vendredi 8 juillet 2005

Intermède.

Une pause. Il y a encore beaucoup à triturer. J'ai même écrit des pages et des pages ; vous n'allez pas le croire, c'est encore plus fouillis que celles que j'ai déjà écrites.
Alors pour le moment je vais tenter de faire le ménage et de rester un peu coi. J'en vois au fond qui font ouf. Ils ne perdent rien pour attendre parce qu'à mon retour ce sera pire.
Je leur parlerai de la société et ce qu'elle a à voir dans ce que certains croient qu'elle n'a rien à voir, la société s'invite dans nos lits et c'est légitime, je leur parlerai du couple, je leur parlerai des femmes, des hommes et des femmes et des enfants avec tout le barda qui va avec, parternité, maternité, éducation, adoption, enfin tout ce qui fâche dès qu'arrivent sur ces sujets la zomotude et la zététude.
Pour mettre un peu d'ambiance, je vous dirai sans autre façon que j'ai longtemps été hostile au mariage entre zomos, et j'ai changé depuis peu sans que le maire de Bègles y soit pour quoi que ce soit au contraire il a failli me faire retourner en arrière, et je vous dirai aussi que ce chemin là je ne l'ai pas encore parcouru pour l'adoption d'enfants.
Je suis très réticent à l'adoption d'enfants par des couples zomos. Je suis très réticent à l'adoption expéditive d'enfant par des couples zétéros, aussi. La société, qui se doit d'intervenir dans ces procédures là, ne doit jamais se préoccuper du désir d'enfant du couple en recherche, mais uniquement du sort des enfants qu'elle va leur confier. C'est long, c'est contraignant, c'est nécessaire, et la zomotude constitue pour la société une des questions qu'elle se doit de se poser, parmi beaucoup d'autres, pas plus que d'autres mais pas moins.
Je dois écrire là-dessus, et peut-être découvrirai-je que c'est pour de mauvaises raison que ma réticence s'obstine. Permettez-moi, avant de partir prendre quelques jours de vacances dans une usine désaffectée (c'est le seul endroit où je ne crains pas de croiser des touristes), de vous manifester cette réticence forte.
Il faut bien que l'excès de bière finisse par faire effet, et que je rote.

jeudi 7 juillet 2005

Alexia et Tarquine #4 – Ressemblance, différence, indifférence.


La tentation est multiple : invoquer la normalité, et donc convoquer l’anormalité ; évoquer le droit à la différence, et provoquer la différence ; s’enfermer dans un groupe solidaire et donc dans un ghetto ; se vautrer dans la tolérance notre bonne vieille tolérance mère de toutes les bonnes consciences, comme s’il était tolérable de tolérer.

Les zomos et les zétéros sont zumains, les zuns comme les zautres. Tautologie quand tu nous tiens, et pourtant il faut le dire et se le répéter tous les matins en se rasant ou en ne se rasant pas. Il en est qui l’oublient, ceux qui par exemple à la nuit tombante font des safaris pédé, comme ils disent, et qui ne sont pas forcément des zétéros capables d’assumer leur part de zomotude. Tout comme ceux qui se réfugient en communautés discrètes ou ostensibles, croyant utile de rompre le lien avec la civilisation qui les entoure, qui les encerclent disent-ils. Les premiers sont des bêtes fauves et les seconds des singes savants.

Entre nous, il n’y a pas d’équilibre possible entre ces deux catégories, simplement dire que le singe savant attire la bête fauve, la dédouane en quelque sorte. Ne voyez surtout pas ici le moindre parallèle entre les premiers et les seconds, et tant qu’à faire l’animal, seul le singe savant me paraît digne et ma métaphore s’arrêtera là.

Des chiffres ? Je ne les connais pas. L’hététude et la zomotude traversent le genre humain et traverse même chaque individu du genre en question. On peut avancer une proportion de 80-20, mais si on me démontrait que c’est 90-10 ou 70-30 je ne changerais rien à mes discours. Tout au plus puis-je m’avancer à risquer que la zomotude est plutôt minoritaire, et que si elle traverse tout un chacun, elle peut être totalement invisible à l’intérieur de certains. Ils n’en sont pas moins hommes, ceux là qui sont totalement et définitivement zétéros. Unidimensionnel je suis et je ne me soigne pas.

Zomotude et zététude sont donc parties intégrante de notre humanité, naturelles, absolument naturelles toutes deux dans leur dialectique interne et secrète. Il n’y a pas plus à tolérer l’une ou l’autre qu’à les intolérer ; est-ce qu’on se pose la question pour le nez busqué, l’œil glauque, ou le grain de beauté sur le sein de celle qui trébuche dans l’escalier de Cannes ? La ligne 80-20 traverse tout, l’humanité et l’homme, et pour autant ce n’est pas un couperet façon guillotine, c’est une sorte de zone molle oscillante. Ceux qui ont du mal à savoir qui ils sont en connaissent un rayon là-dessus.

Pourquoi se fait-il que la ligne passe ici ou là, que je sois unidimensionnel au point que la zomotude me soit si exotique, sont-ce les hormones, la génétique, l’inné en quelque sorte, ou bien sont-ce les baffes reçues ou pas reçues, le père ceci et la mère cela, l’acquis en quelque sorte, pourquoi donc ? Figurez-vous que je n’en ai aucune idée mes frères et mes sœurs. Je n’en ai pas la moindre idée.

Nous sommes tous ressemblants et nous sommes tous différents : nous avons tous droit à l’indifférence.

(A suivre)

Alexia et Tarquine #3 – La mauvaise colère.

Face aux reproches de Tarquine, Alexia plaide la colère pour expliquer ses propos venimeux. Elle en a assez, dit-elle, de la beaufitude des zétéros qui se vautrent dans leurs certitudes biologiques pour mépriser, railler, et lapider les zomos. Elle ne supporte plus la situation et si ses propos ont dépassé sa pensée, c’est un juste retour de bâton que les zétébeaufs n’ont qu’à assumer.

Moi par exemple, je suis sommé par ce discours de colère, de me couvrir la tête de cendres au seul motif que je suis un zétéro. Rien, dans le texte d’Alexia en effet, ne me donne la moindre chance d’échapper au carnage. Je fais partie de la gent honnie, je dois être exécuté.
Mais non dit Alexia, la preuve j’ai plein de copains zétéros, même qu’on s’éclate ensemble.

Premièrement je ne fais pas partie des copains d’Alexia ; deuxièmement je n’aime pas m’éclater, mes plaisirs sont plus calmes, plus lents, plus secrets ; troisièmement, la première moitié du texte étant consacrée aux copains hétéros, la colère qui suit n’a plus rien de spontanée et devient un massacre parfaitement contrôlé.

La colère n’est donc qu’un prétexte, un écran de fumée, dont la seule fonction est de dissimuler la volonté de créer des communautés, ceux qui en seraient contre ceux qui n’en seraient pas, bons zomos contre vilains zétéros buveurs de bière et pondeurs de chiards. Alors ne parlons plus de colère mais parlons plutôt du fond.
A suivre.

mardi 5 juillet 2005

Alexia et Tarquine #2 – Les précautions oratoires.


Vous avez remarqué qu’Alexia prend soin de bien nous expliquer qu’elle n’est pas hétérophobe, en un long préambule de dédouanement. Les psychologue de bazar se pencheront doctement sur cette précaution initiale ce que je ne ferai pas, je ne suis même pas un psychologue de bazar.
Je prendrai simplement exemple sur Alexia pour, moi aussi, prendre quelques précautions oratoires. Les procès d’intention et les susceptibilités ici sont tels qu’il vaut mieux donner quelques définitions pour calmer quelques esprits.

D’abord, j’utilise à dessein le féminin pour évoquer Alexia. Ce pseudo est visiblement féminin, et je le prends donc au mot, sans aucune autre intention que celle de demander à celle qui a choisi le pseudo d’assumer son choix, car là il s’agit bel et bien d’un choix. Je m’interroge pourtant, quelques indices pouvant faire penser qu’il s’agit d’un garçon. Si tel est le cas, qu’il sache que le choix du féminin ne constitue en rien une intention malveillante, et s’il le pensait ce serait à lui de s’en expliquer auprès des femmes.

Je me facilite ainsi la suite du travail et je m’évite de jongler entre les genre, ou de devoir trouver sans cesse des neutres salvateurs. Je dégage les scories comme on le ferait en matière de plaidoirie, comme le fait un mathématicien qui définit avant toute avancée la convention de signe et le système de référence.

Ensuite, je vais vous donner quelques indications de vocabulaire. J’utilise sans la moindre réticence ni le moindre sous-entendu les mots « homosexuel », « homosexuelle » et « lesbienne ». J’ai même un faible pour le mot « lesbienne » certains le savent, honni soit qui mal y pense. Je ne sais pas ce qui se fait ou doit se faire en matière de vocabulaire correct, de mots obligés et de mots tabous, moi ce sont ceux-ci que j’utilise sans aucune arrière-pensée. Je précise que je n’aime pas le mot « gay », mais ce n’est là qu’un simple relent de l’antiaméricanisme primaire qui fait mon charme.

Je m’offre enfin le luxe de déformer parfois les orthographes et de pratiquer l’invention lexicale, avec les mots de « zomos », « zomotude », zomobeauf », zomocons », et les pendants « zétéros », zététude », zétébeauf », zétécons ». Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier. C’est mon fun à moi. Il m’évite notamment d’employer le mot « gay », justement.

On ne règle jamais les questions d’identité et de différence par le mépris ni par la colère, par l’insulte ni par la généralisation. C’est pourquoi je dois répondre à Alexia.
A suivre.

lundi 4 juillet 2005

Alexia et Tarquine #1 – Intro.


Ma visite quotidienne chez Tarquine, Madame Briguéblogue, devenue une amie sans qu’elle le sache et maintenant elle le sait, enfin peut-être, m’a fait lire un long billet très énervant d’une certaine Alexia. Je ne sais pas comment fonctionne ce procédé magique qui permet de bondir d’un blogue à l’autre lorsque la citation de l’autre se souligne toute seule au passage du curseur, et chaque fois je m’émerveille de sauter de planète en planète.


J’ai donc bondi de planète Tarquine en planète Alexia pour lire de billet d’icelle. L’idée du départ était de trouver de bonnes raisons de reprocher à Tarquine sa réaction désapprobatrice ; mal m’en a pris, et c’est la modération de Tarquine à l’encontre du billet que j’aurais pu lui reprocher. Ce billet est totalement inacceptable, dans sa forme comme dans son fond, de toutes façons les deux ne sont jamais indépendantes. Enfin moi je ne l’accepte pas, étant hétérobeauf et donc, de ce fait directement visé par la colère d’Alexia. Je suis contraint de me défendre et de plaider ma cause.


Ceux qui ont déjà tenté de me suivre dans les entrelacs de mes considérations le savent : je ne sais pas être bref, concis, clair, net. Je suis parfaitement d’accord avec Boileau, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Justement, je ne conçois jamais rien bien, et je tâtonne en discourant. L’écume de la pensée qui patauge, en quelque sorte. Je maugrée, j’oscille, je digresse ; agrémenter au lieu d’argumenter ; pontifier au lieu de pondérer, à moins que ce ne soit le contraire ; je métaphorise, je parabolise, je calembourdise. La vérité est que je ne sais pas où je vais, que chaque vérité que j’avance est par moi-même mise en doute à l’instant, et que mon seul but est de vous fournir des outils pour, à votre tour, réfléchir ou patauger comme moi.


Plus on est de fous, plus on rit, plus la vase au fond de la pataugeoire se mêle à l’eau salée, et moins on y voit. Panser plutôt que penser, finalement.
Voilà pourquoi je vais vous parler, et me parler, d’Alexia.


A suivre

vendredi 1 juillet 2005

A plate couture

Bon, v'là aut'choz.
J'ai encore dû faire une faute de goût ou une petite frappe, parce que je ne réussis plus à accéder à mes autres blogues. Décidément, ces drôles de machines m'amusent de moins en moins à supposer qu'un jour elles l'aient fait, il paraît pourtant qu'il y a des gens qui jouent avec leur ordinateur, mais si mais si. J'ai plutôt la nette impression que c'est lui qui joue avec moi, et que la souris n'est pas ce qu'on pense ni le chat d'ailleurs.
Il m'est devenu subitement impossible de vous dire la suite de mes périgrinations américaines ni la suite des petit papiers du moine. Je devine votre souffrance et votre frustration. Je me plais à la deviner, même, je m'y complais avec délectation et énervement. Le blogue est inaccessible, inouvrable, inavouable, imperméable, hermétique. Fatal error, hurle mon URL.
Et d'abord on ne dit pas péri mais péré-grination.
Je ne vais quand même pas refaire encore un blogue, j'en suis au cinquième qui foire. Je ne veux pas devenir l'écriveur de un blogue par jour, ou plusieurs, le champion du monde des créations de blogues qu'ensuite on ne sait plus qui est qui et où je suis.
Il existe toute une littérature très pédagogique d'essplikassions des mystères informatiques intitulée "pour les nuls". Elle est bien trop compliquée pour moi, il faudrait une collection "pour les plus que nuls", mon cas est désespéré. Mais tel le soldat shooté au bromure alcoolisé de notre bonne vieille guerre, nostalgie du bon vieux temps, je repars à l'assaut. Voici comment.
Je vais concentrer tous mes efforts sur la remise en route de mon blogue monacal, qui hier soir encore me faisait les yeux doux. Je veux dire, le dernier en date, celui dont l'adresse est:
Si j'y parviens, j'ouvrirai sur ce site là un second blogue qui reprendra les archives américaines déjà postées, j'ai gardé les preuves dans un coffre secret au fond d'une armoire cachée dans un lieu inconnu au détour d'un chemin de traverse, avec les liens pour se raccorder au moine et réciproquement. Et mes blogues existants ailleurs, dont celui-ci, resteront lettre morte en conservant leurs liens pour vous permettre de trouver, puis garder au chaud, la bonne piste.
Mais l'intention est pavée d'enfers, et si je la sais ferme et résolue, je ne garantis pas le résultat.
Quelque grain de sable, quelque électron facétieux, quelque touche intouchable, pourraient bien me verrouiller la route. Pour le moment, je mise toute ma fortune sur le bon vouloir du moine, qu'il m'accueille dans sa retraite afin de me permettre de me présenter à vous, enfin. Retenez bien l'itinéraire, l'URLement fatal, le chemin de traverse magique:
Et à tout de suite pour de nouvelles aventures.