lundi 3 septembre 2007

#1/7 - Faites des liens, fête des liens, défaite des liens.

1. Le tour du propriétaire.

L’humeur n’est pas vagabonde. Papillonner, butiner, folâtrer, gambader, ne sont pas des verbes de saison, s’ils le furent, mais le furent-ils ? Insecte ne suis ni papillon ni guêpe, mulot ne puis même rat d’égout. On dit chez les bien intentionnés que le trente-et-un du mois d’août est le jour de la fête des liens. Ce sera donc le jour de les défaire.

Après quelques jours de calembredaines, je voulus reprendre pied dans le monde qui me sied. Il me fallut un tour complet de soleil, y compris des heures volées à errer. Vol au vent, vol à la tire, volatile, le temps qui m’est compté avait pris vingt-quatre heures dans les narines, étendues sur le sol derrière moi sans rien qui subsiste qu’une odeur d’irréparable. Ainsi devrais-je finir comme la Grèce éternelle, en grands lambeaux de fumée, faute des moyens de l’ambition.

Je vais faire le tour du terrain, une sorte de chemin de ronde de remparts qui ne m’appartiennent pas dont j’aurais seulement voulu être une des pierres ; ne me dites pas que c’est le tour du propriétaire, ce n’est même pas un tour de main, à peine un tour de manège. Personne ne me voit passer et qui pourrait le regretter ? Qui m’accorde un regard le regrette aussitôt et me le fait savoir.

Vous ne m’empêcherez pas d’écrire, pourtant. Je le sais d’avance. Ce qui me pousse est plus fort que moi et plus obstiné que vous, et mon incompétence ne suffira pas à me faire taire, au contraire : ignorer à ce point à quel point on échoue relèverait presque du talent. N’y voyez aucune coquetterie et ne vous croyez pas obligés de vous récrier tous à la fois, le risque en est faible d’ailleurs, il n’y a pas de perche à saisir et je poursuivrai ma route quoiqu’il arrive. J’en serais même vexé, au fond.

Le tour de mon terrain de jeux est ma seule récompense. Les liens que je me suis tissés seul, à l’insu de vos cachotteries, les amitiés que je me suis inventées face à ma glace sans tin comme si elles me répondaient derrière, sous forme de fous rires étouffés, ou de grimaces agacées trop voyantes, ou de politesses aimables et indifférentes. Je ne comprends jamais assez vite que je ne suis pas d’ici ou de là, que j’intruse, et mes charentaises de feutre n’étouffent pas assez mes pas et bien trop l’ambiance où je surviens. Je ne me retire jamais sur la pointe des pieds, et jamais avant d’avoir fait le tour.


#2/3 à suivre.



3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime bien quand tu traînes tes charentaises vers chez moi, si elles ne sont pas discrètes, elles ne manquent jamais de subtilités.

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais regretté d'être passée par le début sans traîner les pieds et sans courir.

Anonyme a dit…

Ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer à regretter, merci pour ces bons moments passés séparément.