lundi 23 novembre 2009

L’école de la République #1/6 : Lieux communs.

1. Lieux communs.

Chacun va sourire. Une idéologie rétrograde, qui sent de loin son moisi de troisième République, un idéalisme enfantin depuis longtemps réfuté par les faits, une incantation devenue lettre morte sous les coups de boutoir de la modernité. Vers la montagne j’ai mes ennemis qui ne jurent que par l’obligation d’inculquer aux enfants les seules vérités dignes de ce nom aux yeux des parents ou des ministres, des coteries ou des idéologies, que celles-ci soient bâties sur la verte prairie ou sur la ligne Maginot ; vers la mer j’ai mes ennemis qui ne jurent que par l’enfant magnifique qui découvre de lui-même les merveilles du monde et qu’il ne faut surtout pas interrompre en si bon chemin.

Les valeurs de scrogneugneu contre l’épanouissement naturel, montagne ; les valeurs de Rousseau contre l’enrôlement de la chair à canon, qu’il soit pour de nerf de guerre ou pour de ver de paix, mer. Je suis dans l’étroite bande de terre entre mer et montagne et je dois arrêter l’avance des armées Perses pour donner le temps aux gens de la Grande Ville d’organiser le siège. Je suis un Léonidas en médaille, par avance j’ai perdu la bataille. L’important n’est pas l’issue fatale, mais le temps qu’il faudra.

Examinons les forces en présence. Il y a d’abord le bon vieux temps. Les élèves étaient sages, la tête baissée sous la férule de l’instituteur, terrifiés par les coups de règle sur les doigts et la mèche de cheveux tournée derrière l’oreille. Ils copiaient sous la dictée, ils ânonnaient les récitations et les tables de multiplications, ils vérifiaient que les trains se croisaient bien à Laroche-Migennes plutôt qu’aux Aubrais, ils répétaient que le grand Ferret avait eu tord de boire de l’eau quand il avait trop chaud, mais c’était peut-être un autre, Jeanne Hachette ou Jacquou le Croquant.

A la fin, certif en poche, ils entraient à Creusot-Loire et y mourraient à 55 ans de poumons encrassés pour les plus chanceux ; les autres étaient morts à la guerre à 18 ans. Canon de paix, canon de guerre.
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3 commentaires:

Marie a dit…

Doineau en mots et je souris (à peine) en pensant aux vieux encore vivants qui vantent l'ancien temps et que la pénalisation de la fessée indigne ...

moules/frites a dit…

Léonidas pose ses armes, c'est pour mieux qu'on le mange.

Andrem Riviere a dit…

Il faut toujours enlever le métal autour du chocolat. Sinon c'est mauvais pour les yeux.