lundi 10 septembre 2007

#6/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens.

L’une est blonde l’autre pas. Brune donc. Je me garderai de te parler de leur âge, ce n’est pas galamment correct à ce qu’on dit bien que l’une comme l’autre seraient plutôt du genre à se méfier devant des courbettes galantes. Et quand je dis méfier, j’euphémise, le coup est peut-être déjà parti. Mais la somme des âges pourrait bien ne pas atteindre mon total déjà dépassé, ou de si peu.

L’une est du Nord l’autre est du Sud, oui tu as deviné Sud. Trop facile. Mais la nordique est née bien plus au sud que la sudette, et son œil bleu cache un continent noir entier derrière le beurre de même teinte à cause d’un coin de placard dans une trajectoire hasardeuse et nocturne. Guéri depuis longtemps le nœil, oui, mais le bleu à l’âme crois-tu qu’il guérit si bien, lui ? Et le continent, crois-tu qu’on l’oublie si facilement ?

La sudette aussi a su naître à grand spectacle. Je la vois nue un soir de sirocco, quand la vague sèche et noircie vient balayer le rivage de ses frissons brûlants, quand le sable cache la lune dans son dernier quartier, ce sable que nous apporte le vent du continent sauvage. Elle n’a pas besoin de coquille comme Aphrodite maniérée façon Botticelli, elle marche sur l’eau nerveuse, nerveuse aussi, elle ressemble à un Caravage. La blonde serait plutôt Rembrandt avec un zeste de Van Gogh, absinthe comprise. Ne vas pas croire, j’aime beaucoup Botticelli en général et son Aphrodite en particulier, mais il n’est pas à l’ordre du jour chez nos dames. Deux peintres flamands dont un fou pour la belle belge, un seul mais criminel récidiviste pour la sudette. Vous vous êtes reconnues, mes filles, Folie et Miss. Non, Miss, tu protestes je sais, tu n’es pas Breughel mais Rembrandt. Ce n’est pas une question de gabarit tu n’y es pas, c’est une histoire de nœil, un secret entre nous, un regard, un intérieur, un silence. Tu es assez grande pour aller à la Kermesse sans moi. Privée de Breughel et de Botticelli, c’est ta vie de Rembrandt.

Et puisque j’écris privée, voici Folie. Tout le monde connaît Folie, sauf ceux qui ne la connaissent pas. J’aime Folie. Voilà, cette fille qui entre deux insultes et trois hurlements vous déchire le cœur que vous ne savez même plus pourquoi vous êtes là et comment vous vous appelez, qui franchit sur un fil malingre les précipices entre les montagnes, et qui revient sur ses pas par le même chemin et que rien que regarder ses yeux vous flanque le vertige, même si vous ne les voyez pas. Les yeux de Folie. Allez chez elle, elle ne viendra pas à vous, elle a tant de chats à fouetter, et Dieu qui n’existe pas devait se créer en vitesse rien que pour elle. J’ai dit en vitesse, nom de Dieu. Si encore il se dépêchait quand c’est vraiment important.

C’est Vinvin qui m’a amené chez elle.

Pour avant-finir, car avant la fin il y a une avant-fin, je vous emmène en Belgique chez les Ouallons visiter mon Rembrandt préféré. J’ai dit Rembrandt, avec un zeste de Van Gogh, inutile de râler dans ton coin, je t’ai définitivement privée de Breughel. Elle est blonde et elle est Belge et il est interdit de rigoler, enfin moi je vous l’interdis, non mais ho, blonde et belge on ne l’invente pas et Missy’V ne s’invente pas. Ne crois pas que tu resteras planté dans un pays d’Ardennes, de Schistes houillers et de Sambre et Meuse, avec elle tu iras aussi en Namérique, au Congo des ancêtres, à Rhodes la Kolossale, et en Nimaginaire des mille collines. Tu vois bien, elle ne s’invente pas, elle est. Comme est la brune du Sud, elle est, et qu’importe que tu aies des idées, elles sont. Les idées tu te les gardes, elles n’en veulent pas, ni des tiennes ni des miennes, et tu ne sauras jamais respirer l’air quelles brassent, qu’elle soit bière d’abbaye ou vin de syrah et grenache, qu’elle soit plat pays ou chute d’Estérel.

Parfois une stupide envie de les protéger me prend, là, en lisant, que je ne le leur dirai jamais sous peine de les mettre en rage, et les rages de Missy’V ne sont pas à mettre entre toutes les mains ni toutes les oreilles, les rages de Folies sont pires encore. Je connais ces rages dans des ailleurs qui ne m’ont pas laissé indemne, ces ailleurs qui ressemblent aux mondes étranges, c’est pour cela que parfois je me prends pour de bon pour ce que je ne suis pas, comme je m’étais pris trop tard dans les ailleurs pour ce que je devais être.

Ainsi je sais qu’un sourire fera oublier en un instant la tornade comme le soleil surgit de derrière les cumulo-nimbus une fois qu’ils ont fini de se vider de leurs foudres.

Je terminerai un de ces quatre par le lien fidèle. Celui par lequel j’ai gardé l’impression que parfois j’avais de quoi dire, sans comprendre ce qui ainsi a pu survivre sans lasser, de mon écriture ou de mes idées, de mes chroniques anachroniques et des mes divagations insensées. Ce qui me fait croire que le silence de toutes celles que je lis, et des quelques ceux que je lis aussi, n’est qu’un silence de manque de temps, de manque d’énergie, et non une bouderie ronchonne, non un rejet informulé, non une indifférence lasse.

#7/7 à suivre.

Post-Scriptum. Je profite de ma lecture des blogues du lundi matin pour souhaiter un bon quatrième anniversaire au blogue qui se reconnaîtra d'être né le 3 septembre 2003.


14 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut beaucoup de maturité-lucidité pour apprécier à leur juste valeur les courbettes galantes sans en être dupe. C'est infin iment agréable, autant que de vouloir voyager dans l'Orient-Express sans être pourtant nostalgique d'une époque définitivement révolue.
Côtoyer des personnes - qui ne rougissent pas de leur éducation gardienne des bonnes manières laissant oublier le passage des ans sur nos fronts lisses - est un rêve qui ne demande qu'à devenir réalité. Comme dit la réclame "un peu de douceur dans un monde de brutes" ça fait du bien à l'âme.
Femmes, mes soeurs, aimées des hommes tels qu'Andrem, nous ne vieillirons jamais.
Et puis toi, essaies de ne pas interpréter le silence ...

Anonyme a dit…

... ESSAIEs avec un nesse parce qu'il en faut plusieurs (essais) oteless pour moi c'était trop tard !

Andrem Riviere a dit…

Le silence est d'or. Je m'enrichis en l'interprétant.

De plus, je ne puis entrer dans un commentaire une fois celui-ci accepté, sinon en le supprimant purement et simplement. Hop, guillotiné.

Ce n'est pas mon genre de guillotiner les trop rares commentaires pour les taire. Tu verras pourquoi sous peu, car tu n'est pas encore passée dans mon collimateur.

Et ne va pas croire que mon amitié soit de tout repos. Mes proches te le diront, que je suis invivable avec mes lubies et mes naffaires. Je prends soin de soigner mon profil de médaille, ici. Que personne ne soit dupe, mon "en vrai " de moi est pire que mon envers.

Oublie ce que je dis dans un brusque accès de sincérité imprudente et continue à marcher dans mes combines, c'est tout ce que je souhaite pour moi, continuer. Je te le dirai demain, déjà écrit depuis 10 jours.

Anonyme a dit…

Tu peux ôter, j'ai recopié en catimini et je redépose si tu veux. Sais-tu que tu ne m'impressionnes pas du tout, serais-tu le Janus du napperon. Et puis une femme avertie en vaut deux si bien que tu ne profiteras pas de mes réflexions à moi-même en secret et encore moins en public. Oublier ? jamais ! et ce n'est pas ça qui peut empoisonner ma vie, empoissonner l'Aar - m'aurais-tu comprise si j'avais écrit l'art ? Quant à marcher, je cours, vite.

Anonyme a dit…

Vingt-et-une heures, quinze visiteurs et je suis seule. Madame Akinou a quatre ans et je ne vois pas quelles sont tes combines. Dix jours dis-tu ? je reste merplexe.

Andrem Riviere a dit…

Voilà voilà, le texte écrit va faire surface. Quelques brefs instant de manipulation pour transformer un fichier Word, caché dans le secret des clés et des disques, en page HTML ostensible.

Mes combines? C'est parce qu'elle en sont qu'elles sont indicibles.

Et quinze visiteurs, mazette, en plus je l'avais remarqué, ce n'est pas tous les jours la fête, sauf que personne ne laisse de mot. Enfin presque.

Anonyme a dit…

Comment, il y en aurait un autre né le 3 septembre 2003 ? Mazette ;-)

Sinon, a ton beau tableau, il manque de belles châtaignes et quelques rousses...

Anonyme a dit…

Non, en fait, elles ne maquent pas, ni les chataignes ni les rousses. c'est mon agrégateurs qui me les avaient occulté. Je fais comme souvent, je visite à l'envers...

Andrem Riviere a dit…

Il n'y en a pas d'autre que celui auquel nous pensons. Mazette, il ferait beau voir qu'il ait un jumeau.

Mais quelle erreur aussi de ne pas avoir attendu un jour et une nuit d'impatience : le blogue du 4 septembre, voilà qui serait d'un chic très parisien.

Anonyme a dit…

Faut pas croire que c'est parce qu'on a des choses à dire qu'on les dit.
Tu le sais ! C'est une affirmation.

D'abord, t'as failli me faire chialer (comment ça comme tous les mecs ?)

Folie c'est pareil, t'as plus envie de la prendre dans tes bras que de l'envoyer chier alors c'est mieux de fermer sa gueule quand elle écrit.

Un bémol Monseigneur, ça me choque que mes noeils au beurre noir cachés derrière mes lunettes noires (aussi) soient à présent bleu.
Je déteste avoir les yeux bleus, ça va tellement pas le rouge du ciel.
Caca de pigeon, c'est dégueu et ça me va comme un gant (ou un coup de poing dans la gueule, comme tu veux).

Voilà, c'est écrit, trop tard.

(Si c'est en double, vire le doublon, le robot m'a perturbée)

Andrem Riviere a dit…

Miss, si tu tiens à avoir les yeux vert olive, je n'y fais aucune objection, mais j'ai bien dit olive, hein. Tu auras ainsi les yeux de mon papa Concordance, même que la couleur changeait sans arrêt, ce qui permettait de savoir ce qu'il pensait, lui qui disait si peu.

Quand je lis ton blogue en cachette, je ne vois pas la couleur en vrai du moment où tu écris, et je ne sais ce que tu penses même si je lis ce que tu écris.

On le saurait, si tout le monde savait ce que pensent ceux qui écrivent et qu'on lit, non?

Tu as raison, je suis plutôt discret chez Folie, mais je suis heureux de la voir quand elle aussi, elle écrit. Ses yeux noirs restent illisibles car noirs, mais simplement qu'elle passe me convient. Ses yeux noirs sont des fenêtres sur l'indicible, il en faut du temps pour y trouver son chemin. Du temps et du silence, de la peur et de l'attente.

Sais-tu que tu es de ce monde là aussi, peu ou prou, ce monde qui m'effraie et m'attire, ce monde qui foule ma raison comme on foule le raisin en cette saison d'où sortira le divin jus.

Anonyme a dit…

Oui, je tiens à la couleur de mes yeux changeants car j'y vois rien avec alors autant que les autres y voient ne fut-ce qu'un peu de couleur.
Olive, ça me va... même si y a pas vraiment d'olives jaunes.

Si tu la vois, mais tu ne le sais pas, car tu n'es pas tout le monde, Monseigneur. (comprends comme il faut)

Je ne sais pas si c'est bien ou mal de rester silencieux(se) chez Folie, je sais juste que quand elle écrit, ça fait écho chez moi et les émotions sont indescriptibles.
Pourtant, toi, tu as les mots. Juste(s) comme il faut même si c'est pas ton choix ;-)

"vindju", ça vient de "divin jus" ?
Ok, je sors --> :-) avec un sourire et un oeil rouge, un seul.

Anonyme a dit…

Pourquoi que mon réponse il est pas validée ?
J'ai dit une counerie de trop qui fallait pas ?
Oiiinnnn, j'irais bien le dire à ma maman mais elle s'en fout.

Anonyme a dit…

Vindju, 5 pages ?
5 pages A4 Monseigneur ?

/!\ Ne pas oublier de répondre

et

Ne pas oublier de valider

Ou ne pas valider, kekfois que ce serait politi^ment incorrect :-)