vendredi 31 mars 2006

EUROPE 7 - Le vent du large.

Il paraît que la charte des droits fondamentaux est du vent, un catalogue de bonnes intentions pour rouler le gogo dans la farine de l’ultra machin. Ils le disent tous, ceux qui veulent noyer leur chien. Et la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en 1789, c'était du vent aussi peut-être, une déclaration d'une page, pensez donc ma pauv' dame, juste une petite page d’écriture faite sur un bout de papier un soir de juillet.

Ce n'était ni une constitution, ni une directive, ni une partie I II ou III de quoi que ce soit, même pas une loi, juste une déclaration d’une page. Je n’invente rien, c’est son titre, déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ni foi ni loi, ni constitution, ni paperasse pesante.

C'était du vent. La charte que nos beaux nons de cafards méprisent la bave aux lèvres, ils vont la jeter au panier comme en 1789 ils auraient méprisé la déclaration de droits de l'homme et du citoyen au motif qu'elle évoque le droit de propriété (art.17, si j'ai bonne mémoire), par exemple, au motif que ce n’est qu’une page, au motif que c’est juste du déclamatoire, pas du trébuchant, à n’importe quel motif car finalement qu’importe le motif pourvu qu’on ait l’ivresse.

Il en a balayé, des cafards, ce vent là, depuis deux siècles. Alors vite, faisons le taire, et fermons portes et fenêtres, il pourrait y avoir des courants d'air.

Europe 8 à suivre
Envoyé le 26/05/2005.

mercredi 29 mars 2006

Europe #6.3 - Où le oui ...

Où le oui se nourrit du moins pire que le plus mal, et le non du plus pire que le moins mal (suite)


3°) LE MONDE D’APRES.

Comment allons nous, une fois cet outil nouveau jeté à la poubelle dans la joie et la bonne humeur, pouvoir changer l'outil actuel rouillé et émoussé, comment pouvons nous prétendre une énormité pareille? Ils sont nombreux les pays qui ont dû accepter avec grimace le projet qu'on nous propose, qui ne l'ont accepté que pour des raisons historiques aujourd'hui révolues, et qui considèrent en réalité que l'état actuel de l'Europe molle leur est bien plus profitable qu'une Europe démocratique qui se serait construite pas à pas.

Je pense que la vérité est que l'Europe actuelle telle qu'elle est paralysée convient à tous les nons, quels qu'ils soient, et quels que soient les oripeaux dont ils s'affublent. C'est leur droit mais qu'ils le disent.

Chaque fois que nous tenterons de revenir et d'améliorer cette Europe à laquelle les nons nous condamnent, il suffira d'un veto pour tout bloquer et tout conserver en l'état. Le plus extraordinaire d'incohérence est que les nons nous expliquent d'un air pincé qu'on ne pourra jamais changer la constitution à cause des divergences entre Etats membres, et que ces divergences sont soudainement oubliées dès lors qu'il s'agirait de renégocier. Alors que grâce au non et parce que c’est la situation actuelle, tout veto est possible sur tout, ou presque. Y compris sur le seul fait de renégocier.

Vous avez dit plan B ? Dans 50 ans, nos petits-enfants seront peut-être un peu moins nons si entre temps aucune guerre n'est venue mettre un peu d'animation dans ce monde qui s'ennuie.

FIN

6.1 à 6.3 envoyés le 18/05/2005.

lundi 27 mars 2006

Europe #6.2 - Où le oui ...

Où le oui se nourrit du moins pire que le plus mal, et le non du plus pire que le moins mal (suite)

2°) LE MONDE D’AVANT.

Nous aurions un outil avec cette constitution, canif mal fagoté mais déjà plus aiguisé que l'outil actuel; gros coutelas rouillé ; en y regardant de près, elle comporte des règles de contrôle, des limites aux pouvoirs de la commission et aux pouvoirs du conseil, elle donne la parole à ceux qui nous représentent et qui sont muets aujourd’hui sinon parfois pour quelque baroud d’honneur vite enterré ; je vous remercie d’avance de nous priver de ce canif approximatif, de cette constitution lourdingue, sous prétexte que les limites qu’elle construit ne sont pas encore assez limitantes à vos yeux militants, sous prétexte qu'elle constate et confirme que nous vivons dans un monde capitaliste. Et alors, vous le découvrez juste maintenant, et vous croyez que le non va être le grand soir ?

Comme si une constitution pouvait faire abstraction du monde dans lequel elle existe. Les nons font mine d'ignorer que cette prise en compte là a précisément pour objet de donner les moyens aux institutions européennes à commencer par le parlement, de combattre les excès d'un monde mercantile sans règles. Je rappelle que l'Europe d'aujourd'hui est exactement un monde mercantile presque sans règles, et que c'est ce monde-ci que les nons vont garder en votant non, plus sûrement que par tout autre moyen.

#6.3 à suivre.

6.1 à 6.3 envoyés le 18/05/2005

jeudi 23 mars 2006

Europe #6.1 - Où le oui ...

Où le oui se nourrit du moins pire que le plus mal, et le non du plus pire que le moins mal.

1°) CANIF.

La révision de ce nouveau traité espéré, que vous les nons allez détruire en rigolant, n'est pas indispensable pour faire fonctionner les 25 pays en harmonie sans que chacun renie ses valeurs, elle n'est même pas indispensable pour faire évoluer les pratiques et les comportements, y compris dans un sens plus social, services publics et compagnie. La difficulté imaginaire de le réviser, s’il apparaissait qu’elle n’est pas imaginaire, et un argument d’estrade, vous le savez aussi bien que moi, un outil fait ce qu’on en fait et pas ce pourquoi certains croient qu’il est fait.

Vous n’avez jamais revissé une vis baladeuse avec un canif, vous ?

Si vous ne vous déchaîniez pas pour des raisons profondes inavouables, le parlement aurait plus de pouvoirs, il y gagnerait le contrôle de la commission, vous savez, cette commission qui vous met la bave aux commissures, et il saurait bien gêner aux entournures les délibérations du conseil. S’il le voulait, bien sûr, et si nous en lui donnions le pouvoir.

Rappelez-moi qui vote pour le parlement. C’est nous, rien que nous, les 450 millions. Evidemment, si l'Europe vote massivement à droite, elle aura la même politique que nous, braves petits français, nous avons obtenue pour avoir massivement voté à droite en 2002, et pas seulement pour Chirac ce qui était inévitable j’ai fait comme vous ce triste jour là, mais aussi pour le parlement qui a suivi, ce dont on aurait pu se passer. Il n'y a jamais de fatalité, alors ne nous en prenons qu'à nous mêmes des raffarinades que nous subissons, l'Europe et son traité n’y est pour rien mais nous seuls. Combien êtes-vous, vous autres les nons frétillants qui vous prétendez à gauche, combien êtes-vous qui n’avez pas levé votre cul pour voter à gauche aux législatives d’après Chirac ?

J’y suis allé, moi. J’ai voté à gauche, moi, j’aurais voté communiste si au deuxième tour était resté un communiste. Il n’y avait personne au deuxième tour des législatives de juin 2002, la droite satisfaite avait gagné le pompon du premier coup. Je n’espérais plus rien ce soir là, l’abstention massive des régions ouvrières dès le milieu de la journée m’avait fait savoir que votre vote ne serait pas présent ce jour si nécessaire. Vous ne vous êtes pas dérangés. Vous allez préférer vous précipiter quand ce mois de mai soufflera son avant dernière bougie pour une petite éjaculation tardive et destructrice.

#6.2 à suivre.

6.1 à 6.3 envoyés le 18/05/2005

mercredi 15 mars 2006

EUROPE 5 - Qu'allons nous faire le 30 mai 2005 #4

4. Le beau bateau.

Ainsi, le grand transatlantique souverain des mers quitte le port sous les vivats et les acclamations, les bateaux-pompes et les feux d’artifices, et chacun peut remarquer la petite embarcation qu’il tire par la queue sur laquelle est inscrite la révélation du siècle et le scoop de l’année, je suis le plan B.

Fabius l’avait bien dit : un autre transatlantique est possible. Lorsque, après le naufrage, il est finalement monté dans l’embarcation avant tout le monde avec quatre ou cinq de ses hommes, seuls survivants, il l’a répété dans le vent marin et la mer déchaînée, en avançant les lèvres comme il fait si bien comme un cœur sur la main : un autre transatlantique est possible.

Il a raison le grand Laurent. Il est merdique, ce transatlantique tout en paillettes, avec son équipage qui tire à hue et à dia et ses vingt langues entrecroisées. Il n’a que ce qu’il mérite, on a eu raison de le couler corps et biens. Il y avait des riches et des pauvres, sur le transat, on est sûr d’avoir noyé les riches. On a juste oublié que nous aussi nous étions dedans.

Un autre transatlantique est possible, a dit Fabius sur sa chaloupe juste avant que la dernière vague ne la retourne.

Fin de #4 - Envoyé le 17 mai 2005 à 13h47.

lundi 6 mars 2006

DE LA LECTURE PARTOUT

Avant de continuer de vous assommer d'Europe, voici un prologue de voyage en Italie, pour les curieux et les oisifs.

Si par hasard il vous plaisait, il se pourrait bien qu'une suite vienne. en ligne. Au rythme qu'ils voudront, je leur ai tout donné en vrac.

Aimez le texte, et faites-en la pub à ceux que vous aimez. Pour reprendre la formule célèbre de Romain Bouteille, si vous n'aimez pas, faites en la pub à ceux que vous n'aimez pas.

Il y a aussi d'autres lectures à faire chez "encritudes.com" qui a bien voulu m'accueillir, un site de publication en ligne tout jeune et tout ébouriffé, n'hésitez pas à vous y perdre. Ils ont besoin de vous comme moi j'ai besoin d'eux.



A bientôt, pour une suite à mon Europe détruite.

vendredi 3 mars 2006

EUROPE 5 - Qu'allons nous faire le 30 mai 2005 #3.

3. Les martyrs.

Il ne fallait pas non plus être grand politologue pour savoir qu’un plan B existait. Ceux qui font semblant de le découvrir ne trompent qu’eux-mêmes, n’importe quel homme politique digne de ce nom et habitué à l’incertitude de la démocratie a toujours un plan B dans sa poche qu’il sortira si l’élection à venir se passe mal (pour lui). Il n’y a guère que dans les dictatures que les dictateurs n’ont pas de solution de rechange, en dehors du choix entre le M16 et la Kalachnikov.

Malgré les grimaces de martyrs que nous font les nons, l’Europe est une démocratie, bringuebalante d’accord mais quand même un peu, avec des hommes politiques dignes de ce nom du moins ailleurs que chez nous. Ces hommes politiques là ont donc pensé à une solution de secours en cas de crevaison, la moindre des choses. Heureux l’automobiliste qui roule exprès dans un champ de clous sous prétexte qu’il a une roue de secours.

Il en a, ailleurs en Europe, des hommes politiques dignes de ce nom, nom avec une aime bien sûr. Chez nous, j’ai beaucoup de mal à les apercevoir. En matière de nullité, il y avait longtemps que nous n’avions pas fait aussi remarquable. Notre tartarien de cauteleux et sa bile, notre agité du bocal et ses dents qui rayent, notre dégingandé de Président et ses casseroles, ces trois là et quelques autres, tout comme son opposition de roquets, forment la plus comique des bandes de clowns que nous avons pu offrir au monde depuis longtemps, peut-être depuis Jean le Bon.

J’ai choisi Jean le Bon mais je ne suis peut-être pas encore allé assez loin dans le passé pour trouver pire. Mais Jean le Bon n’est déjà pas si mal dans le genre. On l’avait appelé le Bon pour ne pas écorcher les prudes oreilles de nos professeurs de collège. Ce serait tellement facile de vous proposer Jean le Non que je le fais, au point où j’en suis. Mais vous aurez peut-être une autre lettre à proposer.

Il y avait bien un plan B, ou un plan C pour rester dans le ton, un plan de secours, un plan galette, bien caché dans le coffre. Sûr que l’Europe va tourner rond avec la galette à Fabius, les espagnols furieux et les polonais morts de rire. Vous n’avez pas remarqué comme ils sont rigolards en ce moment, les polonais, eux qui avaient dû renoncer à la mention de Dieu dans la constitution, et voilà que nous allons la leur porter sur un plateau au motif de renégocier. Bravo les nons.

Mais il va y avoir des beaux esprits pour prétendre qu’ils ne profiteront pas de la situation, mais non, sûr qu’ils n’en profiteront pas. Quiconque a participé un tout petit peu à une toute petite négociation sait bien qu’on ne profite jamais d’une fenêtre de tir quand elle s’ouvre, ben voyons.

Surtout quand c’est la partie d’en face elle-même qui l’ouvre.

Publié le 17 mai 2005 à 13h47