Le roi Lear est un drôle d'oiseau
Dans la série : "Le Carnaval des Animaux" #10
Le roi Lear est un drôle d’oiseau
Raconter ou ne pas raconter une histoire à en devenir chèvre, voilà la question, that is the question en version originale sans sous-titres. Faut-il appeler un chat un chat et Shakespeare à la rescousse, lui qui sait si bien nous conter ses moutons à cinq pattes ? Il s’est donné un mal de chien toute sa vie durant, ce n’est pas le moment de dormir comme un loir. Écrire, écrire, plume d’oie s’il le faut, en tout cas prendre le taureau par ce qu’on voudra et avancer à découvert, nu comme un ver, sans crainte d’être tiré comme un lapin.
Puisque Shakespeare il y a, je choisis le plus vieux, le plus fou, tête de linotte et crête de coq, cou de taureau dressé sur ses ergots, belle chimère, éphémère licorne, mouton noir, Lear, le roi Lear, roi pris dans son miroir aux alouettes. Fier comme un paon en vérité, sensible à la plus vache des flagorneries et noyé de larmes de crocodile, sautillant comme une puce énervée devant la vérité aimante et vraie et pourtant contrariante, et artisan aveugle de son propre malheur, aussi déterminé qu’hirondelle construisant son nid, méthodique, obstiné.
Des pays entiers n’ont pas fait mieux : il est des combats de coqs où les deux périssent à vouloir détruire l’autre. Comme eux il a fini par avaler les couleuvres qu’il avait lui-même élevées sans comprendre. Alors à quoi bon braire comme un âne quand tout fut accompli, il ne lui restait plus qu’à faire l’autruche et attendre la fin, puisque tout le monde était mort.
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