mercredi 13 septembre 2006

Des institutions de la Vème République.‎

Cher Monsieur Dominique Strauss-Kahn,

Vous souhaitez avoir les avis des internautes sur les institutions, en partant de la situation actuellement vécue à l'Assemblée Nationale par la marée noire des amendements.

Je suis plutôt chagriné par cette marée noire. Que le parlement, et la minorité la plus significative en son sein (le groupe PS), soient à ce point dépourvu d'armes qu'ils en soient réduits à cette extrémité est désolant.

Désolant pour la crédibilité de l'opposition, quand bien même elle ne ferait que ce qu'elle peut faire (face à un projet extrêmement dangereux, j'en suis d'accord);

Désolant pour la crédibilité de cette institution essentielle pour la démocratie (l'intervention directe du citoyen qu'on nous présente parfois comme le summum de la démocratie est pour moi la porte du déni de démocratie, et sa destruction à brève échéance);

Désolant pour l'escamotage du nécessaire débat autour de la question de la politique énergétique et des moyens stratégiques dont l'état doit garder le contrôle (le projet de mainmise de Poutine sur EADS en est une illustration flagrante, merci la privatisation).

Je ne suis pas certain que l'opposition au parlement n'ait eu que ce moyen pour tenter de jouer la montre en attendant la montée d’une hypothétique hostilité au projet dans le pays, et en attendant l'approche des élections qui rendrait la mise en oeuvre du projet de loi plus délicate. Je suis persuadé que le PS, englué dans ses querelles, n'a pas vu venir le coup et s'est trouvé incapable d'apporter sa puissance d'opposition quand il en était encore temps. Incapacité et silence d'opposition bien trop fréquents depuis cinq années de désolation chiraquienne, sarkozyste, raffarine et villepineuse.

Tout ceci pour dire que le parlement doit être réhabilité, ses pouvoirs renforcés, notamment par un renfort des moyens d'action mis à disposition de l'opposition principale, ou regroupée (ce qui signifie accepter que ces moyens soient à disposition de l'UMP, si celle-ci devient opposition.

Le débat n'en serait que plus riche, certes plus long, mais plus riche et finalement les lois qui en sortiraient seraient plus crédibles, chacun sait que trop de lois tue la loi. Qu'on ne vienne pas m'objecter une soi-disant "efficacité", en terme législatif le mot efficacité n'a pas du tout le même sens qu'en Entreprise ; si elle est renforcée, la séparation des pouvoirs permettra à l'exécutif de garder toute son efficacité dans le cadre des lois existantes.



J'ai été trop long. Je m'arrête ici bien qu'il y ait encore tant d'autres choses à dire :


§ que je suis favorable au retour du septennat, mais NON renouvelable, avec un durcissement des règles de validation des candidatures associé à de nouvelles règles de votes (pourquoi pas un premier tour à N candidats, sorte de primaire nationale organisée deux ou trois mois plus tôt permettant de ne retenir que les candidats les mieux placés, leur nombre tant celui dont le cumul des votes aurait dépassé 50% des votants, suivi de l’élection proprement dite à deux tours). On pourrait même supprimer l’élection au suffrage direct.

§ que je suis favorable au renforcement des pouvoirs du premier ministre au détriment du président, associé à la nécessaire confiance votée par l’assemblée Nationale, et renouvelable tous les deux ans ou à chaque nouvelle législature de durée cinq ans éventuellement réduite à quatre (pas de censure), et à la suppression des ordonnances.

§ que je suis favorable au renforcement de l'institution judiciaire et à sa totale déconnection des deux autres pouvoirs, ne serait-ce que par la suppression du droit de nomination de tel ou tel procureur,

§ que je suis favorable au maintien dans des conditions très précisément limitées de l'article 49 alinéa 3 de la constitution, convaincu par le démonstration du bien connu Maître Eolas, dont vous devriez lire le blogue, Cher Monsieur Dominique Strauss-Kahn.

Mise en commentaire sur le Blogue de DSK le 13 septembre 2006.

jeudi 7 septembre 2006

L'échoppe et le nouveau-né.

Le 183 rue de Pessac.



Le phare de Cordouan est un signal étrange,
Visiteur du soir éclat sur éclat court et long,



Je ne sais comme il ponctua ma vie
Mais je le connaissais bien avant moi-même;



Bien avant lui-même, même,
Encore phare de bois inlassablement reconstruit
Sans jamais pourtant y avoir posé la main ni le pied;



Ni première rencontre ni premier regard ni première fois.


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Je n’irai pas dans sa nuit des temps,
Je n'irai jamais;



Car silhouette il demeure au bout du ciel changeant,
Sans fin ni commencement;



Alpha et Oméga divin totem, phallus impassible
Planté dans l’humide estuaire,
Gironde qui va et vient au gré des marées;



Il fut ma mort il sera ma naissance
Il est l’éternité.

mardi 5 septembre 2006

Cher Monsieur Dominique Strauss-Kahn

Je me prends au jeu. Mais je ne me fatigue que pour ceux qui m'intéressent. Il y a un troupeau d'éléphants qui n'attireront même pas mon regard. Du noniste qui s'y croit au revenant larmoyant qui ne se marre plus. Sans parler des paillettes ambulantes.

Je ne sais pas où caser le consort, que j'aime bien dans ses accrobaties toujours renouvelées. Un jongleur fou doublé d'un funambule sans filet, qui n'est pas encore tombé pour le bien de tous. J'espère qu'il garera son équilibre précaire, invraisemblable mais vrai.

C'est à Dominique Strauss-Kahn, DSK pour les paresseux, que j'écris aujourd'hui, après avoir écrit à Ségolène Royal. Il est, contrairement à certaine apparences, celui que je voudrais voir en costume de Président de la République, bien avant les autres. Il y a un ordre de préférence que je dirai pas, mais vous pouvez le deviner si vous y tenez.


Pouf pouf.

Lettre à DSK.


J'ai un peu de mal à débattre et à polémiquer sur les idées et les propos de DSK, qui rejoignent presque toujours mes propres idées.

Répéter bravo à chaque phrase n'aurait aucun sens ni aucune utilité. Alors je reste plutôt silencieux. J'observe et j'attends. J'attends surtout la réponse à cette question qui me taraude: pourquoi ce que dit et fait Dominique Strauss-Kahn reste aussi peu entendu en dehors du petit cercle de partisans convaincus?

Ne me faites pas le coup du complot, tout le monde sait que l'argument est si usé qu'on voit la peau dessous. Il doit bien exister une vraie raison. Je ne demande pas qu'il se médiatise façon Ségolène, ou qu'il gesticule en forme de va-et-vient avant arrière comme Lionel, ou qu'il se prenne soudain pour un gauchiste à la mode de Laurent.

Mais voilà. DSK, que je verrais très bien en premier Président de la sixième République, a pour l'instant toutes chances de ne pas être même candidat comme sixième de la cinquième.

On peut se plaindre des médias, on peut se lamenter d'une pipolitisation; c'est très insuffisant comme explication, il y a un gouffre si vaste d'incompréhension et de surdité que j'aimerais comprendre, et que DSK lui-même je le crains, aimerait comprendre aussi.

Avant de proclamer haut et fort les mérites de Dominique Strauss-Kahn, il me semble que la première démarche à faire par lui et ses équipes est de percer le mystère. A défaut, la seule proclamation agiographique bien qu'utile sera vaine.

Andrem, le 5 septembre 2006.