vendredi 28 octobre 2005

De la beauté des femmes #1/9.




2ème avertissement: C'est là-bas que j'ai annoncé ce que maintenant je vais écrire en 9 épisodes, et qui va me valoir j'en ai peur (mais peut-être je le souhaite, vas savoir) un amoncellement de pavés de lapidation.



3ème avertissement: ceci n'est pas le jeu de racontars. Le jeu de Racontars est ICI .

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De la beauté des femmes.

#1/9.




La Dame du Droit est partie sous des cieux cléments. Elle a emporté son secret avec elle et me voici tout penaud devant sa porte fermée, avec mes commentaires tout froissés qui n’entrent pas dans la boîte. Je ne lui dis pas merci, à la dame, qui allume toutes ces mèches et disparaît aussitôt en nous interdisant de poser le pied dessus histoire de les éteindre. Elle m’a placé une bombe sous ma chaise, que puis-je faire maintenant ?


Il est question de Harem et de taille 38. Il est question d’un livre qui traite des femmes, traite des femmes, harem réel d’orient et harems virtuels d’occident. Il est question de ramadan perpétuel. L’article qui parle du livre qui parle de tout cela est déjà lui-même séduisant à première lecture. Puis, du fond de sa séduction, soudain commence à planer un doute ; je peux toujours lire le livre dont s’agit, direz-vous. Oui mais voilà, d’abord il y a deux livres à lire en l’espèce, et puis j’ai d’autres livres à lire où j’erre depuis des mois avec délectation, et je ne vais pas quitter ces planètes là sous prétexte d’éteindre la mèche.





Je préfère sauter. Sautons.


Ne nous trompons pas de sujet : il est question ici de l’article qui traite des livres et non des livres eux-mêmes. J’espère que la dame qui a écrit cet article a mal compris les livres dont elle rend compte, ou qu’elle a délibérément ajouté sa musique à leur partition, ce qui d'ailleurs est son droit comme est le mien de froncer les sourcils, mais peu importe. J’ai lu et relu l’article, et un malaise vient effacer la séduction du premier abord, un doute vient aggraver le malaise, et finalement l’envie de dire mon désaccord me submerge.





Pourtant je suis très ennuyé. Les formules sont percutantes, les remarques étayées, les exemples frappants, les conclusions logiques. Je vais avoir du mal à me lancer dans un corps à corps de pied à pied, et répondre point par point aux assertions, aux faits sur faits. Madame Mona est très habile et sait de quoi elle parle, je ne suis pas sûr que ce soit mon cas. Je suis l’amateur face au professionnel, le débutant face au briscard, le bègue face à l’orateur. Je ne peux que répéter ce que j’ai écrit : l’article est séducteur, séduisant, bien construit et bien fondé, et me plaindre de cette forteresse imprenable est présomptueux tout simplement.





Je dois sauter cependant. Même si la bombe fait long feu, ce sera un saut dans le vide, un saut de carpe, un saut de l’ange, un saut de la mort. Le grand saut du sot. Le malaise ne passera que si je saute. Allons y tous ensemble. Non ?

Non ?
Alors j’y vais tout seul, par les chemins du bois mouillé.

(à suivre, au dessus, pour le n°2)

jeudi 27 octobre 2005

Les deux mariages

Le texte qui suit participe à un jeu. Il n'y a rien à gagner à ce jeu sinon celui de lire et de voir tout ce que font les autres participants à ce jeu, et c'est le plus joli prix qu'on puisse imaginer. Pour jouer, il faut aller chez "RACONTARS" dont auquel le blogue est joignable par le lien là, sur la droite, même que c'est écrit "racontars". Vous pouvez aussi cliquer sur le titre de ce texte, "les deux mariages" et hop, vous voilà chez "racontars".



(A.I - 1) Nous nous sommes donc tenus à l’écart de Naples et de la courbe Nord de la baie. Nous nous sommes privés de solfatares, de Pozzuoli, d’Ischia et de Champs Phélégréens. Sagement, nous avons pris le bateau pour Capri, histoire de croiser les millions de japonais qui y défilent en rangs serrés, caméra au poing, puis nous avons fait le tour de notre petit bout de terre, notre presqu’île sorrentine, Positano, Amalfi.


(A.I - 2) Le cœur n’y était plus. Tu apprendras peut-être comme je perds facilement le fil de mes contemplations dans la foule, au milieu des boutiques et des restaurants, et quand soudain je sens l’hémorragie du temps qui s’écoule. Comment savourer l’air, entendre les odeurs, respirer la lumière, s’il faut courir après la pendule et lécher les vitrines à colifichets, dernier jour avant fermeture ! Tu peux aller à Amalfi et à Positano, tu ne le regretteras pas, c’est joli et tout et tout. Beaucoup plus joli que Gallipoli, Otranto, et Vieste réunis. Mais moi, c’est la Pouille que je préfère.


(A.I - 3) Heureusement, nous avons encore vu deux mariages. Il faut que je te parle des deux mariages que nous avons vus. Le premier avait lieu à Positano. Tout en bas de la ville, le cortège s’est faufilé au milieu des enchevêtrements d’escaliers et de ruelles pour arriver à l’église non loin du port minuscule. J’ai vu la mariée, flamboyante, italienne du petit orteil droit au lobe de l’oreille gauche, sans parler des cheveux hauts perchés et des talons assortis, grande brune exubérante et maquillée, entourée, protégée, gardée, par des mines patibulaires en costumes sombres, lunettes noires, et ports dédaigneux. J’ai vu le père de la mariée, gauche et fier, prendre sa fille par le bras et, sous les vivats de la famille, entrer dans l’église le plus dignement possible ; et je sentis dans ma chair le tremblement qui devait l’agiter.


(A.I - 4) La cathédrale Saint-André d’Amalfi se dresse en haut d’une volée d’escaliers comme on n’en fait plus. C’est là que nous avons croisé l’autre mariage. Nous avions visité cette cathédrale à la beauté intérieure indicible. J’ai pensé à papa. Il s’appelle André, je pouvais donc bien penser à lui dans cette cathédrale à son nom. Il m’accompagne partout, il m’observe, il m’apaise. Alors, près de l’autel, moi le mécréant j’ai pensé à lui plus mécréant encore et un instant j’ai cru à la vie éternelle. Nous en reparlerons et je ne suis peut-être pas si mécréant que je le dis. J’ai laissé le saint dans sa relique, et mon père et moi sommes sortis rejoindre ‘Aliénor qui descendait déjà le grand escalier.


(A.I - 5) En bas attendaient les grosses limousines noires : les frères, les cousins, toute la famille italienne était là à faire le cercle, à monter la garde, il ne manquaient à leurs mines que les armes à feu. Voici la mariée, elle sort de la Mercedes, et soudain le grand escalier se vide. Le groupe des hommes est en bas, le groupe des femmes est en haut. Les orgues jouent à pleins poumons.


(A.I - 6) Le père, cheveux blancs et costume gris, et la jeune femme, traîne interminable cascadant les marches, montent lentement, tandis que virevoltent un photographe, un vidéaste et la malheureuse demoiselle d’honneur qui s’efforce de maîtriser tous ces tissus légers dans le vent qui se lève. Depuis la place en contrebas, j’ai le temps moi aussi de faire quelques photos. Tu les verras peut-être un jour, diapos oubliées au fond d’un tiroir.


(A.I - 7) L’heure tourne, impossible de continuer plus loin sur la route, nous n’irons pas au delà d’Amalfi, tous ces mariages nous ont retardé, il faut rentrer, ne pas s’arrêter à Ravello sur sa crête, ne pas regarder la mer. Nous avons perdu trop de temps. Je vois bien que tu ne me crois pas et que le temps perdu n’en était pas, à voir marcher les mariées et leurs pères, à entendre les orgues et les rires.


(A.I - 8) Demain, nous visiterons Pompéi : deux mille ans de mariées anéanties, de musique oubliée, de rires brisés, par la seule colère d’une montagne en feu. Nous pouvions bien sauver quelques heures de ces deux mille années là.

lundi 24 octobre 2005

Les semelles de plomb.

En ce moment, je butine. Gros bourdon sans lendemain, je hume les fleurs de la toile, les fleurs d’étoiles, les parfums du net, les douceurs et les aigreurs, les épines et les épices. Et je me tais. J’aime ces promenades chez autrui, la menthe de celle-ci, le poivre de celui-là, le vin double de cet autre, la Vichy pétillante, les chiens de Bruxelles ou de Liège, le chou à la folie, hibou chou genou fou, non pas pou, fou. Ne cherchez pas, il n’y a pas de clés partout.

Parfois, sur les fleurs que j’ai visitées, sur les feuilles que j’ai ruminées, je laisse une trace, un peu de bave d’escargot ce qui est rare chez les bourdons. Je sais pourtant qu’on ne peut pas vivre en simple parasite à moins de vivre au jour la journée, comment s’imaginer ainsi construire des cathédrales, une seule cathédrale me suffirait tant qu’à construire ? Mais à peine posée la première pierre, mon ciment se fige et mes briques s’effritent, elles sont de broc elles sont de sable, mes briques.

Je vous ai donné mon programme, pourtant, mon nom de Dieudonné de programme, et plus tard ou plus tôt un autre monde au nom du père du fils et du mauvais esprit.
Au nom de Dieu, il y aura le clown attristant, le clown désolant, son combat boomerang, ses erreurs de cible, ses retombées nauséeuses, ses provocations désertiques. Plus personne ne rit et Dieu n'existe pas, même le Dieu donné sans confession. Vous m’avez mis cette piste sous les pieds et je n’ai plus qu’à avancer mais comme dans certains rêves mes pieds sont de plomb sans raison, mes plompieds ne riment à rien. Je vous le promets, dès que je me réveille, je me lève et je marche.

Au nom du père, père et fils, père et fille, il y aura toutes ces flèches qui me transpercent du matin au soir et retour, j’ai déjà tant de pages écrites, il suffirait de relire et de servir, un clic de souris, un claque sans chapeau ni lanterne rouge, les bonnes sauces sont meilleures réchauffées. Mais la cocotte attache, attachante est la souris du claque, elle a mis son parfum de brûlé, un goût de brûlu qui monte à la couche d’ozone et me me troue mon écrit.

Je vous le promets aussi, vous n’y échapperez pas, au goût de brûlu.

lundi 17 octobre 2005

Le Jeu laid, je l'ai gelé.

C'est pas du jeu pleurait le garçon
Elle m'a pris mon sac rouge,
Elle s'est enfuie avec mes jouets.
Mon garçon il faut t'y faire
Cours-zy vite cours-zy vite,
Il n'y a pas plus mauvais jeu
Ni mot plus laid,
Que les jeux de mollets.

mardi 11 octobre 2005

Le Parasite.

C’était il y a longtemps. Trois cent millions d’années, trente millions d’années, trois millions d’années, je ne sais plus trop, ma montre s’est arrêtée. La petite équipe avait trouvé refuge dans une bonne grotte comme on en trouve dans les livres de paléontologie, et le chef avait ordonné qu’on y resterait quelque temps.

Vous la connaissez bien, l’équipe, la fine équipe. Il y avait le chef, sorti des grandes écoles et qui pensait pour tout le monde. Il y avait le pêcheur, qui n’avait pas son pareil pour trouver une baleine dans un ruisseau, un requin dans une flaque, une ablette dans l’océan. Il savait même pêcher les poissons volants. Et quand il cassait sa canne en bambou, il y avait le réparateur de canne, le virtuose du rafistolage, en plein Sahara il te dénichait un bambou tout frais pour remplacer l’autre. Il y avait le canut, pourtant habillé, qui gardait précieusement le secret du fil, et qui venait à la rescousse quand le pêcheur s’emberlificotait les pinceaux.
Naturellement il y avait la femme. Je ne sais combien elles étaient, mais elles étaient la femme. N’oublions pas qu’on est dans une tribu très primitive et que l’état d’arriération justifie ce collectif indigne d’un humain civilisé. Et j’aggrave le cas de la tribu en vous révélant que la femme était tenue de rester à la grotte, à chasser la poussière et à cuisiner le poisson rapporté la veille.
Ensuite, en signe de gratitude, les vrais hommes lui permettaient de se tenir au fond, et de manger les restes.
N’est-elle pas belle, la vie ? Rassurez-vous, je ne perds pas le fil, j’en tiens même le bon bout. Je dois en effet maintenant vous parler du parasite. C’est le nom que nos ancêtres lui avaient donné. Nos ancêtres très arriérés et très primitifs, j’ai dit. Personne ne l’a vu arriver, et personne ne sait quand il partira. Il est là, c’est tout.
Chaque fois que flambe le feu et que grésillent suavement les chairs délicates du brochet lustré, de la carpe bavarde ou du saumon fermier, il s’approche et géante est son ombre sur la paroi d’en face. Il se sert le premier, avant même le chef, il prend les meilleurs morceaux, l’intérieur de la joue ou la laitance dorée.
Le voici rassasié. Le chef, le pêcheur, le bâtonnier et le canut mangent à leur tour, et la dame au fond du réduit. Eux ont travaillé, parcouru les steppes, les marais, les rocailles, et ont rapporté la pêche pour demain. Elle a posé les rideaux, nettoyé la théière anglaise, et profitant d’un moment de calme, elle a en secret résolu la compatibilité de la mécanique quantique et de la relativité générale, mais elle ne le dira pas, ils ne la croiraient pas. Ils sont fatigués, ils ont faim, ils mangent en silence.
Voici que s’élève alors dans le silence la voix du parasite. Comme chaque soir. Comme chaque soir, les hommes en arrivant, par quelques grognements obscurs et borborygmes insondables, avaient rendu compte de leur journée. Et toute cette journée, le parasite avait tourné en rond dans sa grotte et devant, il était même descendu jusqu’au rivage. Maintenant il parle, et les borborygmes de naguère deviennent paroles, rimes, musique, chant. Les hommes écoutent, ils se revoient la veille, parcourant les montagnes, combattant les géants, écrasant l’hydre.
Le gardon est devenu dauphin, le poisson-chat poisson-tigre, le poisson volant aigle impérial, la sardine a bouché le port, l’ablette a avalé l’océan. Les voici héros, demi-dieux, Dieu. La nuit est tombée, le poète parle encore. Il raconte l’avant-veille, et le jour d’avant, et encore plus avant, depuis la création, je veux dire la création de l’équipe.
Les hommes se sont endormis, leurs rêves accompagnent l’aigle impérial et la baleine bleue. Le poète s’est tu, le feu rougeoie, il rougeoiera jusqu’à l’aube. Ils repartiront alors, les hommes, pour de nouvelles aventures. Mais leurs pieds seront plus légers, leur humeur plus égale, et ils oublieront la fatigue.
Le poète les aura plus sûrement nourris que tous les poissons du monde, il a donné un sens à leur vie.
Texte écrit le 05 mars 2004.

jeudi 6 octobre 2005

Le Nitchétron

Ou la philosophie comme elle se prononce.

Le Nitchétron – Mode d’emploi (traduit tant bien que mal d’un mode d’emploi en japonaise language rédigé).

1°) Acheter l’intégrale des œuvres complète du Philosophe Référent.
2°) Tout lire.
-Conseil du traducteur : se munir d’AlkaSeltzer et de Stomédine.
3°) Option seulement sur le modèle Sport, plus cher : Tout relire en allemand.
4°) Apprendre par cœur de longs passages.

-Note du fabricant : le choix des passages est libre.
-Conseil du traducteur : il vaut mieux répartir les passages choisis sur l’ensemble de l’œuvre. On dispose ainsi du texte adéquat quelle que soit la situation.
-Remarque de l’importateur : il n’est pas nécessaire d’avoir compris ce qu’on a appris.
5°) En cas de rencontre sur l’agora avec un contradicteur, lui balancer un passage le plus lourd possible entre les deux oreilles.
-Note du fabricant : c’est plus efficace quand le passage est approprié, mais ce n’est pas indispensable.
6°) Y ajouter une phrase de son cru traduisant le mépris justifié qu’on ressent pour l’insecte contradicteur.
-Conseil du fabricant : l’usage du préfixe « MOI-JE » est conseillé. Comme il n’est pas toujours facile à placer, faire en sorte qu’on l’entende, même caché. C’est la technique dite du « MOI-JE Ostensoir ».
7°) Changer de baskets (à cause des chevilles).
8°) Refermer la porte, en vérifiant qu’on a laissé le lieu comme on aime le trouver.