vendredi 26 octobre 2007

Un scandale présidentiel #2/3.


2. Données complémentaires : un texte de « Chez Fab »


J'ai trouvé
ici un texte qui donne quelques éclairages supplémentaires, histoire de poser des cailloux pour traverser le gué, histoire de jeter quelques pierres dans le jardin de tartempion, histoire d'entasser des enrochement pour que la tête laide ne réussisse plus à sortir de son marasme originel.



Nicolas Sarkozy, en tsar de l'histoire, demande à tous les professeurs de lire la lettre de Guy Môquet. C'est affligeant (le pouvoir n'étant pas dans son rôle, en réécrivant l'histoire) mais on peut aussi de poser quelques questions.

Rappel historique : Guy Môquet est né le 29 avril 1924 et est mort le 22 octobre 1941. Il est le plus jeune des fusillés du camp de Châteaubriant. Ils furent fusillés en représailles, après la mort de Karl Hotz (lieutenant-colonel des forces d'occupation).

Mais qui a désigné ce jeune militant syndicaliste et communiste aux forces d'occupation ?

Il s'agit de Pierre Pucheu et de ses sbires. Qui était Pierre Pucheu ?

Il était le ministre de l'intérieur du gouvernement de Pétain. Il était surtout le grand patron des forges françaises, le chef des Maîtres de Forges d’antan.

Rappelons au passage que dans les années 30, il finançait les ligues fascistes, les croix de feu et parfois aussi la cagoule. Et il s'écria en 1936, au moment de la signature des accords de Matignon :

"Si les salariés veulent gagner plus, ils n'ont qu'à travailler 50 heures par semaine."

Travailler plus pour gagner plus ?

C'est donc bien des français, qui dans un jeu subtil et cynique, on fait désigner des militants syndicaux et communistes pour s'en débarrasser sous les balles de l'occupant nazi. C'est bien une fange revancharde du patronat, qui ne supportait pas l'après 36, qui a fait tuer ces jeunes gens, ces travailleurs.

Mais au delà de l'histoire, sommes-nous dignes des mots et des combats de ces hommes ? Eux qui rêvaient d'un monde plus juste, moins inégalitaire, fraternel et sans frontières ? Les partisans.

Aujourd'hui nous avons toujours des gens qui meurent de faim, de plus en plus de pauvres, des frontières toujours plus dessinées[1], des combats xénophobes, de la haine... Non, nous ne sommes pas dignes du combat de ces martyres. Et nous les salissons une nouvelle fois en utilisant la lettre de Guy Môquet à des fins nationalistes, là ou l'homme n'avait qu'une vision humaniste et internationaliste des choses.

Souvenez vous d'eux non parce qu'ils sont "morts pour la France" mais parce qu'ils sont "morts pour leur idéaux".

Fin du texte emprunté chez Fab. J'y ai ajouté une petite amorce de polémique sans rapport, histoire de rire jaune. La petite note de bas de page qui casse l'ambiance.

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[1] Attention, toi la gauche de la gauche, réfléchis un peu à ce que tu dis ! Souviens toi de ce que tu as fait à l’Europe, avant de parler de frontières, souviens-toi !

#3/3 à suivre

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jeudi 25 octobre 2007

Un scandale présidentiel #1/3.

1. Un commentaire venu de chez Anne CHIBOUM, sur un billet d’aile.

Bon d’accord, j’ai un peu changé certaines articulations, et non des moindres. Mais c’est la rançon du différé sur le direct.

L'émotion, vous dis-je, comme en son temps était le poumon.

Je me demande si je n'ai pas un mauvais esprit anti français. Je me demande pourquoi le petit homme a choisi cette lettre laïque et obligatoire, à lire. La lettre de n'importe qui sur le point de mourir serait tout aussi bien trouvée, comme tu l'as exactement dit, Anne.

On aurait pu lire d'autres lettres écrites par ses petits camarades, si par hasard on les retrouvait. Oui mais elles sont un peu trop militantes, non ? Neutralité qu’ils disent, neutraliser qu’ils font.

On aurait pu lire d’autres lettres de Guy Môquet, il a bien dû en écrire pendant le court temps de son combat, ce que pudiquement notre petit ami haut perché oublie. Mais ce seraient des lettres militantes, sans doute, où ce jeune homme décrit ses véritables ennemis, le grand capital d'alors, la haute finance de toujours, leurs complicités avec les envahisseurs, les dégâts qu'ils provoquent et qu'il faut réparer ; il n'y oubliera pas les bons français du jour qui aimaient Hitler, il n'oublie pas les patrons des patrons, dont l'un d'eux, comme par hasard, fut celui qui mit son nom sur la liste des 27. Sarkozy connaît-il le nom de ce bon français de patron qui mit le nom de Guy Môquet sur la liste ? En a-t-il cure ?

Les lettres militantes sont bonnes au cabinet, dit le petit homme.

Il a oublié ces autres lettres de Guy Môquet, l'ami président. Jamais connues, peut-être. Elles comptent pour du beurre, ces lettres ? Ne seraient elles pas le seul et véritable testament à la nation, bien plus que le testament aux siens à qui il évite les discours de lutte pour s'en tenir à l'amour qu'il leur porte, juste un fils un frère un ami qui aime, émouvant mais je le dis, banal, heureusement banal, émouvant parce que banal, émouvant parce que chacun de nous peut s'y reconnaître dans cette banalité là, nous aurions écrit pareil sans aucune forfanterie. Tous les français auraient écrit pareil sans avoir de leçon à recevoir, pour peu qu'ils aient eu envie de combattre l'ignominie. Elle n'est jamais où l'on croit qu'elle est, et aujourd'hui elle est dans les sommets démocratiques. Nul besoin d'Hitler.

Je prie chacun de me pardonner, je ne trouve rien de patriote ni de national ni de républicain dans cette lettre à lire, et seules des motivations patriotes, nationales et républicaines pourraient justifier d'une lecture obligatoire et laïque.

Qu'elle contienne de belles paroles, des paroles aimantes, particulièrement matures pour un gamin de dix-sept ans, c'est évident et c'est bouleversant, mais ne le devient-on pas toujours, évident et bouleversant, dès lors que la mort s'approche et qu'on la regarde en face en écrivant ? Ce sont avant toute chose des paroles intimes, assez pour me mettre mal à l'aise dans ma position de voyeur.

Soixante millions de voyeurs par la volonté présidentielle. Ce n'est pas le moindre pilier du scandale.

Péroraison : cette lettre n'a rien à faire sous nos yeux. Il en est de plus éducatives et civiques, il en est de moins intimes et secrètes. L'exhibition des tripes et la dissimulation des vraies raisons du combat de Guy Môquet sont les seules mamelles de cette gesticulation médiatique honteuse.

#2/3 à suivre.

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mercredi 17 octobre 2007

L'Amérique est en panne

Ceci est une simple annonce de rien, destinée aux lecteurs qui s'intéressent au blogue America, et qui peut-être le trouvent bien inerte depuis un mois exactement.

Il me fallait écrire et relire, corriger et confirmer. Je l'ai fait. Cinq ou six billets bien propres sur eux, prêts à l'envoi, et sagement sauvegardés dans des clés et dans des boîtes.

Ainsi va la vie informatique que le dernier fichier enregistré s'est trouvé endommagé, ce qui ne l'a pas empêché d'écraser les sauvegardes précédentes. Mes tentatives pour le récupérer n'ont abouti qu'à écraser les sauvegardes antérieures lisibles avec des sauvegardes antérieures endommagées. Résultat: deux semaines d'écriture envolée. Et contrairement à ma prudence habituelle, je n'avais rien imprimé.

C'est donc ma mémoire qui va devoir se pencher sur la feuille blanche et tout recommencer à zéro car ce sait ce qu'elle vaut, ma mémoire. Pour une fois que j'avais été génial.

Ceux qui ont envie de se consoler pourront aller chez Théolone qui n'en a pas fini avec ses insanités hors de saison, quitter les grands espaces continentaux pour une île de discorde, les hangars géant pour des chapelles microscopiques.

Je suis découragé par l'hostilité du monde cruel et par cette vallée de larmes que personne ne m'aime, même pas mon ordinateur préféré ; cette dernière phrase est juste destinée à provoquer le seul commentaire que je suis en mesure d'accepter sans censure sauvage, je ne le fais pas dire:

Mais si, on t'aime.

Merci, je ne vous le fais pas dire. A bientôt.

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mercredi 10 octobre 2007

Lettre ouverte à l’Ours de Pohénégamouk.


L’Ours a publié chez lui un billet qui m’a plu. Comme la plupart me plaisent, je dirai qu’il plu plus. Il y évoquait la bulle de savon qui se gonfle sous le nom de biocarburants, entre autres évocations. J’en ai lâchement profité pour lui signifier mon approbation bruyante et ma surenchère opportuniste, dans un commentaire que je mets ici chez moi. Vous connaissez l’Ours, son billet se nomme « des signes d’espoir » et date du 3 octobre dernier. Le lien est ici :

http://pohenegamouk.free.fr/index.php?2007/10/03/456-des-signes-d-espoir

Moukmouk, bonjour.

Il est 11h GMT. C'est un peu tôt pour toi, tu dors encore je suppose, décalage horaire aidant, sans d'ailleurs décider qui de nous deux est décalé.

Tu dois être buvant ton café très matinalement en fait, en contemplant le lac tout lisse, enfin c'est l'image que je me suis fabriquée. Mais je ne suis pas venu pour ces sornettes de couleur locale.

Je me suis toujours heurté aux accusations soit d'incompétence absolue soit de complicité avec les pollueurs chaque fois que, depuis que l'on parle de carburants soi-disant alternatifs, j'affirmais l'absurdité d'une telle solution. Bien entendu, surtout il y a 15 ans quand le sujet commençait à apparaître en dehors de cercles fermés des imaginaires et des inventeurs, je ne disposais pas d'arguments quantifiables.

Dès le début, il me paraissait inévitable qu'une production massive rendue nécessaire pour se substituer au pétrole sans rien changer (c'était le rêve d'alors) allait avoir des très graves répercussions sur l'écologie, mais surtout qu'elle aurait un rendement en C02 pire que l'usage du pétrole et dans la meilleure hypothèse identique alors à quoi bon, et allait détruire tout le fragile tissu de productions vivrières tel qu'il existe encore dans le monde, qu'elles soient extensives ou intensives.

Incompétent qu'ils disaient. Nul à chier qu'ils disaient. Prêt à tous les mensonges pour faire un tapis rouge aux pétroliers, qu'ils disaient. Ce fut une des motivations de création de mes blogues, où je peux écrire sans être interrompu, au point que pas assez d'ailleurs...

Nous y sommes. Personne n'en parle. Les écolos purs et durs parce qu'il refusent de s'avouer qu'ils commencent à douter, les pétroliers parce qu'ils savent que ce débat stupide empêche de réfléchir à comment moins de pétrole, les grands cultivateurs parce que tout ce qui entraîne une production massive leur plaît, et le reste du monde parce qu'ils parlent de réchauffement et mélangent tout. C'est ce reste pourtant qui devrait parler haut, car nous y sommes.

Le prix des denrées fondamentales (blé, riz, lait, par exemple) subit depuis de nombreux mois une hausse vertigineuse qui ne va pas s'arrêter, les terres dédiées aux oléagineuses pétrolifères et aux sucreries alcoolisantes se multipliant rognent sur l'espace vital de l'alimentation ; la pollution au nitrate croît et embellit pour améliorer encore les rendements ; le bilan carbone, en imaginant qu'il soit très légèrement positif (ce qui est faux si on observe toute la chaîne), est sans commune mesure avec le négatif du bilan azoté, en tenant compte du fait qu’ils leur faut leur part massive d'engrais ; et du fait que les biocarburants produisent en brûlant plus d'oxydes d'azote que le bon vieux naphte. "Bon vieux" est une image sympathique qui ne doit pas faire masque : il importe au plus vite d'apprendre à s'en passer en inventant les moyens de ne pas détruire le confort quitte à le diminuer un peu. Nous parlerons un jour aussi de ce dilemme.

Ils sont drôlement sympathiques, les oxydes d’azote, ils sont plus réchauffeurs que tous les carbones du monde, et en plus ils sont toxiques. Nous gagnons sur tous les tableaux avec eux. L’imbécile de service m’a soufflé que l’azote était un gaz neutre, un jour j’en parlerai, de l’imbécile de service.

Biocarburant, qu'ils disent. Rien que le mot est une escroquerie.

Voilà pourquoi tu m'as mis du baume au coeur en évoquant le biocarburant au détour d'un écrit, et voilà pourquoi j'ai osé te réveiller. Vu le temps que j'ai mis pour écrire, tu es déjà parti dans la forêt et tu ne me verras qu'en rentrant.

Bonne chasse, l'Ours.

Petit complément : l’Ours me fait remarquer que l’augmentation des prix des aliments de base provient plus des « intrants », je suppose qu’il pense aux engrais et toutes ces additions, du gazole du tracteur aux nourritures des bêtes, que du prix de la terre. Je souscris à cette remarques, en pensant qu’elle s’ajoute à la question des surfaces cultivées, et que les moteurs du cycle infernal sont multiples qui ne font que commencer à vrombir.

Ils croient nous endormir en nous racontant que la source ne sera jamais tarie du pétrole à rouler, mais nous ne laisserons pas s’étendre la croyance à un monde inchangé. Même si nous ne le voulons pas, un jour nous serons contraints de moins rouler individuel, de perdre un peu de cette liberté si douce pourtant et dont j’ai tant usé, et de changer quelques habitudes. Contraints tardifs ou devanciers volontaires, tel est le choix, mais devancer ne changera pas l’échéance, elle changera notre cerveau et nous serons plus libres que les contraints.

Ce n’est pas de la sagesse politique, c’est de la philosophie. Ce n’est pas de la sauvegarde de planète, c’est de la sauvegarde de soi. Ce n’est pas un geste citoyen, c’est une victoire de notre tête contre son ventre. Rien de plus, et rien de moins.

FIN

jeudi 4 octobre 2007

Petite annonce

Bonjour.

Il ne t'a pas échappé que ce blogue n'était pas seul, et que parfois j'allais sévir ailleurs, soit pour transmettre les cartes postales d'un Moine bizarre, soit pour recopier des cartes postales d'Amérique.

Trois blogues, en quelque sorte. Dans lesquels tu te perds, et moi donc. Il m'arrive même de mélanger ce que je dois écrire dans l'un avec ce que j'écris dans l'autre. Ton oeil exercé a observé certainement que parfois je disais ici le contraire de là-bas, et tu te moques. Ma crédibilité, ce mot est à la mode, en prend un bon coup dans les gencives.

Il faudrait relire attentivement tout, et dans le bon ordre, pour se rendre compte que ces contradictions n'en sont pas et que l'apparence est trompeuse qui la fait apparaître. Mais je ne sais pas moi-même où se trouve la cohérence derrière l'apparence désarticulée. Alors je prends une décision terrible.

Oui, tu trembles et tu as raison. Je vais bouleverser mes blogues "Théolone" et "America", pour leur donner au moins une allure temporelle plus maniable. Loins d'être formatables (ce mot taussi est à la mode) en blogues, ils ont une logique de début vers fin qui se heurte à la loi du billet qui recouvre les autres. De sorte que le premier billet est depuis longtemps oublié, même si toi ou ton voisin prenez soin parfois de remonter le courant impétueux.

Alors voici: je vais inverser l'ordre, et le dernier billet publié apparaîtra désormais à la fin, pendant que le tout premier billet mis en ligne sera invariablement celui qui apparaîtra à l'ouverture du cahier. La recherche n'en sera pas moins facile; dans la colonne latérale, le dernier billet est visible avec son lien pour un accès direct. Les titres des chapitres verront leur ordre inversés également afin que le chapitre en cours apparaisse en haut de la liste. Tu pourras aussi utiliser le calendrier.

Enfin, il faut espérer que le mécanisme décrit fonctionne bien ainsi, le mystère est total pour le moment.

Je tente ainsi de résister à ce côté éphémère du blogue, ce côté au jour le jour, qui passe et ne revient plus. Combat perdu d'avance, comme tous les combats contre la mort , mais combat nécessaire, hein, parce que le plus tard possible, n'est-il pas?

Je n'ai pas commencé la manœuvre, il faut d'abord que j'aille déposer un cierge à Sainte Elodie, pour ne pas perdre en route tout ce que vous avez lu si vous avez voulu.

Elodie? Oui, Elodie, parce qu'elle le vaut bien. Saint-Antoine de Padoue que j'ai testé (encore un mot à la mode) est nul pour les pertes informatiques.


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