jeudi 29 septembre 2005

Charter.

L’homme venu d’occident a reçu le nom de touriste ; l’homme qui tourne, l’homme qui peut-être tourne en rond. Pourquoi est-il venu, l’homme d’occident ? On lui avait dit qu’il était un pays ocre et vert, là-bas au bout de la mer primordiale, on lui avait dit que les habitants y ont construit des bâtisses gigantesques, tellement gigantesques qu’il avait fallu inventer le mot pharaonique.
Alors, l’homme d’Occident a pris son bâton de pèlerin et sa carte d’embarquement et il est venu « faire » l’Egypte.
Il ne savait pas que c’est l’Egypte qui le déferait, il ne savait pas qu’il serait saisi par les rêves des bâtisseurs de ce pays.
Lui, le croisé, croisera les rayons d’Amon Râ, le regard de l’œil d’Horus, la flèche de Ramsès, et il cessera ses ronds dans l’eau, fût-ce le lac Nasser.
Lui, le mécréant, devra compter avec les dieux qu’il croyait morts, il oubliera le culte de l’instant présent et il apprendra l’immortalité.
Cinq mille ans, ce n’est pas si mal.
Ainsi perdurent les sourires d’Isis, d’Hathor, de Néfertiti, de Néfertari, indéfiniment, derrière le sourire de Nagla.

vendredi 9 septembre 2005

II - 5.2 Le besoin de transmettre.

II-5.2. Il va pourtant bien falloir que je vous en parle, de ma réticence, de ce retour du biologique qu’on n’attendait plus : la complémentarité du masculin et du féminin, cette complémentarité conflictuelle qui jamais ne finira, où personne ne devra jamais l’emporter, ou nul ne devrait dominer, mais où sans cesse le combat fait rage qui traverse l’humanité et qui traverse chacun de nous.

Ce combat doit se transmettre pour que l’on puisse, génération après génération, retrouver la litanie nécessaire, pulsion – désir – besoin. Ce combat est un combat fondateur et fondamental. Et je n’ai pas de réponse à cette question, comment un couple zomo peut-il assurer cette fondation là ; je crains même qu’il n’y en ait pas, de réponse, le combat y est devenu tellement intérieur qu’il en est invisible ? Moi le zétéro buveur de bière, je ne peux être tout à fait formel et répondre à cette question avec une assurance bien de chez nous, mais rien n’y fait, je resterai réticent face au brouillard annoncé, réticent à l’adoption d’enfants par un couple homosexuel, quels que soient les torrents d’amour et de dévouement dont vous êtes capables.

Platon sans Héraclite. Une enfance dorée, mais aucun piédestal de conquête.

D’avoir lu les horreurs d’Alexia me conforterait dans cette reculade, dans cette réticence, dans cette résistance.

Voilà, c’est fini. Tout ça pour ça.
Terminé d’écrire le 9 août 2005.

jeudi 8 septembre 2005

II - 5.1 Le besoin de transmettre.

Ainsi la Société aura juste quelques barrières à placer autour de la pulsion sexuelle, et elle devra regarder d’un peu plus près lorsqu’elle voudra confier des enfants à qui en voudraient. La voici beaucoup plus présente maintenant. Car il ne s’agit plus seulement de biologie, de fornication, de procréation, et toutes ces animaleries que nous nous refusons parfois à voir en nous, alors que nous ne valons pas plus cher que tout le bestiaire qui nous entoure.

Ni moins d’ailleurs.

Nous sommes désormais dans l’acquis et dans le comment il nous vient. Que le besoin de transmettre soit spécifique de l’humain ou non importe peu, il s’agit ici de nous, et c’est de nous que je parle. Les chats, les coqs et tous les autres de la basse-cour et d’ailleurs n’ont qu’à parler entre eux s’ils veulent qu’on parle d’eux, je ne les en empêche pas.

Nous voici enfin sorti du biologique, nous voici de plein pied dans la Société dont nous dépendons, sans laquelle nous ne sommes plus rien, sans laquelle nous n’aurions jamais été quoi que ce soit, même pas une espèce animale identifiée. Nous sommes tous partie prenante du besoin de transmettre, ancré au fond de nous, de nos viscères, de nos angoisses, hommes et femmes, associés dans ce combat contre la mort, et la Société toute entière aussi est plongée dans ce tourbillon nécessaire : la Société des humains qui espère ainsi se perpétuer et pourquoi pas se transformer en civilisation, les hommes dans la Société qui espèrent ainsi gagner leur éternité, les femmes qui, se sachant éternelles, espèrent ainsi garder l’homme.

Non. Non et non. Ce que je vous écris n’est pas exactement ce que je voudrais vous écrire mais je ne peux l’exprimer autrement. L’homme, animal mammifère, n’a pu survivre qu’en s’organisant en sociétés ; par la transmission de ses règles, ces sociétés se sont perpétuées, perpétuant ainsi l’espèce. L’individu s’incline devant le collectif et doit accepter que la société se mêle de ce besoin là, la transmission pour perpétuer. Le combat de l’individu vient plus tard : il sera de transgresser les règles une fois apprises si elles lui semblent injustes et dans ce combat l’union des zomos et des zétéros ne sera pas de trop.

A suivre

mardi 6 septembre 2005

II - 4.2 Le désir d'enfant.

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II-4.2
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Du coup, le désir du mari, mâle concerné plutôt que mari d’ailleurs, a dans cet accomplissement une importance moins décisive que ce qu’il s’efforce de se faire croire à lui-même ; il doit accepter de n'être que le désir qui portera celui de madame pendant neuf mois. Moins décisif mais essentiel pourtant, ce désir d'homme, parce que madame pourra interrompre l'aventure si elle le veut, et souvent parce que le soutien de l'homme défaille, sans qu’il ait son mot à dire.
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On le devine maintenant, devant leur désir deux zomos seront mal s'ils sont mâles. Lesbiennes, elles seront moins en peine, au prix de quelques minutes à passer avec un de ces roteurs de bière tout surpris de sa bonne fortune. Je ne vous parlerai pas d'insémination : il faudrait déjà que la Société se soit transformée au point de la pratiquer sans réticence ni chantage et nous n’en sommes pas là chez nous ; surtout nous entrons dans une logique où il va falloir faire appel à des tiers, à qui nous donnons ainsi le pouvoir de décider à la place des femmes. Que devient notre liberté, s’il faut en passer par les mains des bricoleurs.
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En revanche, rien n’interdit à une lesbienne la relation zétéro procréative sinon la répulsion insurmontable toujours possible. L’issue du combat entre répulsion sexuelle et désir d’enfant dépend de chacune d’entre vous, filles de Lesbos.
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Je ne propose rien pour les zomomâles. A vrai dire, je crains que la satisfaction du désir d’enfant ne soit pas une bonne idée pour eux et ne constitue pas une réponse, ni au bonheur du couple homosexuel, ni au bonheur de l’enfant, ni au bonheur de la Société qui accorderait l’adoption, puisque dans leur cas il faut en passer par là. Je connais ce qu’on peut m’opposer, que l’amour est essentiel et peu importe qui le donne, cet amour, et qu’il y a bien des familles zétéros apocalyptiques dont les enfants on été gravement endommagés, d’être hétéro ne fait pas automatiquement un bon parent.
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Je suis pourtant témoin du très bon travail éducatif que des couples zomos de mes amis font avec les enfants dont ils ont la garde, il se trouve que ce genre de situation existe près de moi. Alors, pourquoi ces craintes et ces réticences ? J’ai un projet de réponse à vous soumettre, et il concerne autant les zétéros que les zomos. Ecoutez moi bien.
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Le désir d’enfant n’est pas un désir qui doit être satisfait du seul fait qu’il existe. Un couple stérile qui cherche frénétiquement à adopter pour calmer ce manque sera rarement un couple de bon parents, zétéro ou pas. Ce n’est pas la question de la zomotude qui me gêne finalement, vous le comprenez bien, c’est la question de la satisfaction coûte que coûte du désir d’enfant. Pauvre de lui, l’enfant qui est arrivé entre ses deux parents uniquement pour satisfaire leur désir, uniquement pour cela. Peu importe en définitive qu’il s’agisse de zétéros ou de zomos, la vraie question n’est pas dans la préférence sexuelle, et l’on se dispute pour rien.
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Si vous voulez aller au-delà de la naissance et de la reco-naissance, il vous faut passer à la scène suivante, celle du besoin de transmettre.
A suivre