à suivre.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

Les mots qui ne s'écrivent pas comme on les entend .. encore des souvenirs !
Andrem qui écrit "hélas" alors que je dis heureusement qu'il existe par ses billets voisins et les dix cartons à jeter seraient-ils pleins de ces exercices ? je prends, je comprends, je surprends, j'apprends. C'est juste que je ne fais pas le lien avec bas-âgé pour comprendre la finesse de l'a propos.

Anonyme a dit…

Vides ou pleins les cartons ?
Ou j'ai pas compris ?
Et j'espère ne pas avoir compris le reste comme je l'ai compris.
Hum...
Je ne me relis pas, j'aurais forcément honte :-)

Andrem Riviere a dit…

A Marie et à Missy'V.
Bonjour, d'abord, de ce bon matin gris. Comme est gris qui a bu.

Puisque les cartons semblent vous intriguer l'une et l'autre, sachez qu'ils ne sont ni pleins ni vide, ils sont plats. Comme des cartons de déménagement qui n'auraient jamais servi mais qui, en pile de dix, encombrent.

Evidemment, je peux les jeter, dans la poubelle espéciale carton-journaux car je trie moi madame.

Mais peut-être aussi qu'une bonne âme saura y voir un intérêt, ne serait-ce que celui de me rendre le service de m'éviter de les jeter, peut-être justement parce qu'elle serait juste là bientôt en train de déménager, pas besoin non plus de grands voyages sidéraux, tels que pour aller du Portugal au Chili, exemple au hasard, seulement descendre un peu de la butte pour se rapprocher des plaines marécageuses, des boulevards grands, quelques centaines de mètres pour qu'ils finissent par se sentir utiles, les cartons.

Miss, j'ai bien peur que tu aies compris comme tu as peur de l'avoir compris, mais tout espoir n'est pas perdu, il reste encore quatre billets pour aboutir au septième, tu sais bien que les murailles tombent la septième fois, sans parler du septième sceau ni du septième an de réflexion. Tu te verras dans ma glace.

Marie, attends un peu aussi. Le "à propos" trompeur n'était pas du tout à propos, puisqu'il annonçait seulement la toute fin du texte sans lien avec ce qui précédait : c'était pour mieux m'embrouiller.

Anonyme a dit…

J'ai bien un deal à te proposer mais j'ai peur qu'il(s) ne t'encombre(nt).
Le deal autant que les cartons.
Alors je fais quoi ? Ben rien, comme d'hab.

La miss elle dit qu'on devrait pas pouvoir préparer ses billets à l'avance.
Et que si je commence à me voir dans le miroir des autres, je vais devenir personnage à personnalités multiples, on va me mettre la camisole et je vaisretourner dans le Monde Etrange.

Puis j'ai cru comprendre autre chose.
Même que j'ai peur.
Mais je maîtrise un peu maintenant.
La peur comme la honte.

Je m'en vais sur "aujourd'hui", y a un truc qui me turlupine...

Anonyme a dit…

Je ne descend pas vers les plaines marécageuses du 9e, je passe de l'autre coté de la butte, non loin de l'endroit où je suis née ;-) Des fois, je me dis qu'à force de m'en rapprocher, je vais finir par y mourir aussi...
des cartons, oui, bien sûr, surtout si ça te fait de la place. Mais comment les récupérer.

Juste deux choses avant de filer. Tu n'as jamais été importun chez moi même si parfois tu m'as fait raler et tu y seras toujours le bienvenu, même si tu préfères bouder.
Personne n'a parlé de Racontars aussi joliment. Merci

Anonyme a dit…

Je passais voir le moine... Des cartons... ce n'est pas de notre époque ça... Il faut absolument t'en débarasser, ils viennent d'un temps et d'un monde pire que le notre...

Ils viennent d'une existence où tout peut s'emboiter...

Alors que par chez nous... Nul ne sait jamais ce qui pourra arriver.

Bonne soirée mon ami moine... Je t'attends dans ma forêt.