vendredi 21 décembre 2007

Des cultures mélangées.

1. Mes promenades à moi.


Je me promène chaque jour, trop souvent peut-être, dans les territoires peuplés des blogues. J’ai mes allées préférées, mes bancs favoris, mes points d’eau assurés. Je me désaltère au son des idées nouvelles, et des sujets imprévus. Parfois se sont des sujets rebattus qui prennent un tour nouveau, et des idées anciennes qui se colorent en nouveau siècle. Ici et là une porte est ouverte, j’entre, et je passe entre les sièges et la cheminée, personne ne me voit, j’entends de l’inouï, et des odeurs m’assaillent, un lait d’ânesse, un maroilles, que sais-je encore. Des odeurs fortes venues de loin, qui froncent et qui demeurent, longtemps après que les pouêts ont disparu. Pardon, je ne pouvais y résister.

Je ne ferai pas de lien avec ces amis blogues. Vous en êtes puisque vous êtes ici. Chacun saura ou ne saura pas, chacun cherchera s’il veut et s’il ne sait pas. Je suis le premier à me réjouir des liens qui me permettent de sauter d’allée en allée, de banc en banc, dans mes promenades, mais aussi parfois le prémâché m’ennuie, et le point d’eau n’a de sens que si l’on a soif. Un lien est une sorte d’impératif et je n’aime pas l’impératif, si commode soit-il.

Et si j’énumère, qui vais-je oublier qui va m’arracher les yeux ? C’est juste une idée à moi, je me fais les silhouettes que je veux sur les pixels qui me regardent. Un nom en passant pourtant. Je m’inquiète de la disparition du blogue de Folie et ses vents rugissants d’Antarctique. Si encore elle donnait de ses nouvelles, juste un soupir de début d’imêle, juste un œil, juste un clin. Si tu me lis, Folie soit raison une fois.

Des chemins de traverse parfois viennent changer mes habitudes, un lieu favori disparaît, un nouveau s’installe. Quelques uns sont là depuis longtemps, et si je passe peu j’en reviens content chaque fois que je fais le détour. Les fantômes bougent encore.

Pourquoi donc suis-je ici à convoquer tout ce monde, sans parler des oubliés qui me haïssent désormais ? Quelle mouche me pique ? Moi qui voulais seulement disserter sur les différences culturelles poussé par le vent d’un blogue de par chez vous, le blogue de toi, je parle de tout le monde et j’oublie mon sujet.

Monsieur le censeur, sachez que je n’oublie pas mon sujet. J’y suis, en plein dedans, dans le mille, dans la marmite même, dans le bouillonnement des différences, différence d’âge, de genre, de lieu, de couleur, de langues nous écrivons tous le français mais est-ce la même langue, il y a ceux qui sont nés à Bordeaux et ceux qui sont nés à Floirac, ceux de Boulogne et ceux de Billancourt, ceux d’Issy et ceux des Moulineaux, la plaine et la colline, le marais et la terrasse alluviale, la rue des francs-bourgeois et la rue de Turenne, le Vietnam et le Maroilles, l’Amérique de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Sud, Canada et Chili, et la bonne Habiba face à la France.

Voilà pourquoi j’écris sur vous. Ma besace chaque jour se remplit de ce que j’ignore, ou de ce que je crois savoir et qui soudain me semble étrange, secrets de femmes, regards d’autistes, parfum d’orient, voile virtuel parfois pire que le réel, voile mental, neige de Montréal et fleuve d’Amazonie, retour au pays et angoisse de Noël. Il me faudrait disserter savamment avec mes airs péripathétiques, mais pour être pédant il me faudrait beaucoup de temps et vos pieds légers me dépassent, ma besace déborde et les idées s’enfuient dans le caniveau.

#2 à suivre.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme c'est de circonstance, constance, nous ferions nous enguirlander, guirlandes ?
j'aime tout en étant ombre furtive.

Anonyme a dit…

Donc si ta besace est full of, c'est de la faute à nous.

Et si tu mets des liens, nous pourrons voler, sauter de bancs en petits cailloux et ricochets, sans jamais toucher le sol.

Le petit poucet ne t'en voudra pas.

Anonyme a dit…

il me semble, cher Andrem, voir une évolution certaine chez vous, et elle me plaît pas mal, vous rend plus accessible, et en même temps... connaissez-vous les Météores ? Je vous ai longtemps associé à des lieux de solitude volontaire, et vous voici descendu dans la plaine de nos préoccupations ordinaires, nos commentateurs, nos lecteurs, nos quotidiens, ces mille riens qui font le blogueur content. Donc, je suis partagée, entre une bienvenue qui me fait vous sourire, et puis un vague regret, tout de même, vers le rude moine Théolène si difficile à suivre, dont le froc rugueux n'allait pas forcément au temps de l'époque. Je suis sûre de n'être pas seule à le regretter. Mais au fait, pourquoi ? Il est bien toujours là, quelque part, non ?

Clo

Andrem Riviere a dit…

Merci de vos commentaires, Miss, Marie et Clo.

Bière, Champagne, et Neuchâtel, si je veux être un peu plus alimentaire, mon cher Watson. San aucune hiérarchie dans les préférences, à chaque goût son moment opportun.

Il y a du vrai dans ce que vous m'écrivez. Et je saurai, par la suite, vous contredire. N'oubliez pas que ce n'est que le premier billet d'une série de quatre.

Ailleurs; le moine a voulu mettre les mains dans le cambouis, se jeter toute soutane dehors dans le pugilat. Il en perd son hiératisme abscons. J'aimais qu'il soit abscons hiératique, et dès que je lui remettrai la main dessus, je tenterai de le convaincre de retourner à sa chapelle.

Anonyme a dit…

J'attends. La suite.
J'aime quand tu contredis :-)

Anonyme a dit…

Je reprends tout depuis le début. Je reprends mes lectures s'entend.
Parce que la suite évoque pour moi une histoire illustrée ou bien c'est une concordance, mais je ne sais encore.